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Actualités - OPINION

Humeur du 21 septembre 2007 Jean-Claude BOULOS

Lorsque l’assassin de Kennedy l’a tué, il avait un fusil de précision. Il a tiré, et le président est mort. Seul. Lorsque l’étudiant serbe Princip assassina François Ferdinand et son épouse, il les a tués seuls (il est vrai que cela mit le feu aux poudres de la Première Guerre mondiale et que plus de 10 millions de personnes ont péri durant cette guerre de quatre ans...). Lorsque Ravaillac assassina le bon roi Henri IV (sans doute il en avait marre de manger de la poule au pot tous les dimanches...), il avait agi seul et il a tué Henri IV seulement. Et quand les conjurés de Rome, Brutus y compris, assassinèrent Jules César, ce dernier est mort. Seul. Mais quand les assassins agissent dans notre pays pour tuer un député de la majorité, ils envoient vers la mort des dizaines d’innocents et des centaines de blessés qui n’ont fait d’autre tort que d’être là au moment de la déflagration d’une bombe surpuissante, qui détruit tout sur son passage et fauche des femmes, des enfants, des innocents. Et qui lui dit, à ce poseur de bombes, qu’il n’a pas des parents, des amis, des proches qui pouvaient être là par hasard ? Le hasard a voulu que ce jeune Charles Chikhani, promis à un avenir brillant, passât par là et n’est revenu chez lui que sous la forme d’un cadavre inanimé. Charles était le petit-neveu de mon grand ami Gaston Chikhani, décédé en 1983. Combien de temps durera encore cette tragédie de la mort en série, de la mort groupée, de la mort haineuse et sans pitié ? Jusqu’à quand des gens vont continuer à tirer en l’air en apprenant la mort de leur « ennemi »? Jusqu’à quand allons-nous encore voir des mères éplorées, des enfants orphelins, des camarades déchirés de douleur, des téléspectateurs figés par l’effroi ? Jusqu’à quand allons-nous croire en un Dieu de clémence et de miséricorde, un Dieu de l’amour, un Dieu du pardon et non pas ce Dieu qui se permet d’avoir un parti, un parti pris, ce Dieu qui admet la violence, ce Dieu qui dit salut et non pas adieu à des victimes de la haine, alors que lui lui-même est mort à cause de cette haine et de l’incompréhension de ceux qui l’ont crucifié ? Et quand cesserons-nous de dire comme Lui : Pardonnez-leur, mon Père, car ils ne savent pas ce qu’ils font ? Nous vivons chaque jour, car la mort ne nous a pas encore rattrapés. Est-ce une vie cela ? Article paru le mardi 25 septembre 2007
Lorsque l’assassin de Kennedy l’a tué, il avait un fusil de précision. Il a tiré, et le président est mort. Seul.
Lorsque l’étudiant serbe Princip assassina François Ferdinand et son épouse, il les a tués seuls (il est vrai que cela mit le feu aux poudres de la Première Guerre mondiale et que plus de 10 millions de personnes ont péri durant cette guerre de quatre...