Rechercher
Rechercher

Actualités

SOCIÉTÉ - L’ayahuasca, une liane mystérieuse et redoutée Au Pérou, un médecin communique avec les plantes pour sauver les drogués

Dans la forêt amazonienne du Pérou, un des plus gros producteurs mondial de coca, un médecin, et son équipe de chamanes et thérapeutes luttent pour sauver les drogués, utilisant la force de l’ayahuasca, une liane mystérieuse et redoutée. Ancien de Médecins sans frontières (MSF), le docteur Jacques Mabit a exercé au Pérou de 1980 à 1983 avant d’y ouvrir en 1992 à Tarapoto (800 kms au nord-est de Lima), le centre de Takiwasi (la maison qui chante) destiné à soigner une quarantaine de toxicomanes par an. S’inspirant des chamanes et guérisseurs d’Amazonie, le praticien français assure suivre l’enseignement de l’esprit des plantes avec lesquelles, dit-il, il peut communiquer. Les toxicomanes, la plupart péruviens et sans le sou, mais aussi européens, ont déjà tenté de s’affranchir de la drogue, le plus souvent de la pâte de base de cocaïne (PBC). Ils vont vivre neuf mois à Takiwasi à la lisière de Tarapoto, petit village isolé. « Pour quinze ans de consommation (de drogue), neuf mois de traitement, c’est court », constate le médecin des plantes dans un entretien à l’AFP, tout en revendiquant un taux de réussite approchant les 70 %. Si ce traitement peu rationnel coûte 750 dollars par mois, certains drogués impécunieux mais motivés sont pris en charge gratuitement. Un régime des plus stricts attend les drogués : diète drastique, purges répétées, sauna et massage. « On arrive à pallier le manque avec des plantes médicinales, les patients sont surpris de ne pas le ressentir » remarque-t-il. Ensuite, après un régime sans sel, ils affronteront l’ayahuasca, la « plante maîtresse » qui peut rendre fou. Une nuit, en pleine forêt, le patient avalera le breuvage sacré, bercé par le chant lancinant du chamane. Durant les neuf mois de traitement, le toxicomane prendra 25 fois ce « sérum de vérité », émanation, selon les guérisseurs, des esprits de la forêt. La force hallucinogène de l’ayahuasca les poussera à visualiser leur vie, et chaque souvenir douloureux sera expulsé. « Si tu as vomi, c’est que tu as touché en toi un nœud important, indique le docteur. Ils vomissent leur peur, leur orgueil, leur colère, c’est une angoisse qu’ils sortent avec intensité. » Pour le docteur des plantes, l’ayahuaca ne va pas créer de dépendance, et si elle est redoutée, c’est qu’elle peut servir à jeter des sorts. « Je suis défenseur d’un certain usage de l’ayahuasca (...) quand c’est bien utilisé et si on est motivé, c’est un instrument d’exploration extraordinaire. » Poursuivi en France il y a quelques années pour dérive sectaire et escroquerie, le médecin controversé assure avoir obtenu un non-lieu. Le docteur des plantes organise aussi autour de l’ayahuasca des séminaires de quelques jours. « Là, ce ne sont pas des toxicomanes, mais des gens qui viennent pour des questions personnelles, existentielles ou psychologiques. » Avec cette plante hallucinogène, ils voient défiler leur imaginaire, leurs rêves et leurs fantasmes. Parfois, il y a une session à thème comme celle sur le « Chamanisme et christianisme » suivi par le père Yves Hardel. « C’est très fort comme rencontre, on sent la lutte avec les puissances du mal », confie cet ancien prêtre marin de Dunkerque, qui officie aujourd’hui dans une paroisse déshéritée de l’altiplano. Certains guérisseurs ont senti le filon et les tour-opérateurs d’Iquitos proposent aux touristes pour 200 dollars des séances d’« ayahuasca light » aux visions garanties. Des chamanes organisent des séjours confortable à 3 000 euros, avec prise d’ayahuasca pour régler les problèmes avec « papa, maman » ou résoudre un différent conjugal.
Dans la forêt amazonienne du Pérou, un des plus gros producteurs mondial de coca, un médecin, et son équipe de chamanes et thérapeutes luttent pour sauver les drogués, utilisant la force de l’ayahuasca, une liane mystérieuse et redoutée.
Ancien de Médecins sans frontières (MSF), le docteur Jacques Mabit a exercé au Pérou de 1980 à 1983 avant d’y ouvrir en 1992 à Tarapoto (800...