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Archéologie - Achrafieh continue de dévoiler ses dessous romains Quelque 300 sarcophages pourraient être exhumés du sous-sol antique de la rue Ghandour el-Saad May MAKAREM

Datés du Ier au IIIe siècle de notre ère, 53 sarcophages, en pierre ou en terre cuite, renfermant des squelettes humains et des balsamaires (fioles à onguent), ont été mis au jour rue Ghandour el-Saad, à l’emplacement du futur immeuble FAL. Les fouilles archéologiques, entamées il y a un mois, n’ont couvert que le tiers des 3 200 m2 de la surface du terrain dont le sous-sol pourrait contenir quelque 300 sarcophages, selon les estimations d’Assaad Seif, responsable du site au sein de la Direction générale des antiquités (DGA). La présence des traces de clous de fer laisse supposer qu’il y avait aussi des sarcophages en bois. Ce site, ajouté à ceux découverts ces dernières années à Gemmayzé et dans la zone située entre la rue du Liban et Mar Mitr, à Achrafieh, apporte une somme de connaissances sur la typologie funéraire de la nécropole romaine de Beyrouth et sur les modes d’inhumation « prépondérants » à cette période de l’histoire. On sait maintenant que du Ier siècle avant J.-C. jusqu’au Ier siècle de notre ère, la majorité des cercueils utilisés était en bois. Un changement de tradition est ensuite survenu avec l’utilisation de la terre cuite et de la pierre, et plus tardivement (vers le IIIe siècle), le plomb. Le responsable de la DGA signale qu’« une seule inhumation se faisait par sarcophage, à l’exception des nouveau- nés reposant avec leur mère ». Les sites funéraires situés en dehors de Beyrouth révèlent souvent « plusieurs inhumations dans un même sarcophage où l’on déplaçait les ossements dans un coin afin de déposer la nouvelle dépouille ». Les fragments de verre provenant des balsamaires, déposés, selon la coutume, près des défunts et actuellement en cours de restauration dans les laboratoires de la DGA « permettent de pousser nos recherches sur les ateliers qui les ont fabriqués », explique Assaad Seif. Il ajoute que les échantillons recueillis sur les sites funéraires d’Achrafieh et de Gemmayzé « pourront nous aider à définir les différents types de production et savoir si à cette époque la fabrication était pratiquée en série ». Le temple de Gemmayzé Parallèlement aux opérations menées à la rue Ghandour el-Saad, les archéologues continuent d’explorer le site de la rue Maroun Naccache, à Gemmayzé, où se dressait la demeure ancienne de Me Michel Assaf. La bâtisse datant du XIXe siècle, rachetée en 2003 par Joseph Moawad puis démolie pour ériger un complexe hôtelier et résidentiel, reposait sur un sous-sol gorgé d’histoire. Les excavations ont en effet dévoilé les strates superposées de la période médiévale, romaine, hellénistique, ainsi que des céramiques datant de l’âge du Fer. Le clou des travaux de fouilles reste toutefois la mise au jour d’un temple romain, le premier découvert en dehors du centre-ville (place de l’Étoile et Lazarieh). Le monument a une structure tentaculaire allant au-delà du terrain Moawad jusqu’au parking du central où les fouilles se poursuivent actuellement. Il est doté de colonnes de marbre et de granite et de quatre autels, dont deux couverts d’inscriptions : l’une dédiée à la triade héliopolitaine, Jupiter-Vénus-Mercure, l’autre à la déesse marine Leucothéa, fille de Cadmus. Le temple et ses annexes ont été malheureusement pillés dans l’Antiquité, et au cours de la période médiévale, le site a été transformé en carrière et 90 % de ses pierres ont été démontées et réutilisées pour la construction des bâtiments avoisinants. D’autres couches d’occupation romaine ont dévoilé un système de canalisation d’eau, des habitations de type rural, une réserve de monnaies, des débris de poterie et de verre, et trente tombes renfermant des squelettes d’enfants, d’adultes et de quatre chiens « appartenant à des chasseurs ou à des membres de l’armée romaine ». Signalons enfin que les opérations de fouilles sont menées par la Direction générale des antiquités en collaboration avec des équipes d’archéologues de l’Université libanaise et de l’Université Saint-Esprit de Kaslik.
Datés du Ier au IIIe siècle de notre ère, 53 sarcophages, en pierre ou en terre cuite, renfermant des squelettes humains et des balsamaires (fioles à onguent), ont été mis au jour rue Ghandour el-Saad, à l’emplacement du futur immeuble FAL. Les fouilles archéologiques, entamées il y a un mois, n’ont couvert que le tiers des 3 200 m2 de la surface du terrain dont le sous-sol pourrait...