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Actualités - OPINION

Révision du pacte ? Surtout, ne pas mettre la charrue devant les bœufs

Selon nombre d’observateurs avertis, le Liban ne connaîtra la quiétude, la stabilité politico-économique, qu’en se dégageant du tunnel où il se trouve. Cette période qui dure depuis bien longtemps, mais que l’on espère transitoire. La sortie du noir débouchant cependant sur un long chemin ocre à parcourir avant de parvenir à Quelle était verte ma vallée. Ce trajet, laborieux mais revivifiant, aurait pour première station de gare des élections libres basées sur une loi juste, générant une Chambre à taux élevé de représentativité. Avec promotion, ensuite, des principes élémentaires de la démocratie, à savoir que la majorité issue des législatives assumerait les responsabilités publiques, tandis que la minorité se cantonnerait dans un rôle, de préférence constructif, d’opposition et de censeur. Comme c’était le cas chez nous jusqu’aux sombres années 70. C’est dans le cadre de la nouvelle législature comme du nouvel Éxécutif, à l’ombre d’institutions réanimées sinon réactivées, qu’on pourra lancer un sain débat refondateur. Pour réexaminer le pacte national et la Constitution qui en découle. En corriger les failles et les lacunes, qui sont bien trop nombreuses, force est de le reconnaître. Et qui ont toujours alimenté, attisé la crise locale. Étant entendu que l’on ne devra plus jamais se rabattre sur ces expédients à la libanaise que sont, à telle ou telle occasion de litige, les petits compromis entre amis. Ne plus se contenter d’interprétations approximatives, le plus souvent fantaisistes du reste, des ambiguïtés du texte fondamental. Tout clarifier, avec des rajouts explicatifs ou des soustractions en établissant, au besoin, de toutes nouvelles dispositions d’ordre pratique. Destinées non pas à trahir l’esprit même du traité, mais à le parfaire, à le rendre mieux fonctionnel. En cessant de surfer sur la vague d’un illégalisme qui permet à l’opposition, au nom d’une égalité inexistante en termes de responsabilités démocratiques, d’exiger sa part du pouvoir. Mieux même, de le contrôler, d’imposer sa volonté minoritaire à la majorité, via divers moyens, dont le tiers de blocage. Aberrations Ce que la minorité réclame est tout à fait contraire aux règles élémentaires de la démocratie. Elle veut en effet un cabinet dit d’union, qui serait, en quotas, le miroir fidèle de l’hémicycle parlementaire. Or cela reviendrait à dire qu’un tel gouvernement n’aurait plus de contradicteur, plus d’opposition à craindre. Et plus de comptes à rendre au peuple souverain. Ce serait, en quelque sorte, un gouvernement despote. Autre chose, autre pratique condamnable : le conflit entre les camps en présence se traduit par un recours à la rue. Toujours dans la plus parfaite illégalité, comme on le voit au sujet des squatters à tentes du centre-ville. Et, toujours, en dévalorisant les institutions, ce forum national naturel. Dans ce sens qu’on n’y expose pas les problèmes pour les régler, comme cela doit se faire en République. Tableau institutionnel aggravé par l’amputation que l’on a infligée au gouvernement, à travers la démission des ministres chiites ainsi que par la fermeture inouïe de cette agora essentielle qu’est le Parlement. Du fait même de ces précédents répréhensibles, il n’est pas étonnant qu’après s’être entendus sur un candidat de consensus, minorité et majorité se heurtent sur les priorités et sur les mécanismes. Genre article 49 ou article 74. Sans même pouvoir en débattre, en dialoguer. Il n’est pas surprenant non plus que l’opposition, qui perd la carte du tiers de blocage attribuée au président en puissance, se rabatte sur son prétendu droit de veto concernant la personne du prochain chef de gouvernement. Comme sur d’exorbitantes exigences ministérielles, en guignant la Défense, l’Intérieur, les Finances, les AE et la Justice, excusez du peu. Le plat de résistance reste cependant la loi électorale. La majorité actuelle semble avoir l’avantage à ce propos. Dans ce sens qu’elle aura toute latitude d’approuver ou de retraiter le texte que le prochain gouvernement, ou un suivant, aura préparé. Mais cette majorité restera-t-elle unie et cohérente ? La question n’est pas vaine : le tableau d’ensemble pourrait changer après l’élection présidentielle. Ou alors à l’occasion des alliances tactiques devant précéder les législatives de 2009. Alliances qui seront largement conditionnées par le découpage des circonscriptions. Émile KHOURY
Selon nombre d’observateurs avertis, le Liban ne connaîtra la quiétude, la stabilité politico-économique, qu’en se dégageant du tunnel où il se trouve. Cette période qui dure depuis bien longtemps, mais que l’on espère transitoire. La sortie du noir débouchant cependant sur un long chemin ocre à parcourir avant de parvenir à Quelle était verte ma vallée.
Ce trajet,...