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HISTOIRE - En 1792, la reine confiait à une comtesse anglaise une bourse de perles et diamants, espérant encore échapper au couperet Le dernier trésor de Marie-Antoinette mis aux enchères à Londres

En 1792, Marie-Antoinette confiait à une comtesse anglaise une bourse de perles et diamants, espérant encore échapper au couperet révolutionnaire. Deux siècles plus tard, les bijoux font leur réapparition à Londres sous le marteau de la maison d’enchères Christie’s. Pour une fois ou presque, les riches lambris de la prestigieuse salle de ventes de Christie’s ne résonneront pas que d’histoires d’argent. Certes, « La Propriété d’un aristocrate », nom tout trouvé pour un collier de perles, diamants et rubis, a beaucoup de chances de dépasser les 350 000 à 400 000 livres de son estimation (525 000 à 600 000 euros). Mais il y a plus dans cette « belle pièce » qu’un simple investissement. « La qualité du collier est exceptionnelle, mais c’est l’histoire qui l’accompagne qui en fait une pièce inégalable » : c’est avec une joie non feinte que Raymond Sancroft-Baker, directeur du département joaillerie chez Christie’s Europe, rappelle le passé qui fait la « rareté extrême » du bijou. En 1792, un an après le fiasco de Varennes et l’échec de la fuite à l’étranger, Marie-Antoinette et son époux Louis XVI sont assignés aux Tuileries. La reine ne recevra alors qu’une visite : celle de sa fidèle amie, la comtesse Elizabeth de Sutherland, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre qui aurait aidé, dit-on, à la tentative de Varennes. Cette dernière partagera les ultimes moments de la famille royale avant « le dernier assaut » du 10 août 1792 et l’incarcération dans le donjon du Temple. Voulant encore croire à son salut, en dépit des « Marseillais » amassés face aux grilles, « l’Autrichienne » confie à « Mme Elizabeth » la seule fortune qui lui reste, son dernier trésor : une bourse de diamants et de perles. La reine en sursis sait qu’elle peut compter sur son amie et, surtout, que la comtesse a en sa possession un édit qui ordonne « au nom de la nation » de « laisser passer Madame Elizabeth, comtesse de Sutherland, taille de cinq pieds, nez bien fait, bouche petite... ». Vaines tentatives... En dépit de la « sanction sévère » qui attend ceux en possession des bijoux de la reine, la comtesse mettra le trésor à l’abri en Angleterre. En vain. Le 16 octobre 1793 à l’aube, Marie-Antoinette est guillotinée. Plus de 200 ans ont passé, mais les bijoux sont toujours sur le sol anglais. « Et toujours dans la même famille », s’enthousiasme M. Sancroft-Baker. Avec les bijoux, les Sutherland ont décidé de monter deux colliers : le premier de diamants, le second de perles. Un comble quand on se souvient que Marie-Antoinette, pour faire mentir les accusations de frivolité, avait refusé de puiser dans les caisses de l’État pour s’offrir le fameux « collier de la reine ». Le 12 décembre à Londres, c’est la pièce montée de perles qui sera mise aux enchères. Pour le mariage en 1849 du petit-fils de la comtesse de Sutherland, les 21 perles goutte d’eau, dites « baroques » en raison des irrégularités naturelles qui font leur charme, ont été assemblées sur un collier d’or, surmonté de diamants et rubis. Le luxe de l’ensemble rappelle l’extravagance de Marie-Antoinette et son goût jugé immodéré pour les bijoux. « Je suis plutôt confiante quant à la vente », déclare Angela Berden, experte chez Christie’s, quand on l’interroge sur le risque que « La Propriété d’un aristocrate » connaisse le même sort que l’autre collier, celui de diamants, qui n’avait pas réussi à trouver preneur lors d’une enchère chez Christie’s il y a une dizaine d’années. « Ce serait fantastique si un musée, comme Le Louvre par exemple, faisait une offre... si (les perles) revenaient en France », conclut-elle.
En 1792, Marie-Antoinette confiait à une comtesse anglaise une bourse de perles et diamants, espérant encore échapper au couperet révolutionnaire. Deux siècles plus tard, les bijoux font leur réapparition à Londres sous le marteau de la maison d’enchères Christie’s.

Pour une fois ou presque, les riches lambris de la prestigieuse salle de ventes de Christie’s ne...