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Rencontre « La baie d’Alger », douce nostalgie de Louis Gardel Carla HENOUD

L’Algérie à l’aube des années 60 et l’imminence d’un départ. Comme un adieu à l’adolescence et aux moments privilégiés. Louis Gardel en parle comme si c’était lui, parceque c’était lui. « C’est fini. Je l’ai pensé avec ces mots que j’ai articulés à haute voix, comme le constat d’une chose certaine, jusqu’alors impensable et soudain évidente. » Ces quelques mots simples et sincères introduisent avec justesse le roman de Louis Gardel, La baie d’Alger, paru aux éditions du Seuil en 2007 et qui a obtenu le prix Méditerranée cette année. C’était un soir de l’année 1955, l’auteur avait 15 ans et toutes les sensibilités du monde. Dans le cadre magique d’Alger, bercée par un sentiment d’éternité qui fait croire que les choses sont immuables, comme la mer, que les lieux sont immortels et le temps une valeur sûre. Mais la quiétude est troublée par le pressentiment d’une époque qui va passer en changeant le cours de l’histoire et le cours de sa vie. Le héros vit son adolescence dans une ville apparemment calme, mais qui est au bord du déchirement et de la rupture. C’est là, face à cette baie magnifique, qu’il apprend la vie, élevé par sa grand-mère Zoé. Un personnage de roman, femme radieuse, heureuse et anticonventionnelle, qui l’initie à l’art, la culture et le bonheur tout simplement. Autour de cette vie, il y a les copains de classe du Lycée français d’Alger, la troublante Michelle Léonardi, source des premiers émois, le très cultivé André Steiger, ami de Zoé et chef des colons à Alger, le professeur Marco, ami de Beauvoir, et même Albert Camus. Il y aussi la plage Surcouf, le soleil de « l’étranger » et la chaleur de la Méditerranée. Ce monde presque parfait se voit ébranlé par une succession d’évènements : Steiger est assassiné par les fellaghas, Marco se tue en voiture. Le jeune garçon, le cœur brisé de nostalgie, choisit de partir faire hypokhâgne à Paris. Zoé restera, témoin et gardienne d’une autre époque. Pied-noir et yeux bleus « Tout est vrai, chaque scène a existé, confirme Louis Gardel. Certains personnages sont des mélanges de plusieurs modèles. Les souvenirs me sont revenus très vite, je n’ai gardé que ceux qui pouvaient faire avancer le roman. Mais les écrire m’a pris du temps. J’écris beaucoup, je garde peu… Ça reste un roman parce qu’il est très construit. » Rédigé avec une pudeur touchante, dans un rythme doux qui donne envie de le suivre, « j’ai fait attention, dit-il, à éviter les débordements sentimentaux ». Gardel, écrivain et éditeur, qui n’avait rien publié depuis Grand seigneur en 1999, a signé ce roman avec la même sensibilité que L’Aurore des bien-aimés (1977- prix France Télévisions) et Fort Saganne (1980- Grand Prix du roman de l’Académie française). Avec les mêmes couleurs que les scénarii de Indochine de Régis Wargnier, Nocturne indien ou Fort Saganne d’Alain Corneau. « Le fait de prendre un personnage très jeune me permettait d’aborder des problèmes compliqués d’une façon un peu naïve. » L’auteur, moustache blanche et yeux bleus, cache bien derrière son allure de « vieil anglais » les traces du pied-noir qu’il est resté. « Je suis attaché à mon Maghreb natal. J’ai gardé de mes racines des sensibilités profondes marquées par des valeurs communes. On rit encore des mêmes choses ! » Louis Gardel interviendra auprès de Paul Lombard dans le cadre de « Paroles d’auteurs » à l’Agora, vendredi 31 octobre à 19 heures. La signature aura lieu à 20 heures au stand de la Librairie Orientale.
L’Algérie à l’aube des années 60 et l’imminence d’un départ. Comme un adieu à l’adolescence et aux moments privilégiés. Louis Gardel en parle comme si c’était lui, parceque c’était lui.
« C’est fini. Je l’ai pensé avec ces mots que j’ai articulés à haute voix, comme le constat d’une chose certaine, jusqu’alors impensable et soudain évidente. » Ces...