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Turquie - L’ex-islamiste a prêté serment juste après le vote au Parlement Abdullah Gül, élu président, s’engage à défendre la laïcité

Le nouveau président turc Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste, a prêté serment hier et juré fidélité à la République laïque peu après avoir été élu par le Parlement, en dépit de l’opposition des défenseurs de la laïcité les plus sourcilleux. M. Gül a recueilli le soutien de 339 des 550 députés au Parlement, dominé par son Parti de la justice et du développement (AKP), bien au-delà de la majorité absolue de 276 voix requises pour être élu. Aux deux premiers tours la semaine dernière, une majorité des deux tiers des suffrages, soit 367 voix – que M. Gül n’a pas réunie –, était nécessaire. « Je jure devant la grande nation turque (...) d’être fidèle à la démocratie et à la République laïque (...) et d’accomplir mon devoir impartialement », a déclaré le nouveau président, lisant devant les députés un texte inclus dans la Constitution. Les deux fils de M. Gül, Ahmet Münir et Mehmet, étaient présents dans l’hémicycle au moment du serment, mais pas son épouse Hayrünnisa, dont le voile islamique est perçu par le camp laïque comme une expression de défiance de la laïcité. La cérémonie a été suivie d’un discours au cours duquel M. Gül s’est engagé à défendre la laïcité. « La République turque est un État démocratique, laïque et social basé sur l’État de droit (...) je travaillerai avec détermination pour protéger et renforcer tous ces principes », a-t-il déclaré. Le nouveau président, qui avait activement œuvré en tant que chef de la diplomatie à l’ouverture de négociations d’adhésion, en 2005, entre la Turquie et l’Union européenne (UE), a également appelé à la poursuite des réformes requises par le processus d’adhésion. « Nous devons mener ces réformes non pas parce que d’autres le demandent, mais parce que notre peuple en a besoin », a-t-il dit. La Commission et le Parlement européens ont salué l’élection de M. Gül, qui donnera selon eux un nouvel élan aux négociations d’adhésion de la Turquie. Washington a également salué l’élection de M. Gül, estimant qu’elle s’inscrivait dans la continuation du développement démocratique de la Turquie. L’élection de M. Gül est perçue comme une victoire de l’AKP sur les tenants les plus intransigeants de la laïcité, soutenus par l’armée, qui avaient bloqué au printemps une première candidature du chef de la diplomatie. Les détracteurs de l’AKP affirment qu’il a pour ambition secrète d’islamiser le pays et que son accession à la présidence lui permettra de neutraliser plusieurs institutions de contrôle de l’action gouvernementale. À la veille du vote, le chef de l’armée turque a dénoncé des « foyers du mal qui essayent systématiquement d’éroder la structure laïque du pays ». « Les forces armées turques ne feront pas de concessions (...) dans leur devoir de garder la République turque, un État laïc et social fondé sur l’autorité de la loi », a poursuivi le général commandant l’état-major, Yasar Büyükanit. Les débuts de M. Gül à la présidence risquent d’être difficiles. Porte-étendard du camp laïque, le Parti républicain du peuple (CHP) a déjà prévenu qu’il examinerait à la loupe les faits et gestes du nouveau président. Dans un climat de tension alimenté par des manifestations géantes contre l’islamisme et une déclaration de l’armée qui menaçait d’intervenir en cas de remise en cause de la laïcité, l’opposition a bloqué au printemps une première candidature de M. Gül en boycottant le scrutin, empêchant le Parlement de réunir son quorum. Mais les élections législatives convoquées le 22 juillet pour sortir de l’impasse ont débouché sur une large victoire de l’AKP.

Le nouveau président turc Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste, a prêté serment hier et juré fidélité à la République laïque peu après avoir été élu par le Parlement, en dépit de l’opposition des défenseurs de la laïcité les plus sourcilleux.

M. Gül a recueilli le soutien de 339 des 550 députés au Parlement, dominé par son Parti de la justice et du...