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Actualités - REPORTAGE

Les projets de réhabilitation devraient durer jusqu’en février et coûter près d’un million de dollars L’agence « UN Habitat » à la rescousse de Hay el-Sellom

Avez-vous visité un camp de réfugiés palestinien ? Vous pensiez que c’était l’ultime misère qui puisse entourer un être humain au Liban ? Cela veut dire que vous n’avez pas encore mis un pied dans le quartier de Hay el-Sellom qui égale et concurrence les camps palestiniens en insalubrité. Il a la réputation d’être un quartier. Il s’étend pourtant sur une superficie de 2,7 kilomètres carrés, où s’entassent entre 150 000 et 200 000 personnes. Il est vrai que l’écrasante majorité de ses habitants appartiennent à la communauté chiite, mais ce n’est ni Haret-Hreik ni Bir el-Abed, dans le sens où Hay el-Sellom n’a pas de municipalité pour se pencher sur son sort. Il dépend de la municipalité de Choueifat qui s’inquiète peu des conditions de vie des riverains pour une raison simple : leurs votes ne vont pas à Choueifat, mais dans des localités du Liban-Sud. En langage plus clair, la guerre de juillet-août 2006 a causé des ébranlements dans les bâtiments, en raison de la proximité de l’aéroport de Beyrouth lourdement arrosé de bombes. Les toits sont restés fissurés. La détérioration des conduits d’eau et des égouts s’est aggravée. Les bombardements ont marqué de leurs griffes l’environnement qui était déjà très peu sain. À Hay el-Sellom coule la rivière al-Ghadir qui charrie les déchets industriels des localités alentour. Les égouts des habitations construites illégalement sur les deux bords se jettent aussi dans al-Ghadir dont la couleur change selon la saleté des saisons. À la saison des pluies, des bassines sont posées dans les appartements pour recueillir l’eau qui s’égoutte des plafonds. L’humidité charrie, elle, les maladies. L’aéroport n’a pas seulement valu à Hay el-Sellom des tissures dans les bâtiments et les infrastructures, mais il est également la source constante d’une pollution auditive peu recommandable. Quand un avion décolle, quand un avion atterrit, les bâtiments tanguent. Ajoutez à tous ces faits que dans ce coin reculé de la banlieue sud, les routes ne sont pas aisément carrossables. Les nids-de-poule sont légion et l’asphaltage est absent ou mauvais. Pour ce qui concerne l’emploi des habitants, la précarité est reine. Ramasser des déchets pour les revendre à des usines est un travail répandu. Être ou ne pas être chauffeur d’un minibus, telle est la plus grande ambition. Une bonne partie des cars de vingt passagers qui circulent sur les voies de la capitale provient de Hay el-Sellom. Mère pauvreté règne sur l’homme et la pierre. Pour toutes ces raisons, l’agence des Nations unies pour l’aide au logement « UN Habitat » mène différents projets dans cette zone, depuis le 16 juillet dernier, grâce aux 700 000 euros, soit près d’un million de dollars, fournis par l’Écho (Service d’aide humanitaire de la Commission européenne) et à la bonne volonté d’une équipe jeune et dynamique qui travaille de concert avec les habitants. Le travail devrait durer sept mois, c’est-à-dire jusqu’à la fin de février prochain. Près de 13 300 personnes, soit quelque 2 660 familles devraient bénéficier des travaux. Trois plans d’action Le projet tient en trois plans d’action. Le premier consiste à réhabiliter 70 immeubles, dans lesquels logent environ 4 200 personnes, soit près de 840 familles. Les bâtiments sont situés dans les quartiers Barakat, al-Ajniha al-Khamsa et Hébbariyyé/Tiro. Les travaux comprendront le traitement des constructions ébranlées et fissurées, notamment sous l’effet des bombes, et qui laissent filtrer l’eau, ainsi que l’installation de conduites d’eau. Au niveau de l’infrastructure, les travaux concernent l’asphaltage des routes endommagées, la reconstruction de trottoirs, la réhabilitation des réseaux d’égouts et le traitement des fosses septiques. Près de 9 000 personnes, soit 1 800 familles, en bénéficieront directement. Pour impliquer les habitants, un comité a été formé. Il réunit les initiateurs du projet, les partis politiques concernés par le sort des habitants, à savoir le Hezbollah et le mouvement Amal et des représentants des comités de quartiers. Pour en venir au troisième volet, il consiste à entraîner des chômeurs résidant à Hay el-Sellom afin de leur fournir un emploi sur ces mêmes chantiers entrepris par l’agence. Un soutien économique non négligeable devrait ainsi être fourni à plusieurs centaines de familles. Des formations en plomberie et en maçonnerie sont dispensées à une centaine de personnes, qui se verront attribuer des diplômes et seront engagées pour participer aux divers travaux de réhabilitation, de construction et de reconstruction menés dans les quartiers. Georges Najm, le coordinateur du projet, rappelle cependant que « tout le travail qui sera fait ne constituera qu’une goutte dans l’océan des travaux à entreprendre à Hay el-Sellom, pour rendre l’endroit adéquat à la vie ». J. S.
Avez-vous visité un camp de réfugiés palestinien ? Vous pensiez que c’était l’ultime misère qui puisse entourer un être humain au Liban ? Cela veut dire que vous n’avez pas encore mis un pied dans le quartier de Hay el-Sellom qui égale et concurrence les camps palestiniens en insalubrité. Il a la réputation d’être un quartier. Il s’étend pourtant sur une superficie...