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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE La grande vadrouille

Trente-cinquième semaine de 2007. C’est gentil, ça , pareille abnégation ; ces retentissants qui cède, cède au profit du Liban et ce que je propose n’est absolument pas la victoire d’un camp sur un autre (cela fait pourtant trois mois qu’on lui dit, au verrouilleur en chef de la Chambre, chaque jour, qu’on ne peut privilégier, au Liban, que la logique du ni vainqueur ni vaincu)... Surtout, ce n’est pas trop tôt. Se rendre enfin compte de la nécessité d’en finir avec ce camping-mascarade du centre-ville, reconnaître que la banqueroute est imminente, que la discorde, cette fetné que tout le monde s’amuse à cuisiner à mille et une sauces, n’est jamais bien loin : voilà certes un sursaut de conscience bienvenu, mais tellement incomplet, quand on pense à tout ce qui reste, du kidnapping institutionnel aux tergiversations pour que vérité et justice se fassent en passant, d’abord et surtout, par la purulence, et l’hypertrophie quotidienne et polymorphe d’un État dans l’État. Néanmoins, le toujours prompt à tirer, toutes circonstances confondues, ses marrons du feu, Nabih Berry himself, a réussi (il a été se balader au fin fond de la Békaa pour le faire) un joli straight flush : celui d’avoir lancé la balle dans le camp de la majorité, avec tout ce que cela entraîne, chez lui ou chez d’autres, comme chimères de retournement de situations, comme fantasmes de je vais briser la cohésion du 14 Mars. L’initiative du chef d’Amal pourrait permettre d’accélérer sérieusement le processus constitutionnel, à condition toutefois que les choses soient parfaitement nettes et claires, que son coup de Baalbeck ne finisse pas en coup de Jarnac : il propose que soit oublié l’élargissement du gouvernement (il n’a pas prononcé une seule fois les mots tiers de blocage) à condition que la majorité accepte le quorum des deux tiers et un dialogue autour d’un président consensuel. Certes. Mais après ? Et si l’opposition, autour de la table, exigeait de nouveau cette minorité de garantie, jamais viable surtout à l’aune d’un président consensuel ? Et si elle était déterminée à imposer dans la future feuille de route du successeur d’Émile Lahoud, des clauses totalement antinomiques avec la résurrection et le renforcement de l’État ? Sans oublier que cet épithète, consensuel, est d’une élasticité folle : n’importe qui, à quelques exceptions près, peut devenir consensuel dès lors que ses priorités, ses annonces-programme, sa capacité à préserver la Constitution et appliquer la loi sont reconnues et acceptées par tous. Reste ce que Nabih Berry a oublié de révéler, dans ce fief éminemment hezbollahi de Baalbeck : c’est le modus operandi en tant que tel ; ce sont les intentions de l’opposition, son degré de bonne foi ; c’est sa capacité à assimiler la quintessence même de la démocratie : l’alternance ; parce qu’alternance il doit y avoir et qu’alternance il y aura… Reste ce qu’il a omis de préciser : pourquoi maintenant ? Pourquoi ce renoncement – pas un jour ne passait sans que mille et une voix de l’opposition, sans la moindre peur du ridicule, continuaient à exiger, à J - 25, la formation d’un gouvernement d’union nationale ? Est-ce un supposé signe de supposée bonne volonté de la part de Damas, sans les objurgations duquel le chef d’Amal ne fait pas le moindre pas, à l’égard, entre autres, de Nicolas Sarkozy ? Est-ce la concrétisation d’une sérieuse avancée dans les négociations saoudo-iraniennes (Saad Hariri est à Djeddah…) ? Est-ce les effets bénéfiques de la réunion, cette semaine, entre Yankees, du tandem Berry-Feltman ? Et quid du Hezbollah et du CPL – dans quelle mesure acceptent-ils que le président de la Chambre se fasse leur porte-parole ? Il n’empêche : force (majeure) est de noter que le discours-rave de Baalbeck de Nabih Berry, à qui l’on doit une gentille allusion, hier, à L’Orient-Le Jour, lui a donné l’occasion inédite et idéale d’exhiber aux tympans du monde sa toute nouvelle acquisition : pour la première fois de sa (longue) carrière, du moins aussi distinctement, aussi ostentatoirement et avec une fierté certaine, proche de celle qu’il a dû ressentir au tout début de ce millénaire sur le perron de Bkerké (de très courte durée, la fierté : il s’est vite fait taper sur les doigts et tirer les oreilles par Assad fils), pour la première fois donc, le n° 2 de l’État a utilisé et magistralement repris à son compte, se l’appropriant même avec une maestria sidérante, le plus 14 Mars des slogans : un président de la République made in Lebanon. Si c’est pas beau, ça… Aux leaders du 14 Mars, maintenant, et avant le retour à Beyrouth de Saad Hariri, de répondre d’une seule voix à l’initiative de celui qui a pourtant si souvent déçu leurs espoirs ; d’y répondre avec l’esprit le plus positif qui soit, mais aussi une fermeté d’acier, en n’oubliant jamais leurs constantes, leurs chevaux de bataille, les impératifs d’une bataille commencée il y a deux ans et qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, les exigences de cette libanisation qu’ils évoquent tous à longueur de communiqués. Il ne faut jamais oublier l’art suprême de Nabih Berry : constamment se faire plus royaliste que le roi – et il en reste toujours, et pas des moindres, à pleurnicher, hurler, menacer, rabâcher que la communauté chiite est la plus mal nantie dans la distribution du pouvoir ; cette bonne blague… Ziyad MAKHOUL

Trente-cinquième semaine de 2007.
C’est gentil, ça , pareille abnégation ; ces retentissants qui cède, cède au profit du Liban et ce que je propose n’est absolument pas la victoire d’un camp sur un autre (cela fait pourtant trois mois qu’on lui dit, au verrouilleur en chef de la Chambre, chaque jour, qu’on ne peut privilégier, au Liban, que la logique du ni vainqueur ni...