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Actualités - CHRONOLOGIE

Les overdoses sont 20 à 50 fois plus élevées qu’en temps normal, concluent des études européennes La sortie de prison, moment à haut risque pour les usagers de la drogue Rubrique réalisée par Nada Merhi

La sortie de prison est un moment à haut risque pour les consommateurs de drogue, ont souligné associations et institutions européennes, réunies à Venise dans le cadre de la conférence « Démocratie, villes et drogues », insistant sur la nécessité de renforcer les prises en charge sanitaires et sociales « Sortir de prison constitue un risque très élevé, parfois mortel, pour certains consommateurs de drogue », explique Cinzia Brentari, chef de projet du réseau européen pour la prévention auprès des usagers de la drogue en prison (Endipp). Des études européennes récentes montrent que la probabilité de décès lié à la consommation de drogue (overdose) est 20 à 50 fois plus élevée qu’en temps normal dans la première semaine suivant une libération « Le second problème le plus criant est le manque de continuité dans les soins, poursuit Mme Brentari. Pour commencer, les consommateurs de drogue ne devraient pas se retrouver en prison et les alternatives à l’emprisonnement devraient se développer dans tous les pays. » « Les traitements qui peuvent se révéler beaucoup plus efficaces que la répression et l’enfermement pour réduire les usages problématiques de la drogue et la criminalité » devraient également être développés, ajoute-t-elle. « Pour nous, c’est une question très importante », affirme pour sa part Natacha Grenier, de la direction générale de la santé de la Commission européenne. « Nous voulons accompagner la mise en place de politiques de prise en charge dignes et adaptées pour les usagers de drogues et parvenir à un véritable accompagnement de la sortie lorsqu’il y a eu enfermement », note-t-elle. « La prison ne marche pas pour réduire les addictions », assure de son côté Thomas Legl, du réseau européen des centres de soins pour toxicomanes (Euro-TC), basé à Vienne. « Au contraire, elle vient souvent briser des traitements et renforce le mal-être de l’usager », indique-t-il. « Au Royaume-Uni, comme dans la plupart des autres pays européens, la répression est mise en avant et les problèmes sociaux, les inégalités économiques et raciales, qui sont souvent à l’origine de la prise de drogue, sont totalement laissés de côté au profit de la répression », constate Karim Murji, professeur de sciences sociales en Grande-Bretagne (Open University). Les données concernant la drogue en prison sont rares et incomplètes, ont rappelé les participants à la conférence, mais l’on peut dire que dans l’UE, les consommateurs de drogue sont surreprésentés en prison. Dans des études récentes, 8 à 73 % des prisonniers européens ont déclaré avoir consommé des drogues avant leur arrivée en prison, 7 à 38 % par injections. Huit à 51 % de ces détenus interrogés avaient poursuivi leur consommation en prison, entraînant une propagation rapide du VIH et des hépatites B et C. Mme Brentari soutient que « de véritables politiques de santé publique européennes passent par un accompagnement social et sanitaire complet des usagers de drogues à la sortie de prison ». Ce soutien doit comprendre, selon elle, un aspect médical (traitements de substitution ou échanges de seringues, soutien psychologique...) mais aussi une aide en matière de logement et d’emploi. De telles mesures, qui restent rares dans les pays membres de l’UE – et dans notre pays aussi –, peuvent « aider à réduire la criminalité, faciliter la réinsertion, augmenter les chances de succès des traitements » et surtout « sauver des vies », conclut le professeur Ambros Uchtenhagen, de l’Institut de recherche sur la santé publique et les addictions de Zurich (Suisse). Si la conférence est limitée aux pays européens, le problème n’en demeure pas moindre dans les autres pays, notamment chez nous au Liban, où les conditions d’emprisonnement sont lamentables en dépit des efforts déployés pour les améliorer.
La sortie de prison est un moment à haut risque pour les consommateurs de drogue, ont souligné associations et institutions européennes, réunies à Venise dans le cadre de la conférence « Démocratie, villes et drogues », insistant sur la nécessité de renforcer les prises en charge sanitaires et sociales
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