Maintenant que les affrontements de Nahr el-Bared semblent tirer à leur fin, après s’être prolongés pendant plus de trois mois, un nouveau problème se profile à l’horizon. Il se situe essentiellement dans certains quartiers de Tripoli, où les habitants préfèrent de plus en plus rester chez eux ou se cantonner dans leurs quartiers pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Car, selon...
Actualités - ANALYSE
Après Nahr el-Bared, la tension monte à Baal Mohsen...
le 01 septembre 2007 à 00h00
Maintenant que les affrontements de Nahr el-Bared semblent tirer à leur fin, après s’être prolongés pendant plus de trois mois, un nouveau problème se profile à l’horizon. Il se situe essentiellement dans certains quartiers de Tripoli, où les habitants préfèrent de plus en plus rester chez eux ou se cantonner dans leurs quartiers pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Car, selon les habitants eux-mêmes, plusieurs membres de Fateh el-Islam qui avaient réussi à fuir assez tôt le camp de Nahr el-Bared se seraient réfugiés à Tripoli avec leurs familles. Si, pour l’instant, ils gardent un profil bas, nul ne sait quand cela pourrait changer.
Mais aujourd’hui, c’est surtout une éventuelle scission de la communauté alaouite, installée depuis des années dans le quartier de Baal Moshen, qui inquiète les habitants. D’abord parce que Baal Mohsen n’a cessé de s’étendre au fil des années et ensuite parce que les alaouites se sont intégrés au tissu social du Liban-Nord. Depuis l’accord de Taëf, ils ont d’ailleurs deux députés au Parlement libanais, l’un pour le Akkar, où une forte communauté alaouite s’est installée dans la région dite du Sahel, l’autre à Tripoli.
Dans les années soixante et soixante-dix, les Syriens avaient encouragé l’installation au Liban des alaouites, venus en principe y travailler comme main-d’œuvre. C’était d’ailleurs le frère de l’ancien président Hafez el-Assad, Rifaat, qui avait été à l’origine de cette démarche, et les alaouites venaient pour la plupart de la région alaouite de Syrie, où Rifaat recrutait ses hommes. Ces alaouites s’étaient d’ailleurs concentrés à Baal Mohsen, tout près du camp palestinien de Beddawi. Pendant les premières années de la guerre civile, ils avaient même participé aux combats contre les sunnites de Tripoli, et seul le déploiement des troupes syriennes dans la ville avait permis de mettre un terme aux combats entre les deux camps, qui n’ont d’ailleurs jamais cessé de se vouer une certaine animosité.
Tout au long de la présence de la tutelle syrienne, les alaouites du Liban-Nord n’ont cessé de se renforcer et sont devenus au fil des années une partie intégrante du tissu social de la région.
Mais après le départ des troupes syriennes, qui est arrivé comme un miracle dans cette région depuis si longtemps placée sous tutelle, la communauté alaouite a un peu perdu ses repères. Les chefs de file traditionnels ne savaient plus où se placer. C’est alors que le Courant du futur est intervenu et a raflé les deux sièges alaouites du Parlement, occupés désormais par Moustapha Ali Hussein (pour le Akkar) et Badr Wannous (pour Tripoli).
Mais avec les développements de Nahr el-Bared et la pression exercée sur les gens du Akkar dont la plupart des militaires tués au cours des combats sont originaires, Moustapha Ali Hussein a préféré se retirer du bloc du Courant du futur et se présente désormais comme un indépendant, tout en défendant « la résistance » dans les interviews qu’il a accordées depuis son retrait. Par contre, la situation des alaouites de Tripoli est plus complexe. Les partisans de l’ancien député Ali Eid, jadis proche des SR syriens, s’inscrivent dans la mouvance de l’opposition et se rapprochent de la position de Moustapha Ali Hussein. Ils cherchent même à pousser le second député alaouite Badr Wannous à suivre l’exemple de son « collègue ». Par contre, le fils de Rifaat el-Assad, Ribal, chercherait, lui aussi, à se constituer une force dans la région par le biais de l’association de bienfaisance al-Foursane. Selon des sources proches de l’opposition à Tripoli, cette association a multiplié ces derniers temps les opérations de recrutement de jeunes parmi les alaouites. Les partisans de Ali Eid ont protesté auprès des autorités, et celles-ci ont déclaré que l’association détient une licence légale et peut donc procéder à des recrutements, les forces de l’ordre n’ayant aucun motif légal pour l’en empêcher.
Les partisans de Ali Eid ont alors décidé de passer à l’action et ont attaqué une des permanences de l’association à Baal Mohsen, allant même jusqu’à y mettre le feu. Les forces de l’ordre sont aussitôt intervenues et ont procédé à des arrestations, huit au total. Depuis, les deux parties se lancent des accusations et se livrent à une véritable guerre verbale.
La polémique entre elles s’envenime, et la région de Baal Moshen s’est transformée en poudrière, les jeunes gens des deux parties se lançant régulièrement des menaces réciproques. Chaque partie ayant aussi des prolongements à Tripoli même, la tension s’étend ainsi à d’autres quartiers, et les différentes parties concernées cherchent à la circonscrire en multipliant les appels au calme et en demandant à la justice de suivre son cours.
Mais en toile de fond, c’est le même clivage qui se profile, et les premières conséquences sont un surplus de divisions et de conflits...
Scarlett HADDAD
Maintenant que les affrontements de Nahr el-Bared semblent tirer à leur fin, après s’être prolongés pendant plus de trois mois, un nouveau problème se profile à l’horizon. Il se situe essentiellement dans certains quartiers de Tripoli, où les habitants préfèrent de plus en plus rester chez eux ou se cantonner dans leurs quartiers pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Car, selon...
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