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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - La compagnie Arcinolether présente « Ubu roi » ce soir jeudi, vendredi 19 et samedi 20 octobre à 20h00 au CCF Christophe Cotteret revisite Alfred Jarry

Après Retours (2002), Les Fourberies de Scapin (2003), Enfantillages (2004), Dom Juan (2005) et Candide (2006), la compagnie Arcinolether, créée à Paris en 1998 par Christophe Cotteret et formée désormais de comédiens et comédiennes français, belges et libanais, revient sur les planches du CCF pour donner trois représentations, ce soir jeudi, ainsi que vendredi 19 et samedi 20, puis faire une tournée dans les autres Centres culturels français au Liban. Il s’agit cette fois de la pièce Ubu roi d’Alfred Jarry. Une œuvre qui, bien qu’écrite en 1896, demeure une pièce d’actualité, voire prémonitoire, puisqu’elle fustige et dénonce à la manière d’une grosse farce les régimes autocratiques. Étonnamment, lorsqu’Alfred Jarry écrit Ubu roi en cette fin de XIXe siècle, les dictatures n’avaient pas encore pointé du nez. C’est pourquoi, sous les dessous de cette comédie à l’humour gras et burlesque, le ton choquant et provocateur prenait l’allure de présage. Reprise maintes fois sur les planches, la pièce devenait avec le temps plus sombre et plus tragique parce que plus réelle. Pour Christophe Cotteret, habitué aux adaptations théâtrales, il s’agissait encore une fois de casser la monotonie et de créer la surprise. L’aventure d’Arcinolether, qui a débuté au Liban en 2002, se poursuit sous le signe de l’exploration théâtrale, d’une part, et dans son objectif d’atteindre le jeune public et les établissements scolaires, de l’autre. Après une résidence de trois ans au Liban, la compagnie (qui a décidé de s’installer en Belgique) a gardé le lien avec le pays du Cèdre. C’est pourquoi chaque année, entre la mi-novembre et la mi-décembre, les Libanais ont rendez-vous avec une création nouvelle signée Cotteret. Pamphlet contre l’individualisme Fallait-il cette année que ce soit Ubu roi ?! Drôle de coïncidence. À l’heure où les dictatures se font et se défont, où les torses se bombent et l’ego enfle. À l’heure où les peuples sont brimés, la liberté individuelle piétinée et celle de la parole castrée, le jeune metteur en scène a choisi le rire. Comme une sorte de travail-catharsis ou encore un miroir reflétant les vices et les défauts de tout un chacun. Qui ne connaît pas le nom d’Ubu ? Prénom devenu nom commun, il s’est vu adjoindre avec le temps un adjectif. Ubuesque, dit-on aujourd’hui communément. Définir et illustrer l’absurde et le grotesque, brosser le caractère d’un « animal politique » livré à son seul pouvoir et capable d’atteindre la démesure d’Ubu, tel était le défi lancé par Christophe Cotteret, qui s’est moins soucié d’évoquer dans la pièce les fantômes ou les contemporains d’Ubu (« le public étant libre de reconnaître qui bon lui semble ») que de mettre en évidence une tragédie de la cruauté . « La crudité de l’écriture de Jarry, loin d’être seulement un effet comique, nous renvoie à la brutalité du verbe du despote », dit le metteur en scène. C’est ainsi que l’œuvre d’Alfred Jarry, composée initialement de cinq actes, se voit comprimée en trois. « Le texte demeure inchangé, souligne Cotteret, mais pour mieux faire parvenir le message de cette comédie, il semblait nécessaire de la partager en trois grands actes : le complot, la prise du pouvoir et enfin la chute d’Ubu roi. » Le premier acte s’ouvre donc sur un castelet planté au milieu du décor où les quatre comédiens, Maria Harfouche, François Kah, Léa Rogliano et Olivier Rosman, vont se mouvoir tels des marionnettes. Père et mère Ubu conversent, se chamaillent. Leur langage n’est qu’invectives et jargon grossier. Cotteret a voulu ainsi accentuer les mouvements saccadés des personnages autant que leur bouffonnerie linguistique. « Ce qui m’intéressait, affirme l’artiste, c’était de représenter le glissement vers la tyrannie et la mise en place d’une dictature. » Les hommes ne sont-ils pas tout simplement des marionnettes sans fils, manipulés uniquement par leurs intérêts personnels ? Sur fond de projections vidéo (parades militaires, applaudissements de la foule et musique de fanfare à la Kusturica), les acteurs vont peu à peu animer la grande farce contant les récits ubuesques de ce capitaine des dragons qui veut briguer le pouvoir. Sortant de leur castelet et allant vers le public pour le faire participer à la bouffonnerie, ils vont, avec leurs démesures vocales et leurs gestes anarchiques, plonger cette audience, devenue soudain complice et témoin, dans les abysses de l’absurde et du surréel. Une aventure, pour le moins qu’on puisse dire, ubuesque, à laquelle chacun est convié. Embarquement immédiat. Colette KHALAF
Après Retours (2002), Les Fourberies de Scapin (2003), Enfantillages (2004), Dom Juan (2005) et Candide (2006), la compagnie Arcinolether, créée à Paris en 1998 par Christophe Cotteret et formée désormais de comédiens et comédiennes français, belges et libanais, revient sur les planches du CCF pour donner trois représentations, ce soir jeudi, ainsi que vendredi 19 et samedi...