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Le père Hady Mahfouz à « L’Orient-Le Jour » : « L’université doit être une oasis de paix, de l’intellect et de l’excellence » L’évolution dans la continuité, le défi du nouveau recteur de l’USEK Anne-Marie EL-HAGE

Le père Hady Mahfouz est le nouveau recteur de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Nommé le 3 juillet 2007 pour un mandat de trois ans, ce spécialiste en sciences bibliques, né à Fidar en 1967, succède au père Antoine el-Ahmar. En cette période de grande turbulence que traverse le pays, « l’évolution dans la continuité » est l’objectif principal du recteur, qui n’en cherche pas moins à créer de nouvelles filières et à développer les relations de l’université avec le monde universitaire local et international. Forte de ses 7 000 étudiants, l’USEK, qui célébrera son jubilé d’or en 2012, multiplie les conventions, tout en accordant une importance de taille à la recherche et à la consolidation de ses programmes d’études. «L’évolution dans la continuité », tel est donc le leitmotiv du nouveau recteur de l’USEK qui entend perpétuer dans la durée l’essor « considérable » de l’université, en privilégiant la consolidation des programmes et la recherche. « De nouvelles filières sont ainsi régulièrement créées », précise le père Hady Mahfouz, annonçant le démarrage de l’Institut des sciences politiques, pour l’année universitaire 2007-2008, fruit d’un long travail de préparation, ainsi que la mise en place de nouveaux mastères, au niveau des facultés de sciences et de droit. Tout en mettant l’accent sur la modernité du nouveau bâtiment de la faculté des sciences et de ses équipements, qualifié de « joyau du Moyen-Orient » par un diplomate étranger, il observe que la première promotion de la faculté de médecine devrait obtenir son diplôme en 2009. De même, figure à l’ordre des priorités le renforcement des relations avec le monde universitaire libanais, régional et international. Un renforcement qui devrait se répercuter positivement sur le niveau de l’enseignement et le développement des relations avec le monde professionnel, afin de faciliter le recrutement des jeunes diplômés. Le père Hady Mahfouz, qui fait partie du comité des recteurs des universités catholiques (CRUC), met ainsi l’accent sur la convention mise en place entre l’USEK et l’Université libanaise pour l’échange d’enseignants. « La collaboration et l’entente entre les universités est nécessaire pour mieux rivaliser », dit-il à ce propos, ajoutant que cette collaboration contribue à améliorer le niveau des universités du pays. Conventions internationales et recherche Quant à la collaboration entre l’USEK et les universités internationales, elle se fait par le biais de conventions et d’accords. « Nous comptons une soixantaine de conventions internationales », indique le père Hady Mahfouz, insistant plus particulièrement sur deux nouveaux champs disciplinaires assurés par des professeurs étrangers : le mastère professionnel en droit des affaires avec l’Université Paris I-Panthéon-Sorbonne et le DESS en gestion avec HEC Montréal. « Désormais, précise-t-il, les étudiants ont la possibilité de poursuivre ces études supérieures à l’USEK même, tout en obtenant leur diplôme de ces deux grandes universités internationales ». De plus, et dans l’objectif de faciliter le recrutement des diplômés de l’USEK, « des conventions de stage sont mises en place avec des entreprises locales et internationales », ajoute le recteur. Et de poursuivre que l’université accorde également un intérêt tout particulier à la recherche, au niveau de l’ensemble de ses facultés, à travers le Centre supérieur de la recherche et la nomination d’un vice-recteur à la recherche. « À l’issue de l’étude des projets, suivant une planification et selon une certaine procédure, l’université subventionne certaines recherches », encourageant ainsi cette voie, note-t-il. Mais à l’heure où les tiraillements politiques continuent d’empoisonner l’atmosphère, l’un des défis majeurs de l’université est d’englober sans heurts et de la manière la plus harmonieuse possible les étudiants issus de diverses provenances sociales et politiques. « Dans un climat de clivage politique exacerbé, nous avons décidé de limiter les activités des partis politiques au sein du campus en vue d’assurer une ambiance académique saine et productive, loin des tiraillements d’ordre partisan. Car l’université fait partie de la société, mais elle se doit d’être une oasis de paix, de l’intellect et de l’excellence », affirme le père Mahfouz, assurant que la décision prise par l’administration est la meilleure dans la situation actuelle. À ce sujet, le recteur tient à mentionner qu’ « une grande majorité des étudiants appuient cette mesure, désireux de poursuivre leurs études universitaires en toute tranquillité ». Par contre, relève-t-il, « nous encourageons les étudiants à la réflexion, en organisant des conférences et des rencontres avec des hommes politiques ». « Nous formons également les étudiants au respect et à l’acceptation de l’autre dans sa différence », ajoute-t-il, soulignant l’importance de ce travail sur la citoyenneté. Et de préciser que l’USEK privilégie « la formation et le développement de tout homme et de tout l’homme, dans toutes ses dimensions ». Crise politique et économique De nature optimiste, le père Hady Mahfouz ne peut toutefois réprimer une sourde anxiété. « Nous affrontons chaque nouvelle année universitaire avec inquiétude », déplore-t-il, tout en constatant cette inquiétude au niveau des étudiants, toutes tendances et tous milieux confondus. Mais il se dépêche de relativiser les problèmes, remarquant que le Liban a surmonté avec succès les nombreuses épreuves qu’il a traversées. « Je suis convaincu que l’on pourra aller de l’avant et surmonter les difficultés à travers le travail universitaire », ajoute-t-il à ce propos. L’inquiétude du recteur ne prend pas uniquement sa source dans la crise politique, mais aussi dans la crise économique qui ne cesse d’empirer. « De plus en plus d’étudiants s’essoufflent en milieu de parcours universitaire et avouent qu’ils n’arrivent plus à payer leurs études. Nous avons plus d’un million de dollars d’impayés », confie-t-il, précisant que l’université, dont les frais universitaires figurent parmi les plus raisonnables du pays, ne peut plus se permettre d’éponger les dettes des étudiants, d’autant qu’elle ne reçoit que très peu de subventions extérieures. « Il y a quelques années, nous effacions les impayés. Actuellement, nous négocions avec les étudiants », explique-t-il. Cette nouvelle mesure n’empêche pas le bureau social de l’USEK de poursuivre normalement ses activités et de distribuer aides et bourses aux étudiants les plus nécessiteux, tout en étudiant les demandes au cas par cas. Malgré les difficultés et les nombreux défis auxquels il doit faire face, c’est un message d’espoir que le nouveau recteur de l’USEK tient à véhiculer à l’intention des étudiants, les appelant à ne pas se laisser submerger par la tristesse et l’anxiété, mais à aborder la nouvelle année universitaire avec énergie et joie, en dépit de leurs inquiétudes. Une tâche à laquelle le père Hady Mahfouz se promet de contribuer, assisté du corps enseignant et administratif.
Le père Hady Mahfouz est le nouveau recteur de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Nommé le 3 juillet 2007 pour un mandat de trois ans, ce spécialiste en sciences bibliques, né à Fidar en 1967, succède au père Antoine el-Ahmar. En cette période de grande turbulence que traverse le pays, « l’évolution dans la continuité » est l’objectif principal du...