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LIVRES - Un ovni littéraire devenu un étonnant best-seller « L’élégance du hérisson »  se conjugue bien avec celle de Muriel Barbery

Ce deuxième roman d’une femme discrète, après « Une gourmandise », est certainement la belle surprise de l’année 2006. Trente et une réimpressions, 340 000 exemplaires vendus, malgré deux premières semaines d’un démarrage timide et pas ou peu de promotions télévisées. Le succès de « L’élégance du hérisson », qui s’est construit de semaine en semaine, devenant le livre de l’année, a glané de nombreuses récompenses dont le prix des Libraires 2007, le prix Rotary International 2006 et le prix Georges Brassens 2006. Muriel Barbery cache bien son talent. Un peu comme Renée, un des trois personnages du roman, « cinquante-quatre ans, concierge du 7, rue de Grenelle, veuve, petite laide, grassouillette », ou qui aimerait être perçue comme telle, alors qu’elle est très érudite et raffinée. Barbery, agrégée de philosophie, vivant près de Bayeux, timide, volontairement effacée, s’éclipse devant ce livre qui regorge de tout ce qu’elle aime. Références culturelles et philosophiques, mais aussi pays, histoires, écriture et sentiments. « J’ai pris énormément de plaisir, a-t-elle précisé, à transcrire mon amour pour les plaisirs du quotidien, pour l’art, pour le Japon, pour certains êtres, pour la rencontre entre ces êtres, pour certains moments esthétiques. » L'habit ne fait pas le moine Au 7, rue de Grenelle, trois solitudes vont se côtoyer avant de, fatalement, se retrouver. Renée la concierge, d’apparence pas très sympathique, vivant avec son chat Léon. Paloma, une fille de riches, surdouée, qui du haut de ses douze ans s’écrie, en toute élégance, à côté du fatal « famille, je vous hais ! » : « À la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. » Et enfin Kakuro, ce cher Kakuro, veuf, amateur d’art, qui offre à cet immeuble très parisien le parfum de son Japon natal. Ces trois sensibilités vont vivre des changements subits et inattendus dans leur petite existence grise et monotone. Elles vont découvrir, bousculant leur apparente indifférence de routine, les petits bonheurs, l’amitié et peut-être l’amour. Elles vont enfin dévoiler, subtilement, leurs faces cachées. À la fois drôle et cynique, cette galerie de portraits se promène entre les mots, les monologues de Renée et Paloma, les réflexions acides de la concierge et les touchantes confessions intimes de l’enfant surdouée. Morceaux choisis entre rires et larmes, tendresse et cruauté. La romancière a effectivement déposé dans ces pages tout ce qu’elle aime : les références culturelles et cinématographiques qui la touchent, tel Léon Tolstoï (le chat de Renée s’appelle Léon et un des personnages reçoit le livre Anna Karénine), les renvois au Japon où elle va bientôt passer une année sabbatique avec son époux. Et même une allusion à sa propre maîtrise de philo sur un moine franciscain du XIVe siècle, Guillaume d’Ockham, qu’elle attribue au personnage très antipathique de Colombe. Même si le lecteur peut déplorer certaines longueurs, un étalage parfois lassant de culture, titres de films, de livres ou de morceaux musicaux, la deuxième partie du livre, qui réunit enfin les trois protagonistes, ne se lâche plus. Et l’on se prend soi-même de tendresse pour ces personnages a priori si peu aimables. Tellement qu’ils en deviennent des amis. « Une haleine de mammouth, des oignons aux pieds, rarement aimable »... Et pourtant, on l’aime la Renée. Les apparences sont parfois si trompeuses. Carla HENOUD
Ce deuxième roman d’une femme discrète, après « Une gourmandise », est certainement la belle surprise de l’année 2006. Trente et une réimpressions, 340 000 exemplaires vendus, malgré deux premières semaines d’un démarrage timide et pas ou peu de promotions télévisées. Le succès de « L’élégance du hérisson », qui s’est construit de semaine en semaine, devenant le livre...