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Actualités - CHRONOLOGIE

Voyage en musique En Pologne, les dames des festivals prospectent pour le Liban

Maria CHAKHTOURA Les présidentes des festivals internationaux libanais ont été invitées en Pologne pour échanger et découvrir la culture du pays dans le cadre des festivités du bicentenaire de Chopin prévu pour 2010. Une semaine enrichissante sur plus d’un plan. La découverte de Varsovie, Gdansk et Cracovie, des concerts de très grande qualité dans chacune de ces villes et une quinzaine de rencontres et d’échanges avec des personnalités du monde musical, tel était le programme de la semaine polonaise de May Arida, Nora Joumblatt et Latifé Lakkis, présidentes des festivals internationaux de Baalbeck, Beiteddine et Jbeil. Myrna Boustany, qui a déjà programmé son édition 2010 en fonction du bicentenaire de Chopin, était bien représentée par notre consœur May Ménassa, d’an-Nahar, qui est également membre du comité du Festival al-Bustan. « Parler d’un pays ne suffit pas, dit M. Tomasc Niegodzich, ambassadeur de Pologne à Beyrouth. Le rôle d’un ambassadeur est de créer des liens entre les deux pays. Inviter les présidentes des festivals internationaux dans notre pays afin qu’elles découvrent la Pologne et sa culture était une initiative autrement plus intéressante pour nous comme pour elles. Et l’année Chopin est une bonne occasion. » Même son de cloche chez M. Pawel Potoroczyn, directeur de l’institut Adam Michikiewicz, un organisme du ministère des Affaires étrangères chargé de promouvoir l’héritage artistique et culturel polonais à l’étranger. Pawel Potoroczyn et son équipe ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir ces dames des festivals internationaux et leur organiser un périple et des contacts intéressants et intelligents. Pourquoi le Liban ? « Parce que ce pays est le noyau, le pivot de la culture au Moyen-Orient, répond-il. Nous ne cherchons pas seulement à exporter notre culture, mais surtout à nous faire des amis. Nous entamons notre présence au Liban avec l’année Chopin. » Pour ce responsable, il ne s’agira pas seulement de faire connaître la musique polonaise, mais également le théâtre, la danse, le design, l’architecture, la cuisine même. Tout cela fait partie du patrimoine culturel. « Tout le monde ne sait pas que Chopin est polonais. En Chine, par exemple, ils sont persuadés qu’il est français, dit encore Potoroczyn. Aussi, nous invitons des gens de partout, des USA, de la Chine, la Corée, la Russie, l’Ukraine. Nous avons besoin de nous faire des amis et non seulement d’exporter notre culture, insiste-t-il. Et si nos amis sont intéressés par l’un ou l’autre volet de cette culture, alors nous les soutenons et nous leur facilitons tous les contacts. Nous avons différents grands projets en même temps. Je sacrifie mon énergie pour aider les gens qui ont du talent et si je pouvais donner mon cœur, je le ferais pour eux. » C’est lors d’une conférence de presse que le ministre polonais de la Culture annoncera le programme définitif pour l’année Chopin de 2010. Le programme de l’année Chopin En charge de la préparation de cet événement, M. Waldemar Dabrowski, représentant plénipotentiaire du ministre de la Culture, un musicien ayant lui-même détenu ce portefeuille, évoque certains préparatifs en cours pour cette année exceptionnelle. Il avait déjà engagé ces préparatifs alors qu’il était encore en poste. Tous les endroits qui, de près ou de loin, ont concerné ce grand compositeur sont en train d’être rénovés. Le coût de ces opérations ainsi que tous les projets conçus autour de ce thème (hôtel, restaurant, etc.) s’élève à 150 millions de dollars, relève M. Dabrowski. Il y aura bien sûr des concerts qui seront donnés par de grands musiciens, mais pas seulement. D’autres grandes activités sont programmées, dont des expositions, l’une d’elles étant consacrée à Chopin et se tiendra dans l’un des musées nationaux. Côté rencontres et réunions de travail et d’échanges, ces dames ont pu discuter avec de grands musiciens, des chefs d’orchestre, des ténors, dont Pawel Skaluba, un des trois grands ténors polonais. Elles ont eu le bonheur d’écouter un concert d’orgue dans une église cistercienne de Gdansk, le chœur académique de l’université de cette ville qui participait à un concert dans le cadre du XIe Festival de musique sacrée et discuter, par la suite, avec son directeur, Marcin Tomczak, lui-même musicien. Mmes Arida, Joumblatt et Lakkis ont pu apprécier le professionnalisme des musiciens ainsi que la grande qualité du travail de l’orchestre de l’Académie Beethoven créée par Elizabeth Penderecka, l’épouse de Krzysztof Penderecki considéré, aujourd’hui, comme le Chopin des temps modernes. Un orchestre qui a interprété un programme classique ainsi qu’une composition, à couper le souffle, d’une jeune compositrice coréenne pour célébrer le 75e anniversaire de Penderecki, son maître. Des choix judicieux May Arida, elle, a eu le plaisir de discuter avec le directeur de la Sinfonia Varsovia qu’elle voudrait programmer pour l’année Chopin. Une Sinfonia Varsovia qui sera placée sous la direction du grand maestro Penderecki. Mme Arida s’était rendue en Pologne avec cet objectif en tête, plus particulièrement. Elle en revient avec l’intention de faire venir, à Baalbeck, non seulement la Sinfonia Varsovia, mais également le chœur académique de l’Université de Gdansk et l’orchestre de l’Académie Beethoven, qui compte d’ailleurs deux jeunes musiciens, deux frères qui ont fait partie de l’Orchestre symphonique national libanais deux ans durant. De son côté, élégante sur toute la ligne, Nora Joumblatt attend le choix et la sélection définitive de May Arida pour Baalbeck avant de se prononcer pour Beiteddine. Une tournée et des rencontres qui ont par ailleurs intéressé la présidente du Festival de Byblos, un festival caractérisé par une programmation destinée plutôt aux jeunes. Elle décide cependant d’inviter des orchestres de musique classique ainsi que des troupes de danse. Et, pourquoi pas, se dit Latifé Lakkis, « ce que nous avons vu et entendu est d’une qualité remarquable, un tel choix constituera un plus pour notre festival ». Côté tourisme, Varsovie et Gdansk, reconstruites à l’identique après les bombardements aveugles de la Seconde Guerre mondiale, ont laissé ces dames responsables interdites de respect et d’admiration pour ce peuple qui a tant enduré et dont le patriotisme a sauvé l’héritage culturel et artistique de son pays, alors que le Liban devient un désert de béton où on coupe les derniers arbres centenaires pour… élargir une route par exemple. Elles étaient également charmées et impressionnées par la présence des tout jeunes aux divers concerts, constatant combien la musique est la seconde nature des Polonais. La musique qui est à chaque coin de rue, dans les églises, dans les châteaux comme dans les salles plus modestes, accessibles à tous. Une belle leçon à retenir.
Maria CHAKHTOURA

Les présidentes des festivals internationaux libanais ont été invitées en Pologne pour échanger et découvrir la culture du pays dans le cadre des festivités du bicentenaire de Chopin prévu pour 2010. Une semaine enrichissante sur plus d’un plan.

La découverte de Varsovie, Gdansk et Cracovie, des concerts de très grande qualité dans chacune de ces...