EXPOSITION - Jusqu’au 11 janvier au CCF « Organique » de Joseph Honein : la vérité des entrailles...

Le titre déjà est surprenant. Les toiles aussi, de prime abord. « Organique » de Joseph Honein, ce sont 30 huiles étranges accrochées aux cimaises du Centre culturel français (rue de Damas) jusqu’au 11 janvier 2008. Énigmatiques. Singulières. Élaborées en combinaisons de figures et de formes inhabituelles, circulaires, ovoïdales, rappelant les cellules agrandies au microscope, ces œuvres picturales, déroutantes au premier regard, apprivoisent peu à peu le regard du « contemplateur ». Contemplateur, car il s’agit bien là d’une peinture contemplative. Une peinture faite d’« images » qui surgissent à chaque nouveau regard et captent progressivement l’attention du spectateur. Lequel doit se débarrasser des idées, pensées ou concepts qui peuvent « parasiter » son ressenti spontané et instinctif pour être en osmose avec ces figures et mieux les appréhender. « Mes toiles sont ouvertes, elles permettent au contemplateur d’y pénétrer », affirme d’ailleurs Joseph Honein. Diplômé en arts plastiques de l’ALBA, où il enseigne depuis cinq ans, ayant à son actif plusieurs formations approfondies en céramique et peinture à l’Ensad-Duperré et à l’Ensba à Paris, puis à l’Istituto Statale à Pérouse, ce plasticien a développé une démarche « scientifico-philosophique » basée sur un « assemblage de plusieurs éléments qui se superposent et gravitent spontanément autour d’une orbite, la “cellule”, pour créer l’unité de la composition de la toile », explique-t-il. Un graphisme qui traduit, selon lui, des états divers  : souvenirs, impressions, sentiments, situations... Des états d’âme personnels, transcrits donc dans un langage pictural éminemment personnel à l’artiste, mais qui, par la magie de l’expressivité, se révèle, dans certaines toiles, universel. À l’instar de ce tableau baptisé Chefs-d’œuvre, un parfait équilibre de composition, vibrant de force, ou encore de cette Berceuse, aux formes arrondies, enveloppantes, qui vous entraîne dans les arcanes du souvenir maternel... Représenter la mémoire de l’homme, son quotidien, ses bonheurs, ses douleurs, son ressenti à travers ce qui peut ressembler à un « schéma poétisé » de ses entrailles, c’est à la fois donner à la peinture une connotation biologique et scientifique, et relever le défi suprême qui est de nourrir l’œuvre de matière et d’esprit. Une recherche que Joseph Honein a faite sienne, en se basant sur l’axiome suivant : « La technique n’est jamais l’expression. La technique est le moyen d’expression... » Zéna ZALZAL