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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Matière, ligne, couleur, toiles et papiers de Fadia Haddad à la galerie Alice Mogabgab à partir de ce soir et jusqu’au 31 mai* L’art et la manière

Quelqu’un, un jour, lui a sans doute murmuré à l’oreille : « Dessines-moi un oiseau. » C’était en 1994. L’oiseau prit forme, couleur et, lorsqu’il devint toile, prit son envol, emportant avec lui, encore plus loin, encore plus grand, le talent maîtrisé de Fadia Haddad. Puis un jour, sur ces immenses toiles, l’oiseau s’est posé près d’un masque, spontanément né des traces du pinceau sale mais bavard de l’artiste, sur de vieilles pages. L’oiseau est devenu une signature indélébile. Et le masque s’est mis à parler. Derrière ce masque qui révèle et souligne une présence, deux fentes à la place des yeux, une fente à la place des lèvres. Le regard de Fadia Haddad se laisse deviner. Il semble observer, dans une solitude choisie, l’impression du spectateur. Une réaction à ces couleurs étalées par couches, presque pétries, libérées. Alors un sourire s’esquisse. Satisfait. Dans l’obscurité lumineuse de ces tableaux toujours verticaux, pas d’histoires, pas de messages à délivrer. Mais une intensité à partager et une invitation à se plonger dans un noir profond, dans des ocres et des gris. Dans l’univers vrai et spontané d’une artiste qui ne fait aucun compromis. Qui ne succombe à aucune facilité, flatterie ou jeu de séduction. Préférant placer le spectateur, brusquement, devant une peinture pure et brute qui le prend aux tripes. Matière, ligne et couleur Trois mots-clefs, titres de l’exposition, définissent dans l’ordre le travail de Fadia Haddad. Matière, celle de ce noir si mat qu’il en devient brillant et même transparent. Matière d’un brut qui se mêle harmonieusement à une légèreté grâce à des techniques acquises à l’École nationale des beaux-arts de Paris, dans le laboratoire du grand Pierre Mathey de l’Etang. Ligne, à suivre, qui est à la fois graphisme, juxtaposition de teintes maîtrisées et enfin mouvement. Et puis couleur au singulier, palette de couleurs de Fadia Haddad qui ne ressemblent qu’à elle. Dans cette exposition, la huitième chez Alice Mogabgab qui a découvert l’artiste dans les années 90, neuf toiles et une vingtaine de papiers sont exposés pour la première fois, et pour la première fois ensemble. Pour les visiteurs qui découvraient le travail de l’artiste en 1995, puis son « langage des oiseaux », un langage à leurs yeux presque enfantin, ces dessins ont acquis de la maturité, ou est-ce leur regard qui a enfin compris l’intelligence et la beauté d’un art qui ne laisse aucune place aux maladresses ou à l’improvisation. L’énergie qui se dégage des masques très sincères de Fadia Haddad – certains sourient, se moquent, s’interrogent, s’étonnent ou aiment – est si intense qu’elle ne laisse pas indifférent. Alors que d’autres peintres, plus frileux, murmurent des airs déjà entendus, ses tableaux « chantent l’opéra ! » s’écrie Alice Mogabgab Karam. Leur musique s’internationalise puisque, outre les différentes expositions à Londres, Cracovie, Bruxelles et Paris où elle réside, l’artiste a vendu quelques toiles à Christie’s Dubaï Sale, en mai 2006, à Sotheby’s Londres, en 2007, et à Drouot Paris, en avril de cette année. Petit bout de femme qui ressemble à ses oiseaux, profils à la fois frêles et puissants, et surtout décidés, Fadia Haddad, après chaque travail, semble y laisser volontairement des plumes. À conserver précieusement. Carla HENOUD * Galerie Alice Mogabgab, 253 rue Gouraud, Gemmayzé. Ouverte du lundi au vendredi de 10 heures à 19 heures et samedi de 10 heures à 13 heures. Téléphone : 03/210424.
Quelqu’un, un jour, lui a sans doute murmuré à l’oreille : « Dessines-moi un oiseau. » C’était en 1994. L’oiseau prit forme, couleur et, lorsqu’il devint toile, prit son envol, emportant avec lui, encore plus loin, encore plus grand, le talent maîtrisé de Fadia Haddad. Puis un jour, sur ces immenses toiles, l’oiseau s’est posé près d’un masque, spontanément né des...