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Parlementaires en « détention provisoire » May SALHA

Longtemps déjà que la majorité des Libanais octroie au « titre » de député une consonance péjorative. Affublés de maints défauts, le plus saillant ayant trait à « l’enrichissement sans cause », ces messieurs ne semblaient jamais assez crédibles (à de rares exceptions près) aux yeux du commun des mortels que nous formons en tant que peuple. Il faut préciser qu’il ne nous vint jamais à l’esprit que ces derniers s’accréditaient normalement d’une obligation de moyens (et, apparemment, ils n’en avaient que trop peu, admettons-le) et non de résultats !... Mais voilà que l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri change la donne en réveillant ce peuple opprimé de sa torpeur, et tous les politiciens avec lui. Les seigneurs de la guerre (jadis féroces) font leur mea culpa et s’unissent avec ferveur pour sauver et préserver le pays. Dieu merci qu’il n’en soit jamais trop tard… Le coup de théâtre inattendu interviendra lorsque la vie des politiciens en question subit des assauts. Mortels, précisons-le. Et à qui mieux mieux. Non pas (à Dieu ne plaise !) que le bourreau devienne victime, mais qu’une certaine élite politique privilégiée devienne cible, il n’en faut pas plus pour déstabiliser les Libanais et leur propre sécurité avec. La solution la plus intelligente était donc d’« emprisonner » les parlementaires en danger (et causant danger) dans une prison « feutrée » (le terme « doré » semble totalement inadéquat). Ainsi fut fait, et l’hôtel Phoenicia succédera à Rachaya pour occuper quelques pages dans l’histoire de ce pays. Cynisme et ironie mis à part, rendons à César son dû et soyons clairs : chapeau mesdames et messieurs ! Nous vous saluons bien bas et nous sommes fiers de vous. Si votre vie est mise à prix, vous en sacrifiez ce que l’être humain a de plus cher : la liberté. Inestimable, comme vous ne faites d’ailleurs que le constater. N’en déplaise aux esprits coincés (pour ne pas dire bornés), je ne vois vraiment pas en quoi on pourrait vous envier votre lieu de détention. Le Phoenicia, et alors ? Vous en avez certainement connu d’aussi (et mieux) cotés. Alors, balivernes ! Mesdames et messieurs, vous avez tous une profession que vous avez volontairement mise en veilleuse. Vous avez tous une famille, que vous négligez involontairement. Vous avez, plus ou moins, des problèmes de santé, mais vous vous débrouillez et faites avec. Vous avez connu des naissances dont vous n’avez pas pu profiter ; vous avez connu des deuils et le remords qui accompagne l’absence ; vous avez enduré des problèmes personnels, professionnels, familiaux ; mais vous persévérez, vaille que vaille. Avec humour, dérision, patience et sagesse. À la libanaise, quoi. Avec finesse et intelligence aussi… Toutes ces facettes de votre personnalité que nous découvrons avec intérêt vous rendent humainement sympathiques et professionnellement très crédibles. Bravo messieurs ! Votre « détention provisoire » est une première dans l’histoire des politiques. La rançon de l’échéance cruciale pour laquelle nous nous battons tous avec vous. Le prix de votre liberté n’aura d’égal que l’avenir de ce pays. C’est pourquoi nous vous assurons tous de notre soutien en vous souhaitant de signer la dernière page dans l’histoire des misères de ce peuple. L’avenir nous le confirmera. Nos respects, mesdames et messieurs. Article paru le mardi 13 novembre 2007
Longtemps déjà que la majorité des Libanais octroie au « titre » de député une consonance péjorative. Affublés de maints défauts, le plus saillant ayant trait à « l’enrichissement sans cause », ces messieurs ne semblaient jamais assez crédibles (à de rares exceptions près) aux yeux du commun des mortels que nous formons en tant que peuple. Il faut préciser...