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Actualités - OPINION

Débat en petit comité sur l’aiguillage de Bkerké

Le patriarche Sfeir n’a-t-il pas fait fausse route en établissant sa liste sans véritables garanties sur la tenue effective de la présidentielle ? Ce thème a été au centre d’un débat privé réunissant d’éminentes personnalités officielles, politiques et religieuses. Certains ont défendu Bkerké. En mettant en avant la force persuasive de l’argumentation française déployée auprès de Bkerké. Pour lui faire valoir qu’il doit impérativement établir sa liste. Sans quoi l’élection ne pourrait avoir lieu, et il en serait tenu moralement responsable. Se laissant convaincre par cette logique, le patriarche a donc surmonté ses réticences. Mais en posant une condition précise : que son initiative serve effectivement de clé pour ouvrir les portes scellées de la Chambre. Autrement dit qu’à partir du moment où il aurait accompli son geste, le quorum soit garanti. Donc, pour parer le danger peut-être mortel d’un vide institutionnel, le patriarche a consenti à oublier le précédent de 1988, expérience si amère pour lui. Il a de même pris sur lui de fâcher les candidats potentiels exclus de sa nomenclature. Mettant de côté, au titre d’une nécessité extraordinaire, son devoir ordinaire d’équidistance, de non-discrimination, par rapport à l’ensemble de ses fils spirituels maronites. Le patriarche Sfeir, expliquent ces cadres, s’est fié aux assurances françaises, répercutant elles-mêmes des promesses syriennes faites aux envoyés du président Sarkozy. Il s’est également appuyé sur les serments de loyauté à son égard prêtés par les négociateurs des deux camps, le président Berry et M. Saad Hariri. Ainsi que sur de multiples déclarations de pôles divers affirmant que les préceptes de Bkerké seraient fidèlement suivis. Toutes les vestes retournées Mais quand le prélat a remis sa liste aux Français, quelle n’a pas été sa surprise d’apprendre que les Syriens venaient de trahir leurs engagements initiaux de coopérer positivement. De ce fait, Paris s’est retrouvé lui-même en porte-à-faux, ses assurances ne valant plus rien. Dès lors, Mgr Sfeir, ulcéré mais aussi alarmé au plus haut point, a fait savoir qu’il considère sa liste comme nulle et non avenue si le quorum n’est pas garanti. Ajoutant qu’ayant accompli son devoir, il attend désormais que les autres fassent de même. Pour couronner le tout, on apprenait, à travers les tractations Berry-Hariri, que Damas opposait son droit de veto (sic !) au sujet de nombre de noms de la liste Sfeir. Pour n’accepter que cheikh Michel el-Khoury, MM. Michel Eddé et Robert Ghanem. En excluant donc non seulement les candidats du 14 Mars, MM. Nassib Lahoud et Boutros Harb, mais aussi le général Michel Aoun, candidat soutenu par l’opposition. De plus, les parties en présence ont émis tant de réserves réciproques ou mutuelles sur les trois noms précités qu’il est rapidement apparu qu’un accord restait hors de portée. Des pôles de l’opposition se sont remis à répéter qu’il n’y aurait pas d’élection tant qu’un consensus n’était pas réalisé. Mgr Sfeir, concluent ces sources, a fait ce qu’il avait à faire et n’a absolument rien à se reprocher, bien au contraire. Contradiction Mais d’autres intervenants ne sont pas tout à fait du même avis. Ils pensent que le patriarche s’est trompé. D’abord en affichant une préférence pour des noms déterminés, aux dépens d’autres candidats tout aussi valables. Ensuite en débordant de son rôle pour empiéter sur les prérogatives de la Chambre, seule instance ayant un droit de sélection. Cela alors même qu’il ne cessait de répéter ne pas vouloir se substituer à cette institution démocratique. Puis en se fiant aux assurances reçues, alors que nul n’ignore que les promesses, notamment diplomatiques, n’engagent que ceux qui y croient. Surtout quand elles émanent de parties aussi fiables que la Syrie. Puissance qui n’a pas un seul instant cessé de dresser ses alliés du cru contre la présidentielle autant que contre l’État de droit libanais. Pour forcer les Libanais, 14 Mars en tête, à accepter n’importe quel choix en vue d’éviter le vide institutionnel. Tout comme d’ailleurs, sur un plan majoritaire interne, pour prévenir les risques de dislocation suite à de vifs désaccords sur la voie à suivre. Selon ces personnalités critiques, Mgr Sfeir risque maintenant, si la présidentielle n’est pas sauvée, de voir les politiciens l’accabler de reproches en lui imputant la responsabilité d’avoir finalement desservi les intérêts bien compris de sa communauté comme ceux du pays. Émile KHOURY
Le patriarche Sfeir n’a-t-il pas fait fausse route en établissant sa liste sans véritables garanties sur la tenue effective de la présidentielle ?
Ce thème a été au centre d’un débat privé réunissant d’éminentes personnalités officielles, politiques et religieuses.
Certains ont défendu Bkerké. En mettant en avant la force persuasive de l’argumentation française déployée...