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Actualités - CHRONOLOGIE

COULISSES D’UNE ŒUVRE Elle aura occupé toute sa vie La symphonie n° 1 de Brahms

Johannes Brahms avait une quarantaine d’années lorsqu’il acheva sa « Première symphonie », mais le projet de celle-ci et sa gestation dataient de sa rencontre avec les Schumann, en 1853. Une œuvre qui traduit à la fois le caractère perfectionniste du compositeur et exprime la trajectoire d’une vie. Lorsque Brahms commence à s’intéresser à la musique de Robert Schumann, Joseph Joachim, ami du jeune compositeur, le presse de rendre visite au maître à Düsseldorf. La rencontre a lieu le 30 septembre 1853 et le courant passe très vite entre les deux artistes. Schumann demande à son invité de s’installer au piano et de jouer pour lui sa Sonate en ut majeur. Au bout de quelques minutes, il l’interrompt et appelle sa femme Clara en qui il avait une confiance absolue en disant : « Il faut qu’elle entende à tout prix cela. » Depuis ce jour, une grande amitié naît entre Brahms et le couple Schumann. Ainsi, dans un journal créé par lui, Schumann écrira à la date de cette première rencontre : « Brahms est venu me voir. C’est un génie. Soudain nous arrive celui qui fut élu pour exprimer l’esprit le plus élevé de notre temps. » Quant à sa femme Clara, c’est dans son journal personnel qu’elle confiera que le génie du jeune Brahms ne trouvera sa pleine expression que lorsqu’il commencera à écrire pour orchestre. Installé à Vienne, le musicien sera par la suite décrit comme « l’héritier de Beethoven ». La légende dit qu’il aurait même trouvé une plume sur la tombe de Ludwig Van Beethoven, une raison de plus qui le pousse à écrire cette symphonie. Le compositeur se met donc à l’œuvre. Il va travailler durant des décades sur cette symphonie qui sera l’unique dans sa vie. Non pas pour plaire au public élogieux qui le salue de partout, mais pour rendre hommage à son ami Robert Schumann, mort à la suite d’une psychose maniaco-dépressive, et faire exprimer sa fidélité à ce couple qui lui a tant donné et appris. Ce morceau de musique symbolise ainsi l’accomplissement de la prophétie de son illustre aîné. Brahms n’allait pas cesser de partager toutes ses idées avec son amie, Clara (malgré la distance qui les séparera un jour). En retour, la pianiste virtuose lui prodiguait ses encouragements. Une gestation lente C’est en septembre 1876 que Johannes Brahms achève donc sa Première symphonie qui sera saluée par Hans Von Bülow comme une grande symphonie classique, une sorte de « dixième symphonie de Beethoven ». Composée des quatre mouvements traditionnels, elle exprime toutes les tragédies et les passions de cet homme. Fidèle, il avait su rester aux côtés de son ami dans les pires moments (tentative de suicide et internement). Passionné, il s’était épris de sa femme Clara, mais leur amour est demeuré inabouti. Cette partition, qui, selon un certain nombre de critiques, ressemble par la fin à la Cinquième symphonie de Beethoven, ne manque pas d’étonner par sa tragédie dans l’introduction, et par sa légèreté dans la conclusion. Mélange de passions mais également perfectionnisme pour ce musicien qui a écrit un jour à son ami Joachim : « Recommencer sans relâche jusqu’à ce qu’aucune mesure ne puisse être améliorée. Une fois un travail commencé, je ne le lâche pas avant qu’il n’ait atteint la perfection. » Quant à Clara Schumann, la première à avoir reçu les partitions pour les juger, si, à la première écoute, elle juge la mélodie faible par endroits, elle est devenue par la suite une fervente admiratrice de cette symphonie. N’avait-elle pas bien précisé qu’elle réserverait son jugement final lorsqu’elle entendra l’œuvre entière interprétée dans des conditions normales, par un orchestre ? Et si la fin ne semblait pas non plus la convaincre, c’est que cette amie, qui s’est voulue impartiale, savait que les composantes tragiques de l’œuvre étaient plus proches du vrai Brahms que l’exubérance du « finale ». Colette KHALAF
Johannes Brahms avait une quarantaine d’années lorsqu’il acheva sa « Première symphonie », mais le projet de celle-ci et sa gestation dataient de sa rencontre avec les Schumann, en 1853. Une œuvre qui traduit à la fois le caractère perfectionniste du compositeur et exprime la trajectoire d’une vie.
Lorsque Brahms commence à s’intéresser à la musique de Robert Schumann, Joseph...