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Une exceptionnelle « vision » de la peinture britannique à Gand

Le musée de Gand (Flandre), au travers d’une exceptionnelle rétrospective de deux siècles de peinture britannique (1750-1950), s’attache à montrer que la peinture insulaire reflète à la fois le sens du réel et la tendance au rêve d’une société alors à son apogée. Cette « British Vision », « de Constable à Bacon », puise à des traits culturels contrastés mais finalement assez connus du Royaume-Uni. On est là proche du cliché, qui veut que les Britanniques aient le goût de la nature, qu’ils observent et reproduisent fidèlement et dans le détail grâce à leur approche empirique de l’observation. Et en même temps qu’ils aient cette capacité remarquable de distanciation, cette imagination, qui les porte à avoir le sens de l’humour en même temps que l’esprit visionnaire. Un géant comme William Morris (1836-1896), l’initiateur du mouvement Arts and Crafts, le précurseur de la défense de l’environnement, concentre à sa manière certains de ces traits saillants de la peinture britannique. Ses amis préraphaélites – Edward Burne-Jones entre autres – ont eux contribué à épurer l’art du portrait de près, choisissant de fouiller le visage vu comme un miroir de l’âme, ce qui les relie à une forme visionnaire particulière, celle du « psychologisme ». L’extraordinaire English Autumn Afternoon (notre photo) à Hampstead (1853) de Ford Madox Brown, reflète les aspirations des préraphaélites : la rêverie d’un couple face à un paysage authentique sous une lumière précisément observée à 3 heures de l’après-midi fait très moderne. De l’humour, le remarquable Edward Burra (1905-1976) en a imprégné son Mariage à la mode, peint en 1928-29. Le sens de l’horreur, sous une forme symbolique, il en a aussi montré dans son évocation des bombardements allemands sur la Grande-Bretagne (Blue Baby, Blitz Over Britain, 1941). La capacité à observer le réel et en même temps à s’en éloigner jusqu’à tomber dans l’onirisme justifient donc que l’exposition, ouverte jusqu’au 13 janvier, ait pour sous-titre « L’observation et l’imagination dans l’art britannique ». Les quelque 300 œuvres proviennent pour l’essentiel de collections publiques et privées britanniques, complétées par des prêts de musées européens et américains. Deux « grands maîtres » du paysage, William Turner et John Constable, figurent en bonne place dans une exposition qui ne laisse de côté que la peinture « de cour ». « Ce que Constable a fait n’a pas eu de suite dans son pays, mais en a eu une en France, notamment avec Paul Huet », explique le directeur du musée, Robert Hozee, lui-même spécialiste reconnu du grand peintre anglais. L’un des rares peintres belges à avoir été influencés par l’art britannique est le symboliste James Ensor (1860-1949), de père anglais et de mère belge, dont le musée de Gand a placé quelques œuvres exemplaires dans une salle en introduction à l’exposition. Il a été notamment inspiré par James Gillray. L’exposition de Gand est d’autant plus intéressante pour les Continentaux qui seraient peu familiers de l’art britannique que « les grandes manifestations de ce genre sont toujours rares, car elles obligent à retirer les œuvres permanentes des cimaises de leurs musées d’origine », souligne M. Hozee. Pour retrouver le Royaume-Uni sans avoir à traverser la Manche, la « saison anglaise » à Gand propose aussi cet automne des spectacles (théâtre, poésie), des concerts et même une exposition de design. Pascal MALLET (AFP)
Le musée de Gand (Flandre), au travers d’une exceptionnelle rétrospective de deux siècles de peinture britannique (1750-1950), s’attache à montrer que la peinture insulaire reflète à la fois le sens du réel et la tendance au rêve d’une société alors à son apogée.
Cette « British Vision », « de Constable à Bacon », puise à des traits culturels contrastés...