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SOCIÉTÉ Les petites culottes sont aussi victimes de la contrefaçon

Comme la maroquinerie et le prêt-à-porter de luxe, dentelle, soutiens-gorge et petites culottes sont victimes de la contrefaçon, vrai fléau économique dans un secteur qui compte surtout des petites et moyennes entreprises. «La contrefaçon n’a jamais concerné que le luxe », souligne Corinne Champagner Katz, avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle. « Il y a une augmentation exponentielle des copies dans tous les secteurs », ajoute-t-elle. La dentelle et la lingerie, « secteurs très créatifs », n’échappent pas au phénomène. En 2007, le chiffre d’affaires de la lingerie en France a atteint 2,6 milliards d’euros, en hausse de 3,8 % par rapport à 2006, rappelle Séverine Marchesi Bendib, commissaire général du salon de lingerie Mode City qui vient de s’achever porte de Versailles à Paris (XVe). Pendant trois jours, Me Champagner Katz a installé une permanence à Mode City, prête à recueillir les plaintes de ses exposants et de ceux du salon voisin Interfilière (dentelle, broderies...). « Au moins, une vingtaine de contrefaçons ont été signalées », précise-t-elle. Certains dossiers donneront lieu à des poursuites après les salons, d’autres ont fait l’objet de transactions sur place. L’autrichien Hümmerle & Vogel, spécialisé dans la broderie, a ainsi conclu un accord avec une entreprise italienne qui avait copié l’un de ses dessins. La contrefaçon est « un gros problème. C’est notre dessin, il nous identifie aux yeux de nos clients et nous investissons beaucoup d’argent », commente Markus Hümmerle, patron de la société au chiffre d’affaires annuel de sept millions d’euros, qui travaille avec des marques comme Triumph, Warcoal, Freya... « L’important, c’est de faire quelque chose. Tout le monde doit savoir que vous n’êtes pas une entreprise facilement copiée », souligne-t-il. La contrefaçon « qui fait vraiment mal, c’est celle qui touche les petites et moyennes entreprises » que les contrefacteurs peuvent « mettre facilement par terre » en leur prenant leur marché, souligne Me Champagner Katz. « Ce n’est pas forcément un Chinois qui copie un Occidental, précise-t-elle. Il y a aussi les pays du Maghreb, les pays de l’Est... La planète entière copie. » « Les donneurs d’ordre qui provoquent les copies sont souvent occidentaux. Ils envoient les copies en Asie, parce que la main-d’œuvre est moins chère, et ça revient sur le marché occidental », explique Me Champagner Katz. « Dans la dentelle, il y a beaucoup de copie, c’est le bout de dentelle qui va faire vendre le soutien-gorge », dit-elle. Selon Mme Marchesi Bendib, « il y a plus de copies sur le produit fini que sur la matière », parce qu’il est « beaucoup plus facile de recopier carrément tout le modèle ». Réalisés dans un tissu moins cher, ces dessous sont ensuite vendus à des prix défiant toute concurrence sur les marchés ou dans des hypers. Pour se défendre, sur les salons, les photographes sont interdits, les fabricants « se mettent dans des blockhaus » et « ils filtrent les entrées » de leur stand, explique la commissaire générale de Mode City. Par ailleurs, « de plus en plus, ils ont leurs avocats » qui surveillent la concurrence. Les dommages-intérêts obtenus devant les tribunaux augmentent, se réjouit Me Champagner Katz. « On commence à ajouter des zéros aux dommages-intérêts », ajoute-t-elle, mais « tant que la contrefaçon ne coûtera pas plus cher aux contrefacteurs que ce qu’elle leur rapporte, on n’aura pas gagné la guerre ».
Comme la maroquinerie et le prêt-à-porter de luxe, dentelle, soutiens-gorge et petites culottes sont victimes de la contrefaçon, vrai fléau économique dans un secteur qui compte surtout des petites et moyennes entreprises.

«La contrefaçon n’a jamais concerné que le luxe », souligne Corinne Champagner Katz, avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle....