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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - Un congrès s’est tenu à Montréal ce week-end Le Darfour au cœur de la conférence mondiale sur la prévention du génocide

Le Darfour est-il le théâtre d’un génocide ? La question était au centre des débats au Congrès mondial sur la prévention des génocides à Montréal, les experts s’opposant sur le terme qualifiant les violences dans cette région de l’ouest du Soudan et les moyens d’y mettre fin. Lors du congrès, qui a rassemblé ce week-end dans la métropole québécoise 500 participants et une cinquantaine de conférenciers, les organisateurs ont projeté une vidéo rassemblant les témoignages de survivants de l’Holocauste, du génocide rwandais de 1994, mais aussi de la crise actuelle au Darfour. Le confit opposant les forces soudanaises et leurs alliés – les milices janjawid – aux différents mouvements rebelles du Darfour a fait 200 000 morts depuis février 2003 et plus de deux millions de déplacés, selon des organisations internationales, ce que conteste Khartoum, qui parle de 9 000 morts. Plusieurs experts et membres d’ONG présents au Congrès de Montréal ont invité à « mettre fin au génocide au Darfour », d’autres – eux aussi préoccupés par la fin des violences – hésitent à utiliser le terme de génocide pour décrire la situation sur le terrain. « Il y a certainement d’importantes violations des droits de l’homme au Darfour comprenant une dimension ethnique... Est-ce que cela en fait un génocide ? Malheureusement, la définition de la convention sur le génocide inclut un élément d’intention, une dimension psychologique très difficile à prouver à partir des faits », explique Juan Mendes, conseiller de l’ancien secrétaire des Nations unies, Kofi Annan, sur le génocide. « Est-ce que (le président soudanais Omar) el-Béchir a l’intention de tuer tous les Noirs au Darfour ? Non », dit pour sa part Gérard Prunier, chercheur français du CRNS et spécialiste de l’Afrique de l’Est. « Il veut les réduire d’une manière telle qu’ils ne présentent plus un danger politique et qu’ils laissent tomber leur terre de manière à pouvoir mettre les Arabes dessus et changer l’équilibre démographique (au Darfour) », ajoute-t-il. « Ça a été un génocide en 2003-2004 », affirme M. Prunier, auteur du livre Le Darfour : un génocide ambigu, qui estime à présent que la situation est devenue « difficile à définir ». « L’intervention humanitaire massive (...) a fait que ce n’était plus tellement possible de continuer à tuer sur le même rythme qu’avant », assène encore M. Prunier, jugeant qu’il y a encore des « aspects génocidaires » lorsque par exemple des convois d’aide humanitaire sont pris pour cible, ce qui contribue à augmenter le taux de mortalité dans les camps de déplacés. La mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS), forte de quelque 7 000 hommes, est arrivée en août 2004 au Darfour. Et le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé fin juillet le déploiement dans cette province d’une force « hybride » ONU-UA de 26 000 hommes, une opération dont plusieurs experts doutent qu’elle permette d’endiguer les violences. « Nous n’avons pas un nombre significatif de soldats sur le terrain qui pourraient vraiment protéger les populations, et nous n’avons pas non plus de processus de paix », regrette M. Mendes. En amont du déploiement de la force hybride, pour lequel aucune date n’est encore formellement arrêtée, des responsables onusiens ont fait état de problèmes logistiques, notamment en ce qui concerne l’envoi d’hélicoptères. Les pourparlers de paix intersoudanais, prévus le 27 octobre en Libye, pourraient n’être d’aucune efficacité pour le règlement de la situation au Darfour – tout comme la force hybride ONU-UA –, concluent certains experts. Guillaume LAVALLÉE (AFP)
Le Darfour est-il le théâtre d’un génocide ? La question était au centre des débats au Congrès mondial sur la prévention des génocides à Montréal, les experts s’opposant sur le terme qualifiant les violences dans cette région de l’ouest du Soudan et les moyens d’y mettre fin. Lors du congrès, qui a rassemblé ce week-end dans la métropole québécoise 500...