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La bande dessinée québécoise prend des couleurs

Longtemps considérée comme un genre mineur, voire néfaste, la bande dessinée a acquis ses lettres de noblesse au Québec où elle connaît un essor dont témoigne le succès de la série Les Nombrils, une BD de deux jeunes auteurs québécois. « On est en train de vivre un âge d’or de la BD », estime François Mayeux, conseiller en BD, conférencier et copropriétaire de Planète BD, une librairie consacrée au « 9e art », qui vient d’ouvrir ses portes à Montréal. « Il y a une vingtaine d’années, quand j’ai commencé dans ce milieu, je m’entendais régulièrement dire : “Tu lis encore de la BD à ton âge”, comme si c’était quelque chose de malsain, explique-t-il à l’AFP. Mais ces préjugés sont maintenant tombés et l’on assiste actuellement à un bouillonnement. » Ce tournant est dû en partie à de nouveaux auteurs québécois, dont Maryse Dubuc et Marc Delafontaine – alias Delaf-Dubuc – constituent l’exemple le plus éclatant. Ce jeune couple qui vit près de Sherbrooke, à quelque 130 km de Montréal, est l’auteur des Nombrils, une série « jeunesse » qui connaît un gros succès en Europe et des tirages remarquables. Selon la maison d’édition Dupuis qui les publie, les deux premiers albums de la série se sont vendus à 100 000 exemplaires et le troisième, sorti il y a un peu plus de deux mois, en est déjà à 88 000 exemplaires. Au Québec, son distributeur a vendu près de 20 000 copies du numéro trois de la série et espère arriver à 30 000, un score exceptionnel, note Raynald St-Hilaire, spécialiste de distribution de la BD depuis 25 ans. « C’est la première fois que je vois ça », dit-il, soulignant que le Québec est un petit marché où le tirage moyen d’un roman est de 1 000 exemplaires et où on commence à parler de best-seller à 5 000. Les Nombrils mettent en scène deux chipies adolescentes et leur amie souffre-douleur. « On avait envie d’utiliser un humour mordant pour parler de l’adolescence avec ses cruautés, ses difficultés et ses angoisses, confie Maryse Dubuc, la scénariste de la série, c’est un bon défouloir. » « On vit une période très excitante. On commence à avoir une communauté d’auteurs au Québec, ce qui est nouveau », dit-elle, expliquant qu’il y a actuellement une quinzaine d’auteurs québécois publiés en Europe, pour la plupart des dessinateurs travaillant avec des scénaristes européens dans la BD historique ou fantastique. Au Québec, la diversification vers la BD d’auteur a d’autre part contribué à rendre le genre plus populaire, attirant aussi des lectrices, relève François Mayeux. Il en veut pour preuve le succès d’un auteur publié et lu principalement dans la province francophone, Michel Rabagliati, avec sa série Paul, sorte « d’autobiographie mâtinée de fiction » dans laquelle les Québécois peuvent se retrouver. « Ce qui fait son succès, c’est que les gens se reconnaissent dans Paul », juge l’auteur, confiant à l’AFP qu’il fait de la BD depuis 10 ans, mais « arrive encore à peine à en vivre ». Ses œuvres se vendent pourtant autour de 10 000 exemplaires chacune, une très belle performance au Québec. Il est édité par une petite maison d’édition alternative spécialisée dans la BD, La Pastèque, qui fête son dixième anniversaire cette année et dispose maintenant d’un catalogue de quelque 60 titres. Le Québec abrite aussi des auteurs français célèbres, Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, qui se sont installés dans la « belle province » où ils ont réalisé une série intitulée Magasin général, chronique paysanne attachante du Québec des années 1920, à cent lieues de la BD d’aventure fantastique. Mais pour Raynald St-Hilaire, le phénomène nouveau c’est qu’il y a actuellement en Europe une « ouverture » pour les auteurs québécois. « À l’heure actuelle, les principaux éditeurs européens sont à la recherche de leur auteur québécois », dit-il.
Longtemps considérée comme un genre mineur, voire néfaste, la bande dessinée a acquis ses lettres de noblesse au Québec où elle connaît un essor dont témoigne le succès de la série Les Nombrils, une BD de deux jeunes auteurs québécois. « On est en train de vivre un âge d’or de la BD », estime François Mayeux, conseiller en BD, conférencier et copropriétaire de...