Rechercher
Rechercher

Actualités

L’ « Ostalgie », retour en vogue d’une Allemagne de l’Est en technicolor « Good Night Lenin », un hôtel berlinois promet une nuit en ex-RDA

Les horloges de la réception donnent l’heure de La Havane et de Moscou, et des dignitaires communistes au sourire pincé ornent des murs tapissés de fleurs orangées. à Berlin, l’ « Ostel » exploite sans complexe l’engouement des touristes pour une RDA réinventée, parée de charmes désuets. L’accès de l’établissement de 39 chambres est peu engageant, entre un magasin de bricolage et un bâtiment à l’abandon, une rambarde rouillée mène à un « plattenbau », ces immeubles de béton gris typiques de l’Est berlinois. À l’intérieur, l’austérité a été adoucie pour correspondre aux goûts contemporains : les lampes d’époque sont tamisées, le téléviseur diffusant en boucle des reportages en noir et blanc est poussé dans un coin, et les vieux fauteuils ont été rembourrés. Dans un coin, deux Japonaises au look déjanté mettent à profit la connexion WiFi. Dans un anglais aléatoire, l’une d’elles tentera plus tard d’expliquer à une réceptionniste revêche qu’elle veut changer de chambre. Daniel Helbig, 35 ans, se soumet à l’exercice de l’interview avec désinvolture : « J’ai déjà vu 5 journalistes aujourd’hui », fanfaronne le jeune homme, qui a fondé l’Ostel avec un ami, Guido Sand. Ces deux « Ossi » (Allemands de l’Est) ont « eu l’idée en visitant un camp de pionniers à l’abandon ». « Il fallait avoir vécu en Allemagne de l’Est avant la chute du mur pour fonder cet endroit », affirme M. Helbig, qui a gardé son métier de monteur pour le cinéma. Son partenaire travaille dans un cabinet médical. Le temps de trouver dans les brocantes assez de meubles en formica, et l’hôtel a ouvert le 1er mai 2007. Depuis, il ne désemplit pas, selon son fondateur, qui ne donne pas de chiffres mais assure : « L’Ostel est bénéficiaire depuis le premier mois. » À en croire le livre d’or, les visiteurs apprécient la décoration, mais aussi les prix, de 59 euros la chambre double à 9 euros le lit superposé dans le « camp des pionniers ». Autre motif de satisfaction, la proximité de clubs techno renommés. « Nos clients ne sont pas que de jeunes routards, la majorité a de 30 à 50 ans », selon M. Helbig, qui accueille autant d’Allemands que d’étrangers. Les deux gérants de l’Ostel ont aménagé des appartements de location dans un immeuble voisin et vont ouvrir l’an prochain à Dresde une réplique de leur hôtel. L’« Ostalgie », retour en vogue d’une RDA en technicolor illustré par le film à succès Good Bye Lenin, contribue au succès touristique de Berlin, devenue la troisième destination touristique européenne. Des opérateurs proposent ainsi des safaris en Trabant, voiture emblématique de l’Est. Sans oublier le succès des « Ampelmann », ces « petits bonhommes » des feux tricolores est-allemands, déclinés en bonbons, porte-clefs ou tasses à café. Cette exploitation mercantile ne fait pas l’unanimité. Pour l’inauguration de l’Ostel, les deux gérants, anciens artistes de cirque, ont fait scandale en organisant une chasse au trésor. Ils avaient caché de faux micros dans l’établissement, souvenir de pratiques policières de l’époque. « C’est du mépris pour les victimes qui ont souffert dans les cellules de la police politique », s’était indigné Richard Buchner, membre du directoire de l’Union des associations de victimes de la violence communiste. Freya Klier, écrivain et l’une des figures de l’opposition au régime est-allemand, avait critiqué une « bêtise sans nom ». Ces critiques « ne m’intéressent pas », Daniel Helbig hausse les épaules et ajoute : « Nous sommes là pour nous amuser et par goût pour le design. » Les fondateurs de l’Ostel ont toutefois le sens du commerce autant que celui de la provocation. Face à la polémique, ils ont rapidement débaptisé leur chambre « Stasi », qui rappelait la sinistre police politique est-allemande. Aurélia END/AFP
Les horloges de la réception donnent l’heure de La Havane et de Moscou, et des dignitaires communistes au sourire pincé ornent des murs tapissés de fleurs orangées. à Berlin, l’ « Ostel » exploite sans complexe l’engouement des touristes pour une RDA réinventée, parée de charmes désuets.

L’accès de l’établissement de 39 chambres est peu engageant, entre un...