COLLECTIONS Élie Saab joue les hirondelles au Carrousel du Louvre et parraine « Mission Fashion » Page réalisée par FIFI ABOU DIB

La haute couture a ceci de charmant qu’elle vit toujours avec une saison d’avance. Le 6 octobre, la maison Élie Saab, fleuron de cet art désormais très libanais de créer la mode, présentait sa collection prêt-à-porter printemps-été 2008 au Carrousel du Louvre. La salle Delorme regorgeait de célébrités réjouies à l’idée de vivre par anticipation les feux d’une saison encore à naître. C’est peu dire que le public en eut pour sa joie. Est-ce un hasard ? Saab a choisi pour thème les années cinquante, ces glorieuses du cinéma américain où le monde groggy de l’après-guerre célébrait avec une énergie et un éclat sans pareil la paix revenue. Un nouveau printemps donc, dans tous les sens du terme, sorti des rêves d’un Élie Saab dont la signature désormais universelle garde la marque d’un attachement douloureux au Liban. Dans cette collection où la robe est reine, on retrouve les volumes très « Blow-up » des jupes cloche ou larges marquant la taille, servies par des textures lumineuses et fermes telles que l’organza et le taffetas à gros grain. Moulures et paillettes, abondance de motifs géométriques, valse de couleurs vives et d’imprimés, audace du violet et du jaune, permanence du noir, rassurant, structurant, éclatant. Composition florale ou esprit music-hall, semis à la Pollock ou aplats soulignés de noir à la Fernand Léger, la vamp comme l’ingénue y trouvent leur compte. La robe longue, cheval de bataille d’Élie Saab, tient évidemment la vedette avec une débauche de taffetas parfois agrémenté d’un effet boléro, de cols stylisés ou de volants sur épaules dégagées. Elles épousent et sculptent la silhouette, suivent les courbes et les subliment. Jouant les contrastes du rigide et du fluide, du transparent et de l’opaque, elles étirent l’allure dans leurs drapés subtils et partent en torchère dans un concert de voiles. Plus que jamais, Élie Saab, jouant les hirondelles, annonce avec son prêt-à-porter du printemps prochain une saison réjouissante. On y trouvera autant de prêt-à-rêver que de prêt-à-s’envoler, de prêt-à-partir que de prêt-à-séduire ; du prêt-à-éblouir surtout. Parrainant avec plus d’une quinzaine de maisons de haute-couture la 15e nuit internationale de l’enfance, Élie Saab était également présent le 8 octobre à cet événement où défilaient trois de ses créations dans un déluge d’applaudissements. À l’Orangerie du château de Versailles, sous l’égide de SAR la princesse Lalla Salma du Maroc, la Fondation pour l’enfance présidée par Anne Aymone Giscard d’Estaing fêtait à l’occasion son 30e anniversaire. Le thème de la soirée était un défilé haute-couture en noir et blanc de modèles créés au cours des trente années écoulées, 1977-2007. De retour au Liban, Saab parrainera pour la deuxième année consécutive l’émission spécialisée Mission Fashion diffusée sur la chaîne numérique LBCI. Ce programme a pour but de révéler et d’accompagner de jeunes talents dans les deux domaines de la mode et du mannequinat. Une occasion pour le géant libanais de la haute-couture de réaffirmer sa profession de foi : « À travers mes créations, j’ai toujours fait la promotion d’une belle image du Liban. Lorsque j’ai commencé ce métier, mes parents étaient contre. Aujourd’hui je suis fier de voir l’attrait que ce métier représente pour des dizaines de jeunes. Tout mon travail de création se fait à partir du Liban. Je suis basé à Beyrouth même si je voyage beaucoup (…). Pour moi, il est capital de travailler, de“ créer” à Beyrouth. Beyrouth peut devenir une capitale de la mode, et j’œuvre beaucoup en ce sens. »