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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Prix du meilleur documentaire au Festival européen et méditerranéen des films sur la mer Hady Zaccak pour une confrontation d’opinions...

En 2006, au sortir de la guerre de juillet, Hady Zaccak avait promené sa caméra, « en mer, en hélicoptère et même sous les eaux », tout le long de la côte libanaise ravagée par la marée noire pour en rapporter des images terribles de nos eaux territoriales. Avec le soutien du World Conservation Union, « les Nations unies de l’environnement », il avait filmé, « sur plusieurs étapes échelonnées d’août à octobre 2006 », les eaux bleues du rivage libanais qui, du Sud au Nord, avaient viré au noir, suite aux bombardements israéliens de la centrale de Jiyeh. Il avait accompagné ses prises de vues d’interviews diverses : analyses d’experts nationaux et internationaux, observations fournies par des membres d’ONG et témoignages de pécheurs, de riverains, de gens normaux, de baigneurs à Jiyeh... Le tout présenté en narration directe, «sans commentaires en voix off», et en montage original, souvent d’ailleurs volontairement paradoxal. À l’instar de cette image finale montrant des barques engluées dans le fuel accompagnant l’affirmation que dans son combat contre la pollution, « la mer est la plus puissante et elle finit par triompher ». Une ambivalence délibérée par laquelle le jeune cinéaste affirme « chercher à provoquer chez le spectateur plutôt qu’une ingestion passive d’informations, une réflexion critique ». Intitulé The Oil Spill in Lebanon, ce film de 34 minutes lui a valu le prix du meilleur documentaire au Festival européen et méditerranéen des films sur la mer, qui s’est tenu récemment en Sardaigne, plus précisément sur l’île de Maddalena. Itinéraire d’un cinéaste déterminé Une récompense qui vient saluer la qualité du travail de ce «réalisateur studieux», qui a entamé sa carrière de cinéaste par... un livre. Le cinéma libanais. Itinéraire d’un cinéma vers l’inconnu, un ouvrage de référence publié, en français, aux éditions Dar al-Machrek qu’il a écrit alors qu’il était encore étudiant à l’Iesav. Sa maîtrise en réalisation décrochée en 1997, ce passionné d’images s’est lancé à corps perdu dans le documentaire. Pour Hady Zaccak, tous les chemins mènent au septième art, à commencer par les voies du quotidien, celles des petits et grands événements de la vie au Liban et dans les pays de la région, que ce jeune réalisateur compile comme autant de matériau brut pour l’élaboration de ses court-métrages. Une vingtaine à ce jour, dont les thèmes principaux tournent autour « du cinéma, de Beyrouth et de la sociopolitique régionale ». Trois sujets sur lesquels la caméra de ce jeune réalisateur revient en permanence, pour fouiller, extirper, sonder, images et témoignages à l’appui, la « réalité libano-moyen-orientale ». Pourtant le cinéma a longtemps été pour ce trentenaire, né en 1974 et ayant grandi en pleine guerre, « un refuge contre la réalité. Le lieu où je créais mon propre monde ». Sauf que contre l’inadéquation du réel, on réagit soit en créant son propre univers fantasmagorique, soit en plongeant dans la réalité. Hady Zaccak a choisi pour sa part de s’immerger pleinement dans le visible, le tangible, le palpable pour «comprendre, apprendre et y trouver plus tard matière à fiction. J’adore Hitchcock par exemple, mais je ne veux pas faire de films inspirés de ceux de Hitchcock. Je préfère puiser dans mes rencontres, mes interviews, mes reportages, des personnalités et des situations qui serviront plus tard mon imaginaire. » En attendant, le talentueux M. Zaccak enchaîne les documentaires. Autant en projets libres qu’en travaux de commandes. Mais toujours de manière à ausculter en profondeur l’état du monde environnant, quitte à se battre contre les différentes sortes de censures. Celle imposée par la Sûreté générale, comme à l’époque des Mille et une nuits (1999) où il abordait, de manière originale, l’histoire du conflit israélo-arabe en l’incrustant dans les contes des Mille et Une Nuits. Un film qui lui avait d’ailleurs valu le prix du meilleur documentaire au Festival Docudays en 1999. Ou encore la censure des producteurs des chaînes de télé, frileux quand il s’agit de sujets politiques, religieux ou communautaires, et aux exigences desquels ce jeune homme calme et déterminé a trouvé la meilleure parade : l’autocensure. Car couper pour couper, il vaut mieux le faire soi-même, il en restera toujours quelque chose... Zéna ZALZAL
En 2006, au sortir de la guerre de juillet, Hady Zaccak avait promené sa caméra, « en mer, en hélicoptère et même sous les eaux », tout le long de la côte libanaise ravagée par la marée noire pour en rapporter des images terribles de nos eaux territoriales.
Avec le soutien du World Conservation Union, « les Nations unies de l’environnement », il avait filmé, « sur...