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Les secours arrivent au compte-gouttes pour les sinistrés du cyclone Nargis Malgré les pressions, la Birmanie s’ouvre difficilement à l’aide internationale

La Birmanie, malgré une pression internationale soutenue, s’ouvrait encore avec une extrême réticence hier à l’aide internationale qui s’offre massivement à elle pour secourir plus d’un million de sinistrés du cyclone Nargis. Les Américains, qui avaient annoncé avoir reçu un feu vert de la junte birmane pour dépêcher sur place un avion transportant de l’aide, ont finalement fait savoir que l’appareil ne partait plus. « Je ne sais pas s’il y a eu une annulation ou un problème de communication », a déclaré l’ambassadeur des États-Unis à Bangkok, Eric John. Le Sénat US a adopté hier une résolution exigeant que la junte lève les restrictions à l’aide internationale. Pour sa part, la Maison-Blanche a dit que Washington était engagé dans des négociations avec le gouvernement birman pour que son aide entre en Birmanie. Le département d’État américain a, de son côté, indiqué que les États-Unis se préparaient pour des largages d’aide aux sinistrés, laissant entendre que Washington pourrait se passer de l’accord de la junte. M. John a indiqué également que Washington pourrait acheminer son aide via les Nations unies. Un premier avion de l’ONU, un appareil du Programme alimentaire mondial (PAM) a atterri hier à Rangoun, la plus grande ville du pays. Selon les organisations humanitaires, l’aide arrive doucement de Thaïlande, de Chine, d’Inde. La Grèce a affirmé avoir reçu le feu vert pour l’envoi d’un avion de l’armée de l’air. Mais tout arrive encore en quantité insuffisante et trop lentement pour répondre aux besoins d’une population qui manque de tout. Selon les spécialistes de l’humanitaire, ce sont des centaines d’avions d’aide dont le pays a besoin. L’ONU a elle-même demandé aux militaires birmans de pouvoir envoyer une centaine d’experts, notamment du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Le responsable des affaires humanitaires à l’ONU, John Holmes, s’est dit « déçu » du fait que les autorités birmanes n’aient pas autorisé jusqu’ici plus d’aide étrangère à parvenir aux victimes du cyclone Nargis. Le régime ne donne qu’au compte-gouttes des autorisations pour pénétrer sur son territoire. La junte au pouvoir en Birmanie, l’un des pays les plus fermés de la planète, avait averti les travailleurs humanitaires en début de semaine : ils devraient négocier avec elle. Hier soir, la télévision officielle birmane recensait 17 morts de plus, faisant désormais état de 22 997 morts et 42 119 disparus. Ces chiffres sont loin des estimations fournies notamment par un diplomate américain qui craint plus de 100 000 morts. Un responsable local birman, Tin Win, a lui-même estimé que 80 000 personnes auraient été tuées rien qu’à Labutta et dans ses villages voisins. Selon ce chef d’arrondissement de Labutta, des dizaines de villages alentour ont été rayés de la carte. « On évalue à 5 000 km2 la superficie submergée (...) Au moins un million de personnes ont besoin d’aide », a estimé hier un porte-parole de l’ONU à Bangkok, Richard Horsey. Face à cette situation catastrophique, la communauté internationale a multiplié les appels à l’ouverture de la Birmanie. « J’espère que nous allons avoir une ouverture avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré Surin Pitsuwan, secrétaire général de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean), dont fait partie la Birmanie. « Nous espérons que la Birmanie coopérera avec la communauté internationale, aura des consultations avec elle et qu’elle surmontera la catastrophe rapidement », a renchéri le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Commission européenne a aussi déploré les difficultés d’accès, mais a estimé qu’on ne pouvait pas « forcer » la porte du pays. Elle a annoncé qu’elle pourrait débloquer « jusqu’à 30 millions d’euros d’aide et au-delà » pour les victimes du cyclone, lorsque les autorités birmanes permettront un large accès de l’aide humanitaire. La veille, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait « exhorté le gouvernement » à faciliter l’aide, et la France avait proposé de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour contraindre la junte à s’ouvrir. Des discussions informelles à New York ont donné lieu à de vifs échanges, mais Paris n’a pas obtenu de débat formel, au moins cinq des quinze membres du Conseil s’y étant opposés, au premier rang desquels la Chine, grand allié de la Birmanie. Sur place, les témoins continuaient de décrire des scènes de désolation. À Labutta, des orphelins, des veuves, des parents et des bonzes affligés attendaient assis par terre dans des abris temporaires. Privés d’eau potable, de toilettes, de médicaments, leur situation s’aggrave de jour en jour. « La population a un besoin urgent de produits de première nécessité, tels l’eau, la nourriture, les médicaments et les sanitaires », a déclaré un médecin local. Malgré la situation catastrophique, la junte a maintenu samedi le référendum sur une nouvelle Constitution qui, selon l’opposition, pérennisera surtout la mainmise des militaires sur le pouvoir. Le vote ne sera reporté, au 24 mai, que dans 47 municipalités particulièrement touchées.
La Birmanie, malgré une pression internationale soutenue, s’ouvrait encore avec une extrême réticence hier à l’aide internationale qui s’offre massivement à elle pour secourir plus d’un million de sinistrés du cyclone Nargis.
Les Américains, qui avaient annoncé avoir reçu un feu vert de la junte birmane pour dépêcher sur place un avion transportant de l’aide, ont...