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Actualités - CHRONOLOGIE

La Confédération helvétique s’investit dans tous les domaines François Barras présente à Lausanne l’action de la diplomatie helvétique au Liban, Suisse de l’Orient LAUSANNE – de notre correspondant en Suisse Zahi HADDAD

« Que fait la diplomatie suisse au Liban ? » La question a été posée, à Lausanne, par l’association « Les Amis du Liban » à François Barras, ambassadeur de Suisse au Liban. Au-delà des demandes de visa, on trouve la panoplie complète : bons offices, échanges culturels et économiques, aide humanitaire et au développement. Tour d’horizon avec un diplomate qui prône la solidarité et souhaite partager l’exemple suisse, notamment en matière de citoyenneté et de démocratie directe. «Qu’allons-nous devenir lorsque vous quitterez votre poste à Beyrouth ? » La boutade lancée par l’un des auditeurs du centre Le Cazard, à Lausanne, reflète le caractère volontariste de François Barras. Le diplomate, qui a pris ses fonctions en mars 2006, a rapidement été confronté à la réalité internationale qui pèse sur le Liban. En juillet 2006, il déploie tous ses talents d’organisateur, alors que lui et son équipe permettent à un millier de ressortissants suisses de regagner leurs familles, dans de relatives bonnes conditions, quand on se rappelle le chaos qui régnait alors : « J’ai été touché par ce que j’ai ressenti comme une attaque frontale contre tout le pays, comme si les autres États passaient le Liban aux pertes et profits. » Les quatre piliers helvètes Pour ce travailleur acharné, son action au Liban ne se limite cependant pas à l’évacuer quand la situation est dramatique : « Il s’agit de réaliser des projets avec le Liban et de montrer sa solidarité. » Et les projets sont légions dans la besace du Valaisan qui s’appuie sur quatre piliers de la politique étrangère suisse. En premier lieu, il y a l’aide humanitaire et au développement. Au lendemain de la guerre de 2006, la Confédération helvétique s’est impliquée dans la réparation d’écoles, le nettoyage de la marée noire et la neutralisation de sous-munitions. Rappelons que ce dernier programme a mobilisé, « entre août 2006 et septembre 2007, quinze millions de francs suisses », soit près de quatorze millions de dollars. Dans l’engagement helvète, on trouve encore un programme de réduction des risques qui touche à la prévention en cas de tremblement de terre ou à la médecine d’urgence. En matière de développement, la Suisse investit par an trois millions de francs d’aide qui s’articule essentiellement autour de l’environnement, de la justice et des institutions municipales : « L’important est d’être présent dans tout le pays », commente François Barras, qui rappelle aussi les efforts déployés pour permettre de « mieux intégrer l’économie libanaise dans l’économie mondiale ». L’ambassade de Suisse s’est, en outre, investie dans la création du Swiss Business Council, qui réunit déjà quelque soixante-dix membres, malgré la crise économique. La paix par la culture Impressionné par la situation de l’été 2006, François Barras souhaitait également « apporter une réponse culturelle » au Liban et travailler avec la « scène libanaise qui est très créative ». Conférences, expositions, projections de films sont ainsi organisées, mais toujours sur une base interactive et « avec un ancrage local ». Lorsqu’un réalisateur suisse présente un film au Liban, il participe à un atelier avec de jeunes réalisateurs libanais. « Je crois en la durabilité de la culture qui permet l’échange et le dialogue. L’universalité de la culture au service du rapprochement et du gommage des différences par trop artificielles. C’est aussi un acte de résistance pacifique. Tout est bloqué au Liban, mais les gens doivent continuer à vivre. » Et la « culture comme instrument de paix », François Barras y croit. Du coup, les manifestations germent : « Mi-février, le maire de Genève, Patrice Mugny, est venu discuter de la Journée de la science qui sera bientôt organisée à Beyrouth sur le modèle de ce qui se fait à Genève », raconte l’ambassadeur. Et d’enchaîner : « Il y a aussi des échanges avec l’ALBA et l’Université de Genève. » Autre exemple, Vincent Nassar, étudiant à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, a profité de cette soirée, pour le moins interactive, pour remercier la Suisse et présenter la « Patrouille des Cèdres », histoire d’ouvrir de nouveaux horizons. Cette équipée unique devrait bientôt permettre aux randonneurs chevronnés de sillonner les montagnes libanaises, grâce au soutien et au savoir-faire de sa grande sœur helvète, la « Patrouille des glaciers », course exceptionnelle, courue dans des conditions souvent extrêmes. Tous ces exemples illustrent parfaitement la vitalité et l’importance des sociétés civiles qui œuvrent dans chacun des deux pays. Unité plurielle Dernier secteur de coopération : les institutions politiques. « La Suisse n’a pas d’agenda » et reste prête à mobiliser ses traditionnels bons offices, pour débloquer la situation. Même si « on attend quelque chose de la Suisse, qui a une image de pays pacifique, pour l’heure, il y a embouteillage d’initiatives internationales », souligne cependant le diplomate. Plus emblématiques du message de diversité que portent les deux pays, la participation citoyenne et le compromis « à la suisse » ont « frappé les journalistes libanais qui m’avaient accompagné en Suisse en 2007 », se rappelle l’ambassadeur. Les Suisses jouissent en effet de la démocratie directe qui leur permet de lancer des référendums et de voter sur toutes sortes de sujets. Quant au compromis, véritable ferment de la vie politique suisse, « il est une force, pas une faiblesse ». Peut-être aussi le premier pas d’une Suisse de l’Orient à repenser. Canif suisse Les moyens déployés par l’ambassade de Suisse rappellent un autre symbole bien helvétique : le canif suisse et sa multitude de lames multifonction, souvent surprenantes, mais tellement efficaces. À l’image des projets choisis, toujours pertinents, permettant de résister. Quant à l’ambassadeur Barras, il sait que, à peine arrivé, à peine ses projets lancés, il devra bientôt penser à quitter ce Liban qu’il aime à découvrir lors de longues marches. « C’est comme cela que j’ai appris à le connaître et à découvrir sa chaleur et son sens de l’hospitalité. » Si l’objectif de la soirée était également de célébrer l’amitié entre la Suisse et le Liban, il ne fait pas de doute que le pays du Cèdre a trouvé un indéfectible ami en la personne de François Barras.
« Que fait la diplomatie suisse au Liban ? » La question a été posée, à Lausanne, par l’association « Les Amis du Liban » à François Barras, ambassadeur de Suisse au Liban. Au-delà des demandes de visa, on trouve la panoplie complète : bons offices, échanges culturels et économiques, aide humanitaire et au développement. Tour d’horizon avec un diplomate qui...