Football - La FA s’est lancée en quête d’un successeur chargé de qualifier l’équipe pour le Mondial 2010 Steve McLaren fait les frais de l’élimination de l’Angleterre de l’Euro 2008

Le limogeage jeudi du sélectionneur de l’Angleterre Steve McLaren au lendemain de l’élimination de l’Euro ne dissipe pas les inquiétudes d’un pays qui a peu de motifs de croire en des lendemains qui chantent. Depuis l’échec du Mondial 1994, l’Angleterre a pris part à toutes les phases finales du Mondial et de l’Euro. Sa dernière absence sur la scène continentale remonte à 1984. La Fédération anglaise (FA) s’est lancée en quête d’un successeur chargé de qualifier l’équipe pour le Mondial 2010. Après s’être séparée en juillet 2006 du Suédois Sven Goran Eriksson, la FA se retournera vraisemblablement vers un étranger, Alan Shearer, étant dépourvu d’expérience, Sam Allardyce s’étant retiré du jeu, tandis qu’Harry Redknapp a dit son intérêt, tout en concédant qu’il ne pensait pas qu’il serait contacté. Le Portugais Jose Mourinho apparaissait comme le favori, mais la BBC a affirmé que le poste ne l’intéressait pas. Comme il est peu probable que Luiz Felipe Scolari et Guus Hiddink abandonnent le Portugal et la Russie avant l’Euro, cela laisse le Nord-Irlandais Martin O’Neill en tête de liste. Mais il est en contrat, avec Aston Villa. Ce qui n’est pas le cas de l’Italien Fabio Capello, qui a exprimé son intérêt. Nommé par défaut, objet de la défiance générale depuis, McLaren, qui a dit « comprendre » son renvoi et reconnu vivre « le jour le plus triste de (sa) carrière », est le premier bouc émissaire. Le Daily Mail le décrit comme l’« imbécile avec un parapluie », à côté d’une photo de l’ex-sélectionneur sous la pluie de Wembley. Mais malgré les insuffisances montrées lors de ses 18 matches, le bail le plus court pour un sélectionneur anglais, McLaren n’est pas le principal mal dont souffre l’Angleterre. Elle n’a plus battu de nation majeure depuis une victoire en amical sur l’Argentine en novembre 2005 (3-2). En compétition officielle, il faut remonter à l’Euro 2004 contre la Croatie (4-2). Pour l’ex-défenseur de Liverpool, Alan Hansen, l’Angleterre a atteint « un nadir historique ». « Il y a une immense différence entre la Premier League et le football international », estime un prédécesseur de McLaren, Graham Taylor. « Immense perte pour l’Euro » Sur les joueurs utilisés mercredi, deux sont titulaires dans des grands clubs (Gerrard à Liverpool, Lampard à Chelsea). Seuls une cinquantaine d’Anglais jouent régulièrement en première division, aucun dans un grand club étranger. Cette absence de profondeur a été illustrée par les absences, mercredi, de Wayne Rooney, Michael Owen, Rio Ferdinand et John Terry, qui n’ont pas de doublure crédible. À l’exception de Rooney, les cadres de l’équipe auront atteint ou dépassé la trentaine lors du Mondial 2010. Parmi la relève, seuls le défenseur Micah Richards (19 ans) et les attaquants Theo Walcott (18 ans) et Gabriel Agbonlahor (21 ans) semblent disposer du potentiel pour le haut niveau. Le fiasco va renforcer le camp des avocats d’un quota d’autochtones dans les équipes de Premier League qui s’est défendue jeudi d’être responsable de la faillite de la sélection. La faiblesse technique des joueurs anglais, criante face aux habiles Croates, relancera les critiques sur la formation et le niveau des entraîneurs, dont McLaren n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’ancien joueur de Manchester United Roy Keane s’en est pris aux « ego », aux « têtes enflées » qui peupleraient le vestiaire anglais. « Réveillez-vous ! » a exhorté l’entraîneur de la Croatie Slaven Bilic, qui avait fustigé l’« excès de confiance » des Anglais. À en croire la réaction de Terry, la remise en cause n’est pas acquise : « Notre absence va être une immense perte pour l’Euro. »