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Belgique - Après 100 jours de blocage, plus de la moitié des habitants revendiquent leur indépendance La durée de la crise radicalise les Flamands

La durée de la crise politique belge, qui a atteint hier le cap des cent jours, radicalise l’opinion publique en Flandre, où près de la moitié des habitants revendiquent désormais leur indépendance. Tous les journaux belges consacraient hier leur une à cette échéance symbolique dépassée sans espoir de voir une coalition se former à court terme, en tout cas pas avant la rentrée, le 9 octobre, du Parlement fédéral issu des élections du 10 juin. Certes, le record n’est pas encore atteint. Après les élections législatives de décembre 1987, il a fallu 147 jours pour mettre sur pied un gouvernement, et les négociations sont toujours difficiles lorsqu’il s’agit de trouver un accord entre au moins quatre partis. Le commissaire européen chargé du Développement, le libéral belge Louis Michel, qui est parfois cité comme un possible Premier ministre, refuse de céder au pessimisme. « Cent jours pour faire un gouvernement, on a connu pire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à la Commission. « Je crois que, comme toujours, ça s’arrangera. » Le climat actuel ne cesse toutefois de l’inquiéter. « C’est clair que tant qu’on est dans l’incertitude, qu’on laisse courir des scenarii de type catastrophe, tant qu’on fait des comparaisons que je considère comme oiseuses entre la Tchécoslovaquie et la Belgique, on ne fait qu’alimenter virtuellement et sans aucune vraie raison une sorte de peur intérieure belge », a ajouté ce francophone. C’est que le contexte est cette fois totalement différent. Les Flamands ont voté en juin dernier aux deux tiers pour des partis qui réclament soit l’indépendance de leur région, soit un confédéralisme qui leur permettrait d’arrêter les transferts financiers vers une Wallonie plus pauvre. Du côté francophone, on refuse tout net une telle évolution qui aggraverait encore les problèmes économiques déjà graves d’une Wallonie héritant de compétences qu’elle ne pourrait financer, par exemple en matière de sécurité sociale. Alors que les libéraux, grands vainqueurs des élections dans le sud du pays, et les démocrates-chrétiens flamands, qui ont remporté le scrutin dans le Nord, ont des programmes parfaitement compatibles sur le plan socioéconomique, ils ne parviennent pas à s’entendre sur les réformes institutionnelles. Pour corser le tout, le seul homme qui peut devenir Premier ministre, le démocrate-chrétien flamand Yves Leterme, multiplie les provocations ou les bourdes à l’encontre des francophones. Un jour, il entonne la Marseillaise lorsqu’on lui demande de chanter l’hymne national belge. Le lendemain, il propose d’acheter les francophones en leur donnant de l’argent pour qu’ils acceptent d’accorder plus d’autonomie aux régions. Dans son palais, le roi Albert II ne sait plus à quel saint de vouer : après avoir nommé un « informateur », puis un « formateur », il s’est rabattu sur un « explorateur » qui semble s’être perdu dans la jungle institutionnelle belge. « Si j’étais le roi, je commencerais à m’inquiéter », écrit Luc Vanderkelen, l’éditorialiste – très modéré – du journal Het Laatste Niews, qui est le plus lu dans le pays. Il semble avoir raison : plus la crise politique se prolonge, plus l’opinion publique flamande se radicalise. À la question, posée dans un sondage de son quotidien, de savoir s’ils pensent que la Belgique va disparaître, 65,6 % répondent par l’affirmative et 46,1 % le souhaitent. Yves Leterme doit devenir Premier ministre pour 60,4 % d’entre eux, et les Flamands estiment que celui qui défend le mieux leurs intérêts est Bart de Wever, chef d’un petit parti indépendantiste allié aux démocrates-chrétiens flamands. Plus étonnant, quand on leur demande quelle doit être la priorité du prochain gouvernement, les Flamands répondent la réforme de l’État à 77,3 % – le chômage (6 %) ou la sécurité (1,7 %) arrivant très loin dans leurs préoccupations. Il n’est donc pas étonnant que la presse belge consacre quotidiennement des articles aux différents scénarios possibles pour un divorce pratiquement présenté comme inéluctable. La Belgique à vendre Un plaisantin a d’ailleurs mis la Belgique à vendre sur le site e-Bay et les enchères sont allées jusqu’à 10 millions d’euros, tandis que le dessinateur du journal Le Soir montrait hier un personnage exposant à Nicolas Sarkozy une carte de la France élargie à la Wallonie et à Bruxelles. « Bruxelles ne serait pas la capitale de la Flandre mais la Marseille du Nord », fait-il dire au président français. « Et la forme n’est pas vilaine », remarque son interlocuteur. Le Soir est d’ailleurs très inquiet. « Combien de temps allons-nous encore pouvoir nous supporter ? » demande son éditorialiste qui exhorte les hommes politiques à former rapidement un gouvernement pour gérer le pays tout en mettant sur pied une grande conférence chargée de réfléchir calmement pendant deux ans à l’avenir.
La durée de la crise politique belge, qui a atteint hier le cap des cent jours, radicalise l’opinion publique en Flandre, où près de la moitié des habitants revendiquent désormais leur indépendance.
Tous les journaux belges consacraient hier leur une à cette échéance symbolique dépassée sans espoir de voir une coalition se former à court terme, en tout cas pas avant la rentrée,...