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Actualités - OPINION

Lettre ouverte à Fouad Siniora Réconcilier les Libanais avec leur gouvernement Habib HUSNI

Au moment de votre prise en charge de vos fonctions, vous avez été décrit par une large partie de la population ainsi que par de nombreux observateurs comme un des meilleurs Premiers ministres que le pays ait jamais connus. En effet, votre expérience passée au sein de grandes entreprises régionales, vos qualités de diplomate ainsi que votre message clair, direct, loin de toute polémique politicienne, empreint du désir de servir le pays ont fait de vous le candidat idéal pour remplir efficacement la fonction de chef de gouvernement dans ce pays en perpétuel équilibre instable. Certains hommes politiques, obnubilés par la conquête du pouvoir, n’ont vu dans votre sagesse et votre habileté qu’une menace à leurs propres ambitions politiques. Dès lors, votre recherche d’une politique de croissance et de développement ne pouvait plus coexister avec l’action de vos partenaires qui sont devenus vos adversaires sous l’impulsion d’influences régionales. Pendant que vous étiez occupé à planifier et à diriger le redressement économique du Liban, d’autres hommes politiques libanais étaient occupés à planifier de nouvelles confrontations contre l’ennemi israélien, tout en s’associant ouvertement avec de grands axes régionaux, cherchant à tout prix à justifier leur action et prenant pour prétexte l’occupation des fermes de Chebaa, une question que l’Onu s’était pourtant engagée à résoudre pacifiquement à travers une action diplomatique et dans le respect des lois internationales. Petit a petit, une crise politique a été montée de toutes pièces pour vous atteindre et vous avez été contraint de gérer une succession de crises destinées à ébranler votre équipe et à effacer les acquis de la révolution du Cèdre. Votre réaction a encore une fois été positive, vous avez essayé de préserver les intérêts des Libanais, malgré une marge de manœuvre extrêmement limitée. Vous avez tenu à respecter vos opposants et vous avez apporté la preuve ultime de votre esprit démocratique en tolérant une occupation quasi militaire du centre-ville qui a pourtant atteint les intérêts d’importantes entités économiques ainsi que ceux de petits et moyens investisseurs. Aucun gouvernement au monde, aucune législation aussi libérale soit-elle n’auraient toléré de pareils agissements. Les gouvernements des pays voisins, et régionaux en particulier, ont dû trouver votre attitude candide, digne d’un chef de troupe scoute. Vous avez surtout fait preuve de qualités d’homme d’État qui sait conserver sa dignité en toutes circonstances ; sachant pertinemment que le vrai chef d’orchestre de toute cette mise en scène se trouvait à une centaine de kilomètres de Beyrouth, protégé par une frontière internationale et par un appareil étatique brutal et sanguinaire, qui avait eu la prétention de vouloir vous insulter publiquement… Je voudrais vous dire M. Siniora que l’insulte est l’arme des esprits faibles et des lâches qui ont perdu toute faculté d’expression, et dont le problème relève tout autant de la psychiatrie clinique que de valeurs culturelles ou d’éducation déficientes. Vous avez dû faire face à un dilemme et choisir entre la raison et la passion. Malheureusement, dans cette région du monde qu’est le Proche-Orient (et dans ce pays qui en fait partie), c’est la passion qui l’emporte souvent sur la raison. Vos adversaires politiques ont donc réussi à entraver partiellement vos efforts et à ternir les succès diplomatiques et financiers que vous avez si patiemment réalisés. Ils ont aussi saboté et ralenti un programme de réformes dont le peuple libanais a urgemment besoin. Monsieur le Premier ministre, les problèmes de notre déficit budgétaire, de la dette publique, de la stabilité et de la sécurité sont des problèmes importants qui ne pourront être résolus à court terme. Le pays a besoin de décisions radicales et courageuses pour réduire la corruption et le gaspillage. Il est grand temps de les prendre et de les appliquer, surtout dans le domaine de l’électricité, de la Sécurité sociale et du surnombre des fonctionnaires du secteur public. Les citoyens ont aussi droit à l’amélioration des services publics et au progrès dans l’application équitable des lois ; sans cela, tout gouvernement n’aurait pas sa raison d’être et ferait mieux de démissionner. Il est essentiel dans l’intérêt des Libanais de poursuivre votre action, les réformes que vous avez entreprises et continuer de ne prendre en considération que l’intérêt des citoyens ordinaires et particulièrement des plus défavorisés d’entre eux. Il est tout aussi important de s’occuper urgemment de la protection et de l’assainissement de l’environnement qui se dégrade de façon rapide et irréversible. Il n’est pas permis de tolérer autant de pollution de nos forêts, de nos montagnes et de nos côtes qui attirent tant de touristes. Où sont les agents censés dissuader les contrevenants et les obliger à payer des amendes appropriées ? La sécurité routière est dans un état déplorable et nous coûte un nombre important de vies humaines. Il est temps d’exiger des fonctionnaires des administrations publiques et des agents de la sécurité qu’ils fassent preuve de sérieux, de professionnalisme et de rigueur dans leur comportement pour modifier cette image désolante d’inefficacité et de corruption tellement répandue. Il est temps d’appliquer les limites de vitesses, le port de la ceinture de sécurité, l’interdiction d’utiliser les téléphones portables au volant, ainsi que la claire délimitation des routes par applications des bandes de séparation que les automobilistes n’ont presque jamais vues. Je ne ferai que mentionner rapidement les tarifs exorbitants de la téléphonie mobile, qui ne trouvent plus aucune justification, étant donné que les deux sociétés (Cellis et Libancell) avaient saigné à blanc les utilisateurs pendant de longues années et que nous sommes désormais à la traîne des pays en terme d’introduction de technologies nouvelles de l’information. Qu’attendez-vous pour faire appliquer des réductions progressives des tarifs en vigueur afin d’alléger les factures des citoyens, alors que cet outil de communication est devenu essentiel ? Quand constaterons-nous enfin une amélioration au niveau de la distribution d’électricité et d’eau ? Enfin, quels sont les organismes supposés informer les citoyens de façon transparente et objective sur les objectifs que votre gouvernement s’est fixé ainsi que sur l’état de leur avancement ? Je pense qu’il est temps, Monsieur le Premier ministre, de traiter les citoyens en partenaires responsables et qu’il est du devoir des organismes publics de rendre compte de l’état d’avancement des grands projets qui auront un impact sur le niveau de développement du pays et de la population. Peut-être qu’alors, les citoyens se sentiraient davantage concernés par l’action de votre gouvernement et seraient plus enclins à respecter cet État moderne que nous voulons à la hauteur de nos attentes. Le résultat de votre action politique sera un jour évalué suivant votre capacité à changer et faire évoluer les mentalités et attitudes des Libanais, à votre capacité de les réconcilier avec leur gouvernement, à leur donner confiance en leurs services publics et en imposant le respect de la fonction. C’est là un vrai défi qu’il importe de relever, surtout à l’approche des échéances prochaines. Nous sommes convaincus que vous êtes et resterez le candidat le plus qualifié à la fonction que vous occupez et que la réussite de votre action n’est qu’une question de temps. Ayant déjà surmonté les obstacles semés sur votre route, atteindre vos objectifs ne saurait tarder.
Au moment de votre prise en charge de vos fonctions, vous avez été décrit par une large partie de la population ainsi que par de nombreux observateurs comme un des meilleurs Premiers ministres que le pays ait jamais connus. En effet, votre expérience passée au sein de grandes entreprises régionales, vos qualités de diplomate ainsi que votre message clair, direct, loin de toute...