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L’art d’avant-garde s’expose dans l’Iran d’Ahmadinejad

Une installation vidéo de l’artiste américain Bill Viola, une peinture japonaise évoquant le sida, autant d’œuvres que l’on ne s’attendrait pas à voir exposées dans la capitale iranienne et qui pourtant sont à l’honneur au musée d’art contemporain de Téhéran. L’exposition, baptisée « Manifestations d’art contemporain en Iran », rassemble tous les médiums disponibles, de la sculpture aux installations. Elle prouve que la scène artistique iranienne survit malgré la campagne de normalisation imposée par le président Mahmoud Ahmadinejad depuis son arrivée au pouvoir en 2005. « La culture embrasse un large domaine, et se trouve sur un plan supérieur à la politique », a dit à l’AFP le directeur des arts visuels au ministère iranien de la Culture, Habibollah Sadeghi. « Nous ne rejetons pas la culture et l’art occidentaux, mais nous souhaitons dire que la culture orientale a son mot à dire », poursuit-il en expliquant qu’avec cette exposition « nous voulons montrer le degré d’influence de notre art sur celui des autres. Les artistes iraniens ont influencé le cubisme, le symbolisme et le fauvisme », remarque-t-il. La vie culturelle iranienne avait connu une véritable renaissance sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005). Quelques mois avant la fin de son mandat, le musée d’art contemporain en avait profité pour ressortir de ses caves une collection remarquable d’artistes occidentaux constituée sur ordre de l’impératrice Farah Diba, et qui comprenait des Gauguin, Picasso, Pollock ou encore Warhol. L’arrivée au pouvoir de M. Ahmadinejad a avivé les craintes d’une répression sur les activités culturelles non religieuses. Les éditeurs et cinéastes se sont plaints, depuis, des restrictions apportées à leur travail. Mais l’exposition du musée montre que malgré cela la vie culturelle subsiste dans un pays renommé dans la région pour sa tradition artistique. « C’est une belle exposition, mais j’aimerais qu’il y en ait plus souvent », a remarqué Ashkan, un étudiant en art visitant le musée. Une des pièces maîtresses d’art iranien de l’exposition, Dieu est éternel de Kouroush Adim, reproduit dans une salle un vieux cimetière avec ses pierres tombales ornées de calligraphies. Mais l’attraction phare est The reflecting pool (la piscine réfléchissante) de Bill Viola, une vidéo de six minutes dans laquelle l’artiste reste quelques instants suspendu dans les airs au-dessus d’une piscine. Dans la séquence suivante, il en ressort nu. Ce dernier passage a été caviardé, un flou ayant été apposé sur l’homme nu, afin de se conformer au code islamique en vigueur, qui proscrit l’exposition de toute nudité. Pour Hadis, un diplômé en technologies de l’information, qui voit dans cette œuvre une « évocation de la naissance, personne ne devrait toucher à une œuvre d’art ». La peintre japonaise Masami Teraoka expose deux aquarelles tirées de sa série sur le sida, Les geishas et le cauchemar du sida, dans lesquelles deux courtisanes en costume traditionnel ouvrent un paquet de préservatif avec une expression de malaise sur le visage. Autre point d’orgue, une impression sur tissu, Hiver, de l’un des plus célèbres cinéastes iraniens, Abbas Kiarostami, primé à Cannes et dont les œuvres les plus récentes n’ont pas obtenu le droit d’être diffusées dans la République islamique. « Kiarostami est l’un des plus grands artistes iraniens, et j’embrasse sa main », s’est exclamé M. Sadeghi, en poursuivant avec emphase dans un esprit d’ouverture : « Tout comme Kamaledin Behzad (célèbre auteur de miniatures iranien) est mon frère, Van Gogh et Picasso sont mes frères. » L’exposition, qui a ouvert ses portes le 24 septembre, doit se tenir jusqu’à la mi-novembre. Farhad POULADI (AFP)
Une installation vidéo de l’artiste américain Bill Viola, une peinture japonaise évoquant le sida, autant d’œuvres que l’on ne s’attendrait pas à voir exposées dans la capitale iranienne et qui pourtant sont à l’honneur au musée d’art contemporain de Téhéran.
L’exposition, baptisée « Manifestations d’art contemporain en Iran », rassemble tous les...