CITOYEN GROGNON Un véritable flop

Ils avaient annoncé, tambour battant, une vaste campagne de répression des infractions routières, qui devait être mise en vigueur dès lundi dernier. Ils avaient averti qu’ils seraient sévères, qu’ils sanctionneraient toutes les violations du code de la route, et qu’ils seraient particulièrement intraitables sur le port de la ceinture de sécurité. Ils avaient, soi-disant, donné des ordres stricts aux agents de la route pour qu’ils soient fermes avec les automobilistes contrevenants. Le résultat a été à la hauteur des attentes, autrement dit, plus que décevant. « Un véritable flop », serait-on même tenté de dire. Certes, quelques barrages des FSI ont bien fait leur apparition en plein centre d’Achrafieh, au centre-ville ou à Verdun, pour une ou deux journées, pour quelques heures parfois. Ils ont bien sanctionné les automobilistes qui ne portaient pas la ceinture de sécurité ou les irréductibles du téléphone cellulaire. Ils n’ont pas manqué de confisquer des mobylettes. Ils ont aussi vérifié les papiers de nombre d’automobilistes et l’identité d’un certain nombre d’étrangers. Ils ont évidemment distribué des contraventions à la pelle. Résultat, ils ont causé des embouteillages monstres au niveau de quelques axes bien précis. Avant de prendre leurs cliques et leurs claques et de laisser l’anarchie reprendre le dessus. Ont-ils seulement vu qu’à quelques mètres seulement des barrages, les motards, imperturbables, poursuivaient leur slalom fou entre les voitures, brûlaient les feux rouges au nez et à la barbe des agents de la circulation et prenaient les ruelles en sens interdit, sans être, le moins du monde, inquiétés ? Ont-ils seulement appréhendé les automobilistes qui continuent de prendre les routes du pays pour des circuits de formule 1 ? Faut-il, pour faire respecter le code de la route, dresser des barrages occasionnels en pleine ville, qui n’ont d’autres résultats que de provoquer d’inextricables embouteillages, alors que l’anarchie totale règne sur l’ensemble des routes du pays ? Ne serait-il pas plus logique et plus efficace de mettre en place une campagne à l’échelle nationale, basée sur l’information des automobilistes, des motards et des piétons, et qui prendrait la forme d’un matraquage, dans l’attente de la mise en place du fameux code de la route que l’on nous promet depuis si longtemps ? C’est alors que la sanction serait justifiée. Mais encore faudrait-il que chaque agent de la circulation soit à même de distribuer des contraventions à chaque infraction, non seulement aux automobilistes, mais aussi aux motards. Que cet agent soit aussi à même de faire respecter le droit des piétons, constamment bafoué. « Ils ne sauraient plus où donner de la tête », répondent systématiquement les responsables, convaincus de donner une excuse valable au manque de compétence des agents de la circulation. Reflétant, par la même occasion, leur propre incapacité face au problème endémique qui empoisonne le quotidien des Libanais. Autant baisser les bras, tout simplement, et éviter de donner au citoyen l’illusoire espoir d’une amélioration sur les routes libanaises. Anne-Marie EL-HAGE