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Actualités - CHRONOLOGIE

L’archipel connaît l’un des taux de fertilité les plus bas du monde En mal d’enfants, le Japon appelle les hommes à faire un tour au foyer

En mal d’enfants, le Japon veut encourager les hommes à passer du temps à la maison et participer aux tâches domestiques pour encourager les naissances, mais la méthode consensuelle choisie par le pouvoir laisse sceptiques féministes et opposition. Avec 1,32 enfant par femme en moyenne en 2006, le Japon connaît l’un des taux de fertilité les plus bas du monde, une situation qui, si elle perdurait, conduirait à une réduction drastique de la population de l’archipel, de 127 millions aujourd’hui à une centaine de millions en 2050. L’une des principales causes du problème réside dans les difficultés vécues par les femmes pour combiner vie professionnelle et maternité, ce qui conduit nombre d’entre elles à renoncer à enfanter. Et pousse 70 % des jeunes mères à démissionner de leur emploi pour pouvoir se consacrer à leur progéniture. Deux explications à cette situation, selon Yoko Kamikawa, ministre déléguée à l’Égalité des genres: « Les hommes sont obligés de travailler longtemps : 20 % des trentenaires font plus de 60 heures par semaine. Et ils ne participent pas beaucoup aux tâches ménagères et éducatives », explique-t-elle à l’AFP. Pour Mme Kamikawa, il est essentiel de remettre en cause la répartition traditionnelle des rôles entre hommes et femmes. Selon une enquête officielle de 2007, 44,8 % des Japonais jugent naturel que l’homme travaille et que la femme reste à la maison, contre 52,1 % qui pensent le contraire. Réalisée depuis quinze ans, l’enquête montre une légère évolution, « mais la représentation dominante n’a pas encore été cassée », constate la ministre déléguée. Une charte en 14 points a été signée en décembre entre gouvernement, patronat et syndicats pour encourager le partage des tâches et, par voie de conséquence, la natalité. « En dix ans, nous devons réduire de moitié la proportion d’hommes travaillant plus de soixante heures, augmenter les congés parentaux chez les femmes comme les hommes, augmenter la proportion de femmes qui travaillent pendant et après leur grossesse de 38 % à 55 % », détaille Mme Kamikawa. Des objectifs qui ne pourront être atteints, reconnaît la ministre déléguée, que « si employeurs et syndicats prennent conscience de l’importance de l’enjeu » et négocient dans les entreprises. Certaines sociétés ont déjà pris des mesures, comme le groupe de cosmétiques Shiseido qui a lancé un programme pour faciliter la tâche de ses vendeuses jeunes mamans. Elle a recruté quelque 750 employées à temps partiel pour remplacer en fin de journée 480 salariées ayant des enfants et leur permettre de partir plus tôt. « Avant, il leur était difficile de quitter la boutique à l’heure de pointe, et de nombreuses mères démissionnaient », explique un porte-parole de l’entreprise. Mais Hisako Motoyama, directrice exécutive du Centre de soutien aux femmes d’Asie et du Japon, regrette « l’absence de règles contraignantes » de la part du gouvernement, ce qui fait dépendre l’emploi des mères « de la bonne volonté des entreprises ». « Seules les grandes boîtes peuvent se permettre d’instaurer ce type de mesures. Et il n’y a rien pour les salariées à temps partiel ou intérimaires », souligne-t-elle. Des employées dont les faibles salaires rendent très difficile la prise en charge d’un enfant. La ministre de l’Égalité des genres dans le « shadow cabinet » du parti d’opposition PDJ (centre), Mieko Kamimoto, propose donc de faire passer de 5 000 yens (31 euros) à 26 000 yens (162 euros) l’aide mensuelle d’État pour chaque enfant jusqu’à ce qu’il sorte du collège. Une réforme qu’elle chiffre à 5 600 milliards de yens par an (35 milliards d’euros), fustigeant un gouvernement qui « ne dépense pas assez pour la prise en charge des enfants ».
En mal d’enfants, le Japon veut encourager les hommes à passer du temps à la maison et participer aux tâches domestiques pour encourager les naissances, mais la méthode consensuelle choisie par le pouvoir laisse sceptiques féministes et opposition.
Avec 1,32 enfant par femme en moyenne en 2006, le Japon connaît l’un des taux de fertilité les plus bas du monde, une...