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Les jeunes adultes entre 20 et 30 ans sont les plus touchés, selon les études « Une maladie qu’il faut traiter », préconise le psychiatre Oussama Dahdouh

Rencontre avec le docteur Oussama Dahdouh, un psychiatre, détenteur d’un MBA, qui se penche sur les troubles de l’addiction aux multimédias et qui insiste sur la nécessité de traiter rapidement ce problème qui pourrait avoir de graves conséquences. «On parle de troubles de la dépendance à l’Internet ou aux multimédias en présence de plusieurs symptômes, au moins trois, qui se manifestent de manière simultanée sur une période minimale d’un an », indique Oussama Dahdouh. Il explique que l’internaute passe « plus de temps que prévu » sur le net et « n’arrive pas à se déconnecter ». Il a constamment « besoin de se connecter davantage pour ressentir une satisfaction ». « Il néglige ses responsabilités, qu’elles soient scolaires, universitaires ou professionnelles. » S’il n’arrive pas à se connecter ou qu’il est loin de son ordinateur, il fait preuve d’une « grande anxiété » et présente des « symptômes d’agitation psychomotrice », comme le pianotage compulsif ou les mouvements répétés des doigts, « le sevrage étant difficile ». Il est envahi d’« idées obsessionnelles » concernant son désir de se connecter, et ses rêves portent sur son obsession. Malgré son désir de résister, le cyberdépendant va continuer à s’enfoncer dans son addiction. Quant à celui qui est « accro du chat ou des sites de rencontres, il présente aussi des troubles relationnels sous-jacents », observe le psychiatre, ajoutant que « l’utilisation excessive d’Internet cache souvent une phobie sociale », selon les psychologues. Il remarque à ce propos que « les relations virtuelles sur Internet sont plus simples qu’un face-à-face ». Distinguer entre dépendance et trouble de la dépendance Certes, tient à préciser le psychiatre, « nombre de cyberdépendants ne présentent pas de troubles majeurs de la personnalité ». À ce sujet, Oussama Dahdouh tient à établir une distinction entre la dépendance à Internet, qui est l’utilisation excessive de l’Internet au détriment du bien-être, et le trouble de la dépendance à Internet, qui « présente des conséquences graves, car il peut mener à l’isolement, à l’émergence d’une réelle phobie sociale, à la dépression même, sans oublier qu’il peut conduire à l’interruption des études scolaires ou universitaires et affecter sérieusement la vie socioprofessionnelle ». Vu l’ampleur du phénomène, nombre de travaux se penchent aujourd’hui sur le sujet. Le trouble de la dépendance aux multimédias n’est toujours pas reconnu comme une pathologie par le monde médical, mais il est traité par les psychiatres en tant que tel. « C’est une maladie qu’il faut traiter comme telle », estime le docteur Oussama Dahdouh, formel, précisant que la psychiatrie tente de l’inclure dans le DSM-V (livre critère de diagnostics pour classifier les pathologies psychiatriques). Mais quelles sont les populations à risque ? Quels sont les âges où les internautes sont les plus vulnérables ? Contrairement à certaines idées préconçues, « ce ne sont pas les adolescents qui sont les plus accros à Internet, mais plutôt les jeunes adultes, entre 20 et 30 ans », remarque-t-il. « Quant à la dépendance la plus courante, elle se situe au niveau du chat, selon les études », ajoute le médecin. Il précise aussi que ces jeunes adultes sont généralement « étudiants dans des spécialités difficiles et recherchent dans le chat des opportunités de rencontres qui leur permettent de dépasser leur timidité dans l’anonymat le plus total ». Retard scolaire, isolement et déprime Il ajoute qu’au départ, les hypothèses estimaient que la dépendance portait sur les sites à caractère sexuel, estimant que cette hypothèse a été rapidement infirmée. Quant au nombre d’heures hebdomadaires de connexion, comme critère de détermination du trouble de la dépendance, il ne semble pas entrer en jeu, selon le psychiatre. « Certaines études ont parlé d’un seuil de 40 heures par semaine, d’autres de 160 heures », observe-t-il, précisant que « ce sont les conséquences et les influences néfastes qui sont le critère de définition de ce trouble, et non pas le temps ». Quant à l’attitude à adopter face à la dépendance, elle doit se faire « sans faux pas », estime le Dr Dahdouh, précisant que « la détérioration sociale et professionnelle de la personne est le critère d’alerte ». Il conseille ainsi aux parents des adolescents d’être « vigilants en cas de retard scolaire de leur enfant » et de chercher la cause d’un tel retard. « Ce qui doit aussi les alerter, c’est l’isolement de leur enfant ainsi que l’apparition d’une déprime », ajoute-t-il. Appelant les parents à « ne pas avoir recours à des mesures inhibitrices ou à des méthodes agressives », s’ils constatent que leur enfant passe trop de temps sur le net, comme faire disparaître l’ordinateur ou débrancher la connexion à Internet, il les invite plutôt à lui trouver « une activité palliative, qui intéresse l’enfant et prenne le relais ». Avoir recours à un spécialiste Si les résultats sont positifs, les parents devraient poursuivre sur la même voie, mais au cas où les résultats scolaires de l’enfant continuent de chuter et que sa déprime et son anxiété persistent ou augmentent, Oussama Dahdouh préconise le recours à un spécialiste, car ces symptômes indiquent que l’enfant a atteint le stade du trouble de la dépendance. « À ce stade, la prise en charge par les parents peut être néfaste, car elle risquerait d’aggraver l’état de dépression ou d’anxiété dans lequel se trouve le jeune », note-t-il à ce propos. Quant au moyen de traiter les troubles de la dépendance à Internet, il repose sur deux sortes de thérapies, observe le psychiatre. « D’une part, une thérapie comportementale et cognitive, et d’autre part, un traitement par antidépresseurs. » « Il faut considérer ce trouble comme une maladie, de même que l’addiction à la drogue ou aux jeux de hasard », tient-il à préciser, tout en appelant les parents à ne pas laisser les enfants traîner dans cette maladie, mais à la traiter en utilisant l’aide d’un psychologue, d’un psychanalyste ou d’un psychiatre. Est-il possible de prévenir la dépendance à Internet ? Certes, en cultivant chez l’enfant la culture de la recherche et en limitant l’utilisation d’Internet à des sujets bien définis dès le départ. Mais, ajoute le Dr Dahdouh, « Internet est un sujet encore nouveau et nous n’avons pas suffisamment de recul concernant l’évolution de la dépendance, ses origines ou ses raisons, ou le temps nécessaire pour dépasser le stade de la dépendance »... De nombreuses études se penchent aujourd’hui sur le sujet, dans l’espoir que les jeunes adultes, les adolescents et leurs parents trouvent réponses à leurs interrogations.
Rencontre avec le docteur Oussama Dahdouh, un psychiatre, détenteur d’un MBA, qui se penche sur les troubles de l’addiction aux multimédias et qui insiste sur la nécessité de traiter rapidement ce problème qui pourrait avoir de graves conséquences.
«On parle de troubles de la dépendance à l’Internet ou aux multimédias en présence de plusieurs symptômes, au moins...