En Allemagne, où le négationnisme est un délit passible de prison, les réactions ont été extrêmement mordantes, un éminent théologien, Hermann Höring, allant hier jusqu'à recommander au pape de démissionner. « Si ce pape veut faire du bien à l'Église, il doit quitter ses fonctions. Ce ne serait pas un scandale : un évêque doit remettre son poste à disposition à 75 ans, un cardinal perd tous ses droits à 80 ans. On ne voit pas pourquoi précisément le pape (qui a 81 ans) ne pourrait pas se tenir à ces règles sages », a-t-il dit au journal Tageszeitung (gauche). « Il y a très clairement une perte de confiance » dans le pape, « réhabiliter un négationniste est toujours une mauvaise décision », a dit de son côté l'évêque de Hambourg Werner Thissen, dans le Hamburger Abendblatt. L'évêque de Rottenburg-Stuttgart, Gebhard Fürst, a pour sa part fait état « d'incertitude, d'incompréhension et de déception » dans le Bild d'hier.
À Paris, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a dénoncé dans une interview au Monde les propos « abjects » de Mgr Williamson. Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel les avait qualifiés dimanche d'« inacceptables, abjects, intolérables ».
En Autriche, le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, a critiqué la réintégration de Mgr Williamson, soulignant que « celui qui niait la Shoah ne pouvait être réhabilité au sein de l'Église ». À Bruxelles, le quotidien La Libre Belgique parle « d'aveuglement » et de « surdité » du Vatican et n'hésite pas à faire un rapprochement entre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et Mgr Williamson : « Personne apparemment ne peut faire entendre raison au président iranien et à ses sbires » quand ils nient « la réalité » de l'Holocauste « ou son ampleur » et c'est bien ce que fait aussi « l'évêque nouvellement adoubé par la plus haute autorité de l'Église catholique », écrit le journal.