Société - Le programme, lancé en 2003, a été mis au point à partir d’une méthodologie élaborée par le pédagogue brésilien Paulo Freire La « télévision éducative » ouvre de nouveaux horizons pour les enfants d’Amazonie

Dans certaines régions isolées de la jungle amazonienne du Brésil, les écoles utilisent depuis quelques années les programmes de « télévision éducative » où elle est devenue un outil de diffusion de l’enseignement élémentaire à part entière. Dans les salles de classes de quelque 2 500 écoles primaires des zones rurales de l’État de Acre, les enfants suivent les mêmes cours que leurs petits camarades des grandes villes mais sur des postes de télévision. Ce programme de « télévision éducative », lancé en 2003, a été mis au point à partir d’une méthodologie qui avait été élaborée par le pédagogue brésilien Paulo Freire (décédé en 1997). Le gouverneur de l’État de Acre, Jorge Vianna, avait été fort marqué par une rencontre dans une de ces écoles au fin fond du pays qui en disait long sur les carences dont souffraient et souffrent encore l’enseignement le plus élémentaire. « Lors de la visite d’une école, j’ai croisé une jeune fille de 19 ans qui passait l’examen de troisième pour la cinquième fois. Elle m’a dit qu’elle l’avait déjà eu mais comme elle n’avait, ni options ni possibilité de suivre des classes supérieures, elle continuait de suivre les cours de ce niveau », a raconté le gouverneur à l’AFP. La solution s’est imposée et un accord conclu avec la Fondation Roberto Marinho, du nom du fondateur du plus important groupe privé de médias du Brésil O Globo, qui fut le premier à diffuser des programmes éducatifs le dimanche matin sur des chaînes de télévision. Ancien disciple de Freire, Vilma Guimaraes, qui chapeaute l’unité des projets éducatifs de la Fondation, visite toutes les écoles du pays qui participent au programme. « En cinq ans, ce système a permis à près de 11 000 étudiants de Acre d’obtenir un diplôme », se félicite Vilam Guimaraes. Selon le ministre de l’Éducation, sur les 27 États que compte le pays, l’État de Acre arrivait, en 1999, en dernière position en terme de résultats à l’école primaire. En 2005, il était remonté à la 11e place. Un résultat que les autorités mettent sur le compte de la mise en place de ce programme de « télévision éducative ». « Nous voulons que Acre soit dans les 10 premières places cette année », déclare le gouverneur. A l’école de Tupa, l’enseignante Antonia Lima est de Xapuri, la ville la plus proche comptant quelque 15 000 habitants, et à deux heures de route de là. Aussi, ne fait-elle l’aller-retour qu’une fois par semaine et reste dormir à l’école les soirs de semaine. « Certains parents d’élèves m’apportent de la nourriture et je rentre à Xapuri les week-ends », dit-elle. Devant l’école, Maria Neucilene Lopes, enseignante et coordinatrice régionale, ne se laisse plus intimider par l’isolement. « Je suis arrivée à l’école en 2006. Je suis venue de Xapuri à moto et quand je suis arrivée, je me suis juste arrêtée et j’ai pleuré. Mais aujourd’hui, je ne changerais pour rien au monde », affirme-t-elle.