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BOTANIQUE - Les pins Bristlecone imposent le respect par leur longévité record : 4 700 ans Dans les montagnes Blanches de Californie, un arbre plusieurs fois millénaire réécrit l’histoire

Ils n’ont ni la majesté ni la célébrité des séquoias géants, mais les « pins Bristlecone » de Californie (États-Unis) imposent le respect par leur longévité record : 4 700 ans pour les plus vieux, dont l’étude a fait voler en éclats certaines certitudes historiques. Si la vue d’un organisme déjà vivant avant la construction des pyramides ne suffisait pas à couper le souffle, l’endroit où ces arbres poussent y parvient : une heure de marche sur un sentier escarpé à 3 300 m d’altitude est nécessaire pour apercevoir ces merveilles de la nature. La résistance de ces arbres (Pinus longaeva), confinés dans les « montagnes Blanches », périmètre de la Sierra Nevada à 400 km au nord de Los Angeles, s’explique paradoxalement par les conditions effroyables dans lesquelles ils se développent, sur des pentes à 45 degrés d’inclinaison, souligne Patti Wells, botaniste au Service américain des forêts (USFS). La température dans la région monte à 25°C en été, mais elle descend en hiver à -30°C. Des vents de 320 km/h peuvent alors souffler tandis que la couche de neige atteint trois mètres. À part ces pins, aucun arbre n’est en mesure de résister à un tel traitement et ils sont sans concurrents pour leurs nutriments. Ces conifères possèdent en outre la caractéristique de grandir lentement et de développer un bois très résineux, synonyme d’une grande densité et résistance face aux insectes et champignons. L’altitude et l’oxygène raréfié les préservent de la plupart des incendies, fait valoir Mme Wells. Autre particularité unique, ces arbres peuvent concentrer leurs ressources sur une partie de leur tronc et abandonner le reste: certains semblent morts en apparence, mais portent toujours une branche garnie d’aiguilles – qui peuvent rester en place 40 ans – et de pommes de pin. Le bois mort du Pinus longaeva est tellement solide qu’il ne pourrit pas. Du coup, la forêt des pins Bristlecone recèle des souches blanchies, certaines vieilles de huit millénaires, dont les formes torturées semblent sorties de l’imagination d’un sculpteur fou. Mais plus que leur apparence, c’est bien l’âge canonique de ces végétaux – l’un d’entre eux a été baptisé « Mathusalem » – qui a captivé les scientifiques depuis qu’ils ont commencé à s’y intéresser, il y a seulement 50 ans, via la discipline de dendrochronologie, ou étude des anneaux des arbres comme méthode de datation. Plus fiable que les analyses au carbone 14, puisque à chaque année correspond un anneau, cette méthode appliquée aux pins Bristlecone « a permis de recalibrer l’échelle du carbone 14, auparavant inexacte », indique Mme Wells, qui étudie depuis 37 ans ces végétaux uniques au monde. Plusieurs théories historiques auparavant considérées comme acquises, comme la diffusion de la civilisation à partir d’une source unique en Mésopotamie, ont ainsi été invalidées, selon elle. Peu connus du grand public, les pins Bristlecone sont sans doute desservis par leur taille moyenne de 15 mètres, ridicule face aux plus de 110 mètres atteints par les séquoias géants, arbre favori des touristes en Californie. Ils ne reçoivent d’ailleurs au mieux que 60 000 visites par an, selon Mme Wells, l’une des permanentes de l’antenne pédagogique du lieu-dit « Schulman Grove », près du sanctuaire naturel. Ce relatif anonymat a ses avantages, affirme la botaniste. « Nous ne faisons aucun effort pour les faire connaître des touristes. Sinon, cela ressemblerait au Yosemite », célèbre parc national situé à 100 km au nord-ouest et visité par des millions de personnes chaque année : « Une trop grande affluence mettrait la zone en danger. »
Ils n’ont ni la majesté ni la célébrité des séquoias géants, mais les « pins Bristlecone » de Californie (États-Unis) imposent le respect par leur longévité record : 4 700 ans pour les plus vieux, dont l’étude a fait voler en éclats certaines certitudes historiques.
Si la vue d’un organisme déjà vivant avant la construction des pyramides ne suffisait pas à couper le...