Des milliers de Palestiniens empêchés de se rendre à l’esplanade des Mosquées, bouclage total de la Cisjordanie Un Yom Kippour sous haute tension

Israël a célébré hier sous haute tension le Yom Kippour, le Grand Pardon, la fête la plus importante du judaïsme, l’armée maintenant son haut niveau d’alerte sur la frontière syrienne et la police se déployant en force de crainte d’attentats. L’armée israélienne a décrété un bouclage total de la Cisjordanie à l’occasion de la fête au cours de laquelle la vie économique est totalement stoppée en Israël, y compris le trafic aérien. « Le bouclage total est entré en vigueur dans la nuit de jeudi à vendredi et va durer jusqu’à dimanche matin à moins qu’il ne soit prolongé », a déclaré un porte-parole militaire. Dans le passé, il avait été parfois prolongé de deux semaines jusqu’au-delà les fêtes de Soukkot (cabanes). Du fait de cette mesure, il est interdit aux Palestiniens de Cisjordanie d’entrer en Israël, y compris Jérusalem-Est annexée « sauf pour des cas humanitaires », a précisé le porte-parole de la police Micky Rosenfeld. Des milliers de Palestiniens ont été empêchés de la sorte de se rendre à Jérusalem pour la prière à l’esplanade des Mosquées du second vendredi du mois de jeûne du ramadan. Dès les premières heures du matin, des milliers de fidèles se sont rués vers le barrage de Qalandya entre Ramallah et Jérusalem, espérant le franchir pour gagner l’esplanade des Mosquées dans la Ville sainte. Mais le barrage, qui en temps normal ne laisse passer que les Palestiniens munis de permis spéciaux, était totalement fermé. Un porte-parole de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a protesté pour sa part contre le refus de passage vers Jérusalem de 200 employés, refoulés à un barrage. « La police a élevé son niveau d’alerte pour le mettre au niveau 3, juste avant le niveau maximal » de temps de guerre, a ajouté le porte-parole. Des milliers de policiers aidés par des volontaires ont été déployés hier autour des marchés et autres lieux publics tandis que la garde des synagogues était renforcée, de crainte d’attentats, selon cette source. Concernant le volet syrien, le chef d’état-major israélien Gaby Ashkenazi a assuré que l’armée faisait tout son possible pour éviter d’être surprise par l’ennemi, comme lors de la guerre de Kippour d’octobre 1973. Le général Ashkenazi, dont les déclarations ont été rapportées par la radio militaire, parlait sur fond de tension avec Damas, après un raid aérien israélien contre la Syrie sur lequel l’État hébreu garde un silence total. « Nous sommes capables de remporter la victoire, quelle que soit la situation, même lorsque les bruits de guerre proviennent de Syrie ou quand l’Iran affûte ses armes », a affirmé à cette occasion le ministre de la Défense Ehud Barak. L’armée israélienne en alerte sur la frontière syrienne a annulé certaines permissions accordées aux soldats pour la fête de Kippour, selon les médias. Bien que remportée après de graves revers initiaux par Israël, la guerre israélo-arabe du Yom Kippour continue, 34 ans après, à être vécue comme un traumatisme par l’État juif dont le mythe de l’invincibilité militaire avait été ébranlé. Par ailleurs, l’armée israélienne a arrêté hier en Cisjordanie un chef du mouvement islamiste Hamas accusé de liens avec une cellule qui préparait un attentat-suicide en Israël, selon une source militaire. Le Hamas a annoncé la capture d’un « haut responsable » du mouvement de la région de Naplouse, Nihad Chqeirat, 35 ans, sans préciser ses fonctions, lors d’une opération israélienne. Enfin, un activiste du Hamas a été tué par l’armée israélienne dans le centre de la bande de Gaza, portant à quatre le nombre de Palestiniens qui ont péri lors d’une incursion israélienne dans ce secteur.