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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE - Le Liban, encore une fois, dans le dernier livre de l’écrivain français « L’Orient désert » : Richard Millet « dans les ruines de l’amour »...

Il est un peu à part dans le microcosme littéraire français, Richard Millet. Volontairement retranché dans son amour de la langue, dans sa haute exigence stylistique, tout autant que dans ses attaches terriennes (corréziennes en l’occurrence et... libanaises aussi peut-être !), cet écrivain-essayiste condamne quasi systématiquement la littérature contemporaine, en réprouve la légèreté et se tient à l’écart du « parisianisme » de ses confrères. Qui, eux, lui rendent son manque d’aménité au moyen de petites phrases assassines, de « réponses » à ses pamphlets par voie de presse et de critiques à peine voilées sur ses « livres ennuyeux », dixit le trublion des lettres françaises, son « antithèse », Frédéric Beigbeder. Ennuyeux, Richard Millet ? La question, pour choquante qu’elle soit, peut être soulevée. Car en parcourant distraitement son dernier livre L’Orient désert qui vient juste de paraître aux éditions Mercure de France, on peut objectivement ne pas y trouver, de prime abord, grand intérêt. Ce récit de voyage, « dans la langue autant que dans le paysage », entamé au Liban en pleine guerre de juillet 2006, « pour oublier ce qu’une femme a fait de moi », écrit-il, et qui le mènera en Syrie, en passant par la Békaa, sur les vestiges des premiers chrétiens d’Orient, n’est pas, a priori, d’un suspense haletant. Et pourtant une fois la lecture enclenchée, les tout premiers chapitres dépassés, le lecteur découvre avec bonheur que l’élégance de l’écriture, ce style à la fois concis, travaillé et clairvoyant, peut se passer de toute trame. S’il y a dans cet ouvrage matière à réflexion – ce qui est plus que normal pour un récit à mi-chemin de l’autoportrait et de l’essai –, la force de ces « pensées », pour originales, personnelles, singulières qu’elles soient, réside dans leur « fulgurance ». Des ondes de choc Il y a dans ce livre des phrases quasi baudelairiennes, d’autres qui ressemblent à des ondes de choc. En voici quelques exemples : « Je songe aux petits pays incertains, aux peuples voués à un malheur définitif, Tibétains, Palestiniens, Libanais (...) ». Ou encore : « En Europe, aujourd’hui, les chrétiens sont prêts à tout pour rire d’eux-mêmes, y compris du simple fait de se dire tels, quand ils l’osent ; en Orient où l’on peut périr d’être chrétien sans que l’Occident s’en émeuve, c’est une chose évidente, simple, lumineuse : un grand corps frémissant. » Mais aussi : « Le très ancien a quelque chose d’effroyable parce qu’il est la figuration de ce que nous devenons ; le chiffre noir de nos jours ; leur soleil occulte », formule-t-il magnifiquement. On l’aura compris. C’est un voyage intérieur. Un périple aux confins de l’être, à la fois pèlerinage sur les routes de l’enfance libanaise – il a vécu de 6 à 14 ans au Liban –, et retour aux sources de la langue. Un cheminement harassant à travers les buissons ardents du désir, de la souffrance, de la nostalgie, de la mort, de la foi. Et de l’amour. Un périple parsemé de résurgences mystiques et spirituelles mais aussi de quête de vie, de salut – par l’écriture – pour cet homme qui affirme avoir « toujours été plus mort que vivant ». Cet homme qui « avance dans les ruines de l’amour » et pour qui « le passé est un futur où je tombe infiniment ». Zéna ZALZAL
Il est un peu à part dans le microcosme littéraire français, Richard Millet. Volontairement retranché dans son amour de la langue, dans sa haute exigence stylistique, tout autant que dans ses attaches terriennes (corréziennes en l’occurrence et... libanaises aussi peut-être !), cet écrivain-essayiste condamne quasi systématiquement la littérature contemporaine, en réprouve...