Rechercher
Rechercher

Actualités

TÉMOIGNAGES - La guerre de juillet 2006 racontée par Georges Farchakh Au Liban-Sud, les héros sont anonymes

Bien sûr, on peut imaginer de vivre sa vie sans jamais éprouver le besoin de témoigner. S’enfermer en soi-même. S’ériger en autiste. C’est le parti des natures sèches, stériles, des cloportes. Journaliste, écrivain, et parfois poète, Georges Farchakh a toujours fait le choix opposé. Il entend avant tout comprendre et expliquer, ce qui est sans doute le plus beau métier du monde. Le cataclysme de la guerre menée l’an dernier par Israël contre le Hezbollah l’a conduit à quitter son lieu de résidence à Paris et à sillonner des semaines durant le Liban-Sud, interrogeant la population dans l’intention de reconstituer le puzzle du vécu quotidien sous les bombardements les plus meurtriers et dévastateurs et l’exode le plus massif que la région méridionale du pays ait jamais connus. Ce sont ces témoignages de héros anonymes qu’il livre aujourd’hui aux éditions Bissan dans un recueil en langue arabe intitulé Récits de colère et d’espoir sur la résistance et l’exode au cours de la guerre de juillet 2006. Dans un style simple et direct, mais vibrant d’émotion contenue et qui emporte d’emblée l’adhésion du lecteur, Farchakh s’attache à montrer comment, dans la guerre d’une violence sans précédent au Liban, des hommes et des femmes tout ce qu’il y a de plus ordinaires – un maire de village, une religieuse antonine directrice d’école, un ingénieur agricole, etc – se sont transformés spontanément en véritables héros sous la pression des événements et de leur conscience. Les témoignages sont parfois crus, mais toujours éloquents, sous-tendus par une immense sensibilité, une incommensurable compassion, une profonde intelligence de la situation de la population, de sa misère, de ses malheurs. La stupeur et l’émotion qui ont saisi la population, la dimension du drame qu’elle a vécu devant l’ampleur des moyens militaires mis en œuvre par les Israéliens, l’effroyable bilan sur le plan humain et matériel, le courage des combattants du Hezbollah et l’efficacité de la résistance qu’ils ont opposée à l’armée de l’État hébreu sont rendus avec un relief saisissant par Georges Farchakh. L’auteur s’attarde sur la situation des chrétiens du Liban-Sud, leurs rapports avec les chiites très largement majoritaires dans cette région, leur complexe de peur remontant aux troubles confessionnels de 1985, l’accueil qu’ils ont réservé dans leurs couvents et écoles aux civils fuyant les bombardements, les secours de toutes sortes qu’ils leur ont prodigués, l’esprit de solidarité et d’entente qui a souvent prévalu, malgré la tension, la méfiance viscérale intercommunautaire et, parfois, l’espionite. Il complète les témoignages recueillis par des portraits émouvants, tel celui de sœur Mathilde, fondatrice, en 1953, à Nabatiyeh, d’une école mixte relevant de la congrégation des religieuses antonines ; ou encore celui du mufti jaafari de Tyr, sayyed Ali al-Amine, qui ne cache pas ses réserves à l’endroit du Hezbollah. Il note, comme accablé par son ampleur, la lente hémorragie qui vide la partie méridionale du pays de ses habitants chrétiens. En s’attachant à l’aspect proprement humain de la guerre, en brossant un tableau général à partir de témoignages individuels, Georges Farchakh confère une nouvelle dimension aux conséquences du conflit militaire qui a ébranlé le Liban et montre comment des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent aider à surmonter les malheurs, à force de courage et d’abnégation, mus par un esprit de compréhension, d’entraide et de fraternité. Au regard de la vague de déraison qui déferle sur le pays, tout un chacun, à commencer par les ministres, députés et leaders politiques, devrait faire de cet ouvrage son livre de chevet. Roger GEHCHAN
Bien sûr, on peut imaginer de vivre sa vie sans jamais éprouver le besoin de témoigner. S’enfermer en soi-même. S’ériger en autiste. C’est le parti des natures sèches, stériles, des cloportes. Journaliste, écrivain, et parfois poète, Georges Farchakh a toujours fait le choix opposé. Il entend avant tout comprendre et expliquer, ce qui est sans doute le plus beau métier...