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SUCCESS STORY - Détenteur de l’un des prix GoBio 2007 décernés par le ministère allemand de la Recherche Jacques Rohayem, en passe de développer une nouvelle classe de médicaments pour le traitement du cancer Nada MERHI

Une nouvelle classe de médicaments, encore en phase de développement préclinique, pourrait voir le jour dans quelques années, présentant ainsi une nouvelle arme de lutte contre le cancer. Derrière ce projet, Jacques Rohayem, virologiste français d’origine libanaise. Détenteur du prix GoBio 2007 décerné par le ministère allemand de la Recherche, Jacques Rohayem espère produire ce médicament à un coût réduit et en quantité industrielle pour pouvoir s’attaquer à plusieurs types de cancers, mais aussi à des maladies dégénératives. De père libanais et de mère française, Jacques Rohayem est le chef du département de virologie moléculaire à l’Université de technologie de Dresde en Allemagne. À la tête d’une équipe comptant 18 chercheurs et techniciens de laboratoire, il a été l’un des sept lauréats de l’édition 2007 du prix GoBio qui « récompense des chercheurs dans le domaine des sciences médicales ayant contribué par leurs travaux scientifiques à une avancée majeure dans le domaine médical et projetant de commercialiser leur projet à travers une entreprise de biotechnologie ». Au total, 85 projets représentant l’Allemagne étaient en lice. « L’importance de ce prix réside dans la sélection faite, comme dans la portée scientifique et médicale qui découle des projets soumis », explique le Dr Rohayem. Baptisé « siRox : avance siRNA technologies », le projet de Jacques Rohayem consiste à créer une entreprise pour développer une nouvelle classe de médicaments contre le cancer basée sur les « small interfering RNAs » ou siRNA. Il s’agit d’un phénomène décrit en 1998 par deux chercheurs américains, Craig Mello et Andrew Fire, qui ont reçu le prix Nobel de médecine en 2006. Les travaux de Mello et Fire avaient porté sur l’ARN (acide ribonucléique), qui sert d’intermédiaire dans la circulation de l’information génétique de l’ADN aux protéines. Les deux chercheurs américains avaient découvert un mécanisme, appelé « interférence ARN », permettant de « réduire au silence des gènes », espérant ainsi pouvoir établir de nouveaux traitements pour lutter contre les infections virales, les maladies cardio-vasculaires et les dérèglements hormonaux. « Dans le cadre de notre projet, explique Jacques Rohayem, nous visons à développer des médicaments (les siRNA) basés sur ce mécanisme. Ces molécules permettraient la destruction des cellules cancéreuses en éliminant les protéines qui y sont spécifiques, sans pour autant toucher aux cellules saines. Cela se traduit par une très haute efficacité thérapeutique et beaucoup moins d’effets secondaires. » Une large diffusion de la thérapie Il est important de préciser à ce stade qu’il s’agit encore « d’une thérapie en voie de réalisation ». « L’un des problèmes rencontrés actuellement dans la production des molécules siRNA à usage thérapeutique réside dans le coût et le caractère complexe de cette production, souligne Jacques Rohayem. La production d’un milligramme de siRNA s’élève en fait à 600 euros. Une dose thérapeutique de 4 grammes par jour coûterait ainsi 2,4 millions d’euros. De plus, il faudrait 20 tonnes par an pour traiter les tumeurs du poumon, du foie et du sein, ainsi que les mélanomes. C’est exactement à ce stade-là que mon équipe entre en jeu. Mon invention a en effet pour but de permettre la production industrielle du médicament, pour permettre une large diffusion de la thérapie, notamment dans les pays non industrialisés ou en voie de développement. Ceci a pour effet d’améliorer l’espérance de survie des patients. » La thérapie par interférence ARN peut être appliquée à toutes les tumeurs, « à condition qu’elles expriment une protéine cancéreuse spécifique », mais aussi aux maladies infectieuses, comme le VIH/sida et la grippe, aux maladies dégénératives, la dégénérescence de la rétine à titre d’exemple, ou encore l’hypercholestérolémie. « Des essais cliniques de phase 1 sur l’application de cette thérapie dans les infections virales et la dégénérescence de la rétine ont déjà eu lieu aux États-Unis, constate Jacques Rohayem. Les résultats sont très encourageants. » Où en êtes-vous ? « Nous avons déjà démontré que cette thérapie est efficace pour le traitement des cancers chez les souris, répond-il. Nous pensons débuter les essais cliniques chez les patients dans trois à cinq ans. Il est important de souligner à ce stade que des compagnies pharmaceutiques aux États-Unis ont déjà montré l’efficacité de la thérapie par interférence ARN pour le traitement de la dégénérescence maculaire aiguë et l’infection du poumon par le virus respiratoire syncytial. De nombreux essais cliniques sont par ailleurs en cours et devraient déboucher d’ici deux à trois ans sur des médicaments de première génération. »
Une nouvelle classe de médicaments, encore en phase de développement préclinique, pourrait voir le jour dans quelques années, présentant ainsi une nouvelle arme de lutte contre le cancer. Derrière ce projet, Jacques Rohayem, virologiste français d’origine libanaise. Détenteur du prix GoBio 2007 décerné par le ministère allemand de la Recherche, Jacques Rohayem espère...