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Société - Les règlements contre le « baggy » viseraient les jeunes noirs américains Interdire le pantalon tombant, une nouvelle forme de discrimination aux États-Unis

Aux États-Unis, interdire le pantalon « baggy » qui tombe au-dessous de la taille constitue une nouvelle forme de discrimination envers les jeunes noirs américains, déjà souvent mis à l’index dans la société américaine, affirment certains experts. Une demi-douzaine de villes de Louisiane ont passé des ordonnances contre le pantalon tombant, affirmant qu’il était indécent. Et une autre douzaine de villes prévoient d’en faire autant, dont Atlanta (Georgie, Sud-Est), Baltimore (Maryland, Est), et Dallas (Texas, Sud). « Ces mesures affectent toujours les mêmes », affirme Wilhelmina Leigh, chargée de recherches au Centre des études politiques et économiques de Washington, un organisme qui se concentre sur les problèmes touchant la communauté afro-américaine. « Les tatouages, les piercings, les coupes de cheveux punk font aussi partie de la culture de la jeunesse, mais on ne fait pas de loi contre cela. Singulariser le port de pantalon “baggy” en revanche est clairement une façon de singulariser un type de population avec qui on a des problèmes », dit-elle. Pour Chad Dion Lassiter, professeur de sociologie à l’Université de Pennsylvanie, légiférer contre le pantalon « baggy », « c’est pousser encore davantage cette jeunesse rebelle dans ses retranchements ». « Certains Blancs sont effrayés par les jeunes noirs, qu’ils aient d’ailleurs un pantalon tombant ou une chemise cravatée », dit ce professeur. « J’en ai moi-même fait l’expérience en tant que Noir éduqué dans les grandes universités. Je peux marcher auprès de certaines personnes, noires ou blanches, vêtu d’un costume trois pièces. Elles vont tout à coup s’accrocher à leur sac », raconte-t-il. « Mais je ne veux pas pour autant que les jeunes changent leurs tenues vestimentaires seulement pour être acceptés. Je veux que leurs tenues changent parce que cela améliorerait l’image qu’ils ont d’eux-mêmes », conclut ce professeur. À Yonkers (New York), une conseillère municipale, Patricia McDow, a mis au point un projet de résolution qui devrait interdire les pantalons « baggy » dans sa ville, mais pour d’autres raisons selon elle. « J’ai préparé cette résolution à la demande d’une coalition antigang de notre communauté (...) parce que nous voulons que les jeunes adultes comprennent l’histoire de cette tenue », affirme Mme McDow. « Cette façon de porter ces pantalons vient du système pénitentiaire. Nous voulons apprendre à nos enfants à refuser cette culture et être fiers de leur histoire », a-t-elle déclaré à l’AFP. Chez les adolescents, particulièrement les jeunes noirs, le port des pantalons trop larges est devenu une mode dans les années 90 alors que la musique « gangsta rap » était à son sommet. Avec les lacets défaits, la tenue s’inspire de celle des détenus à qui on retire la ceinture du pantalon, pour des raisons de sécurité. « Ce n’est pas bien, pour ces jeunes noirs, de se promener comme ça dans ces tenues qui rappellent la prison », affirme Faith Jenkins, une ancienne Miss Louisiane, devenue avocate à New York. « C’est comme une prophétie qui se vérifie elle-même quand on sait que tant de jeunes noirs finissent en prison après avoir imité la culture pénitentiaire que ce soit par les tenues qu’ils portent, la façon dont ils parlent ou ce qu’ils font », indique-t-elle à l’AFP. La population noire constitue à elle seule 41 % des détenus dans les prisons américaines alors qu’elle représente seulement 12 % de la population totale, selon les données du Bureau du recensement. Les ordonnances d’interdiction punissent le contrevenant d’une amende en général, le montant de celle-ci évoluant au gré de la décence du pantalon. À Delcambre (Louisiane), une peine de prison est même envisagée.
Aux États-Unis, interdire le pantalon « baggy » qui tombe au-dessous de la taille constitue une nouvelle forme de discrimination envers les jeunes noirs américains, déjà souvent mis à l’index dans la société américaine, affirment certains experts.
Une demi-douzaine de villes de Louisiane ont passé des ordonnances contre le pantalon tombant, affirmant qu’il était...