MUSIQUE - Son premier album personnel, « Duende », est déjà dans les bacs Marc Ernest sur la fréquence

Le jeune musicien Marc Ernest présente son premier album personnel et individuel Duende, produit par Khaled Mouzannar. Dans une pochette conçue par Dima Boulad, l’album se présente comme une compilation de quatre morceaux où l’Orient et l’Occident s’entremêlent dans des rythmes jazzy et métissés. Des arrangements de « mouachahat » que le musicien a mixés dans un moule nouveau illustrant ainsi l’identité non définie du pays du Cèdre. Dans le dictionnaire de la langue espagnole, le « duende » a deux significations. D’abord, conformément à l’étymologie du mot, qui dérive de « dueño de la casa » (maître de la maison), le « duende » est un esprit qui, d’après la tradition populaire, habite certaines maisons en y causant des dégâts. Il s’agit d’une sorte d’esprit follet ou de démon qui parcourt et intervient dans l’intimité des foyers. Le deuxième sens du mot est enraciné dans la région andalouse et la culture du flamenco. Il désigne alors littéralement « un charme mystérieux et indicible, rencontré dans des moments de grâce de l’art flamenco ». Les significations se réfèrent donc toutes deux à une sorte de présence magique ou surnaturelle, qui est personnifiée dans le premier cas et reste plus brute, moins définie, dans le second. Après deux ans de préparation et à travers une musique simple et complexe qui ne revendique aucun label et aucune couleur, Marc Ernest (pianiste qui s’est plus tard spécialisé dans le basson) a réussi à traduire ce sentiment suicidaire mêlé de plaisir (duende) en reproduisant sa recherche intérieure. « La musique est multiple et diverse. Tout comme j’admets les autres harmonies, j’aimerais bien qu’on admette la mienne et qu’on prenne la peine de l’explorer », dit l’artiste. Son seul souci est d’inviter l’autre à être à l’écoute et comprendre le monde schizophrénique dans lequel le Liban se débat. Ernest ne propose ni une étude sur les « mouachahat » ni un essai sur la musique andalouse et surtout pas une musique engagée. C’est un simple cri de survivant qu’il lance dans un pays où tout est sens dessus dessous. C. K.