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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - De la boxe à la peinture Pour David David, « peindre est une façon de s’exprimer… »

Un peintre d’Erevan au pinceau magique est de passage au Liban pour organiser une exposition. Lumières d’Arménie sur un monde jetant le pont entre la grâce nipponne et le faste des grandes cours européennes des siècles passés avec crinoline, houppelande, coiffe et collerette en dentelle. Et pose héraldique teintée d’une certaine tendresse un peu froide. Ce n’est un secret pour personne, au pays de « Sayat Nova » et de « Grégoire l’Illuminateur », la vitalité de la peinture est inversement proportionnelle à la situation d’un pays qui se refait une santé sociale et économique. Une peinture aux éclats rougeoyants, attestant d’une vaste culture de tous les courants contemporains, débordante de couleurs, de parfums, de saveurs, de mouvements, de vie et d’énergie. David David, comme son nom ne l’indique certainement pas, est arménien, originaire de la ville de Vanatzogh, dans la région de Lori, et installé actuellement dans la capitale où l’art jette ses tentaculaires ramifications. De l’amour invétéré du football et de la boxe à la peinture, quel lien y a-t-il ? Aucun peut-être, sauf celui du terrain de jeu… Pour ce peintre, marié et père d’un enfant, le ring ou les limites d’un filet pour « goal » étaient bien l’aire préoccupante de tout dépassement de soi, mais la peinture a eu gain de cause. Et l’espace d’une toile est devenu le sens d’une vie. Barbe en broussaille comme les durs du Karabakh, yeux clairs verts de gris, silhouette de moine dans une chemise à carreaux portée en baba cool, ce « kegha negaritch » (peintre des beaux-arts dûment formé à la rigueur académique) a déjà sillonné toute l’Europe et exposé un peu partout de Moscou à Genève, en passant par Amsterdam et Montréal. Fidèle compagnon de la cigarette pour mieux scruter ses mégatoiles, entre flacons de térébenthine et tubes d’acrylique, à trente-cinq ans, David David ne semble pas du tout être influencé par Michel-Ange pour son nom d’ « arvestaked » (artiste) et s’exprime uniquement dans la langue de Tcharentz et de Siamento. « Je connais aussi le russe, dit-il avec sa voix marquée par le tabac. Mais je vais me mettre à l’anglais, cela assure une meilleure communication avec les étrangers. Pourtant, peindre c’est le meilleur des langages… Peindre, pour moi, c’est surtout une façon de parler, de m’exprimer…C’est une langue qui n’a pas besoin d’être traduite… » Il a sans nul doute la peinture en lui, David David. Bon sang ne saurait mentir, pardi, car David confie en toute fierté qu’il est très proche parent de Vahram, qui est son cousin ! Vahram dont les Libanais ont récemment découvert l’œuvre fourmillante de malice, d’originalité, de suprême technicité picturale. Vahram dont les toiles se sont arrachées et vendues comme des petits pains à Beyrouth et qui a littéralement ébloui les amateurs de belles toiles au pays du Cèdre. Toiles superléchées, au fini impeccable, avec un univers de la Renaissance, foisonnant de personnages surprenants et somptueusement attifés, dans des décors extravagants, échappant à tout contrôle de l’imaginaire. « Oui, poursuit le jeune artiste, à un certain moment, il est très possible que les œuvres de Vahram et les miennes aient eu de très proches affinités et se soient croisées un peu par le style, l’esprit ou l’inspiration. Mais mon parcours a vite pris un autre virage. Insensiblement, mon discours pictural a pris ses distances et opéré un certain écart. Aujourd’hui, mon univers pictural est fort différent, ma peinture parfaitement plus libre, mes personnages autrement plus tendres, mes couleurs toujours aussi vives et audacieuses, quoique parfois mes préférences se fixent au gris et à l’ocre. Non je n’ai pas peur des couleurs… C’est une manière de dompter la lumière… La peinture a le pouvoir de gommer le temps et de réunir les frontières. Elle révèle aussi l’homme de tous les temps… » C’est surtout la notion du couple qui l’emporte chez David. Scènes galantes, habitées de silence, tout en pudeur, avec des costumes aux détails minutieusement travaillés. Sans parler des effets d’étoffe « klimtienne » par leur astucieux ramage contrastant avec un fond de décor glacé, minimaliste et sobre. Pour ces volubiles et exubérants accoutrements princiers, un original métissage des siècles passés, comme pour une théâtralité figée qui n’exclut toutefois pas une expression, un peu maniériste, des sentiments. Amour des êtres (élégance du couple), des animaux domestiques, mais aussi l’amour de la musique avec un chant coloré à la mandoline, à la trompette, au luth… Si Aram Khatchadouriam, Louis Armstrong, Sting et Petrucciani reviennent dans les références musicales de David David, côté peinture, le jeune « negaritch »(peintre) fait aisément allusion aux grands maîtres, tels Sarian, Minas, Archille Gorki, mais aussi aux virtuoses du pinceau de l’école hollandaise, tels Van Dyck, Van Eyck et Van Der Goes… Pour sa première visite au Liban, David David ne tarit pas d’éloges pour ce pays tristement pris entre l’étau du marasme, la confusion et l’épée de Damoclès de toutes les incertitudes… Ses déclarations sont enthousiastes : « La mer, la montagne, cette lumière unique, une véritable bénédiction de Dieu, et des gens attachants. Que demander de plus ? » s’interroge-t-il. Et d’ajouter : « À ce tableau merveilleux ne manque que la paix… » Reste à espérer qu’au prochain séjour de David David (à la nouvelle année, où il donnera à voir plus d’une vingtaine de toiles chez Noah’s Art, à Zalka) le tableau sera sans tache, car peut-être la paix serait revenue aussi bien dans les cœurs que dans les esprits. Après tout, l’art renforce l’amitié, la connaissance humaine et facilite la paix entre les hommes… Edgar DAVIDIAN
Un peintre d’Erevan au pinceau magique est de passage au Liban pour organiser une exposition. Lumières d’Arménie sur un monde jetant le pont entre la grâce nipponne et le faste des grandes cours européennes des siècles passés avec crinoline, houppelande, coiffe et collerette en dentelle. Et pose héraldique teintée d’une certaine tendresse un peu froide.
Ce n’est un...