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Les anciens du KGB engagés dans une lutte cachée pour le pouvoir

Les anciens agents du KGB, revenus en force au sommet de l’État russe, se livrent une bataille sans merci à l’approche de la fin du second mandat du président Vladimir Poutine derrière le décor d’une scène politique russe par ailleurs prévisible, estiment les analystes interrogés par l’AFP à Moscou. «Une guerre est en cours entre factions de tchékistes », assure Vladimir Pribylovski, qui dirige le groupe de réflexion Panorama à Moscou, employant le terme russe, hérité de la Tcheka (la police politique) et employé pour les agents des services secrets. Ce conflit caché a fait surface de façon inédite ce mois-ci quand Viktor Tcherkessov, le puissant chef du service de lutte antidrogue, a sonné l’alarme dans un article de presse. « Toute corporation, dont celle des tchékistes, doit respecter certaines normes afin de rester saine (...) Si ces normes disparaissent et que l’arbitraire prend leur place, cette corporation s’effondre », écrit l’ancien agent du KGB dans les colonnes du quotidien indépendant Kommersant. Dans toute bataille entre agents spéciaux, « il ne peut y avoir de gagnant », ajoute M. Tcherkessov. « Ce genre de bataille du “tous contre tous” finira par la destruction de la confrérie », conclut-il. Vieil allié de Vladimir Poutine, qui a également travaillé au sein du KGB, il réagissait à l’annonce de l’arrestation de plusieurs hauts responsables de son agence, vue par les analystes comme une tentative du FSB, successeur du KGB, de le maintenir sous contrôle. Pour les analystes, alors que le second mandat de Vladimir Poutine touche à sa fin, les nombreux ex-agents du KGB qu’il a placés dans les échelons supérieurs de la vie politique et économique de la Russie sont pris dans une lutte d’influence. Vladimir Poutine ne peut briguer un troisième mandat consécutif l’année prochaine en vertu de la Constitution, mais il a récemment annoncé qu’il dirigerait la liste du parti au pouvoir Russie unie aux élections parlementaires de décembre, lançant les spéculations sur une possible reconversion en tant que Premier ministre. « Il y a des signes d’aggravation dans la lutte entre factions rivales marquée par une série d’arrestations au sein de puissantes institutions », selon Denis Maslov, un analyste de la Russie au sein de l’organisation new-yorkaise Eurasia Group. M. Maslov cite en exemple la rivalité entre le chef du FSB Nikolaï Patrouchev et M. Tcherkessov, ou celle qui oppose le vice-Premier ministre Sergueï Ivanov à Igor Setchine, président de la plus grande compagnie pétrolière du pays. « Le seul fait que le chef discret d’une agence, attachée elle aussi au secret, ait publié une lettre en une d’un des grands quotidiens nationaux est assez choquant », indique M. Maslov en référence aux déclarations de M. Tcherkessov. Outre l’agence antidrogue, d’autres arrestations de hauts responsables ont été menées à la Cour des comptes, dirigée par l’ancien directeur du FSB Sergueï Stepachine, ainsi qu’à la Chambre haute du Parlement russe. Le quotidien des affaires Vedomosti a publié un commentaire dans un éditorial intitulé « Deux campagnes » montrant le contraste entre une période préélectorale peu mouvementée avant les législatives de décembre et la présidentielle de mars, et une lutte secrète « féroce » pour le pouvoir. « Sur fond de campagne électorale virtuelle, il en existe une autre, réelle celle-ci, qui n’est pas publique. Les signes en sont un net durcissement de la lutte entre services de sécurité, les arrestations pour corruption de hauts responsables », a commenté Vedomosti. « L’entourage de Vladimir Poutine a peur que le processus de transition provoque des transformations dans la structure administrative, un déplacement du centre de décision, que certains soient victimes d’intérêts tactiques ». Pour Olga Krychtanovskaïa, une universitaire spécialiste des élites russes, ces luttes intestines « portent un coup » à l’autorité de Poutine.
Les anciens agents du KGB, revenus en force au sommet de l’État russe, se livrent une bataille sans merci à l’approche de la fin du second mandat du président Vladimir Poutine derrière le décor d’une scène politique russe par ailleurs prévisible, estiment les analystes interrogés par l’AFP à Moscou.
«Une guerre est en cours entre factions de tchékistes », assure...