Les observateurs de l’OSCE insatisfaits du scrutin Victorieux aux législatives, les conservateurs macédoniens doivent convaincre l’UE

Les conservateurs macédoniens ont renforcé leur pouvoir en remportant les législatives de dimanche, mais devront convaincre Bruxelles d’ouvrir les négociations d’adhésion à l’UE après les graves violences qui ont entaché le scrutin. Cette victoire, d’autant plus éclatante que le Premier ministre sortant Nikola Gruevski pourrait obtenir la majorité absolue des 120 députés du Parlement, a en effet été entachée d’incidents sanglants qui ont fait un mort et neuf blessés et, surtout, qui ont « préoccupé » l’Union européenne. Le soir des élections, M. Gruevski a déclaré que la Macédoine allait « montrer qu’elle peut organiser des élections libres, démocratiques et honnêtes dans tous ses bureaux de vote et qu’elle mérite de poursuivre sa voie », vers l’intégration aux institutions euro-atlantiques. Il répondait ainsi à une demande de Bruxelles, formulée par le chef de la diplomatie européenne Javier Solana, de réorganiser le scrutin là où des incidents ont eu lieu. « Il faut organiser un nouveau scrutin dans les bureaux de vote où des irrégularités se sont produites, chacun des députés au Parlement doit être élu de manière honnête », a dit M. Gruevski. Les incidents ont eu lieu dans des zones peuplées majoritairement par des Albanais, qui représentent environ 25 % d’une population de deux millions d’habitants, entraînant l’interruption du vote dans une vingtaine de bureaux. M. Gruevski, qui sera probablement reconduit à son poste, aura la tâche difficile de convaincre Bruxelles, qui doit décider dans les prochains mois d’ouvrir ou non des négociations d’adhésion à l’UE avec Skopje et avait prévenu que la tenue d’élections équitables est « un critère essentiel pour l’appartenance à l’UE ». La décision de Bruxelles pourrait être influencée par le rapport des 464 observateurs internationaux qui ont surveillé le scrutin avec 5 811 observateurs locaux. Or, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a estimé hier que les normes internationales n’ont pas été respectées lors des élections. Le chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a mis en cause des « actions irresponsables, violentes et destructrices de militants des deux principaux partis albanais » de Macédoine. « La violence et les tentatives de manipuler la campagne électorale et le vote ont jeté une ombre sur un scrutin qui d’une manière générale a été bien conduit », a estimé la vice-présidente de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE et coordinatrice de la mission d’observation des élections macédoniennes. Mevlut Cavusoglu, chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, a estimé que les violences survenues au cours des élections « ne sont pas compatibles avec le processus démocratique et l’intégration de ce pays dans l’UE et dans l’OTAN ».