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Candidatures et amendement : le double barrage de Meerab

À travers la récollection de Meerab initiée par Samir Geagea, les loyalistes chrétiens développent une tactique de barrage. Face aux visées de postulants, potentiels ou déclarés, n’appartenant pas au camp du 14 Mars. En même temps, le rassemblement se propose de réduire à deux ou trois la liste de ses propres prétendants au trône. Pour en augmenter les chances, tout comme pour faciliter le choix final de l’ensemble du front. Dont une frange, il convient de le souligner, prend la tangente. C’est-à-dire, jugeant d’avance qu’il serait aussi impossible pour le 14 Mars que pour le 8 de décrocher la présidence, ces cadres militent pour un président d’entente, de compromis et de consensus. Ils savent, disent-ils, que le président qui sortirait alors des urnes ne saurait répondre vraiment aux aspirations des vrais Libanais. Mais, comparé au vide institutionnel, ce serait encore un moindre mal, à leurs yeux. D’autres modérés, ou mous, du même camp mettent en garde le 14 Mars contre tout engagement précipité. Ils soulignent qu’il ne devrait pas se lier les mains lui-même, mais garder une marge de dégagement. D’autant que nombre de ses pôles ont fait savoir qu’ils approuvaient l’idée d’un président d’entente. L’amendement Un autre barrage de Meerab dans la foulée : s’opposer à une éventuelle tentative d’amender encore une fois la Constitution. En faveur du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, ou du gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé. On sait en effet le peu de cas que l’on a fait sous la tutelle syrienne des dispositions de la Loi fondamentale, qui stipule (art. 49) que « magistrats et fonctionnaires de première catégorie (…) ne peuvent être élus quand ils sont encore d’active. Ni même durant les deux années qui suivent leur démission, la cessation effective de leurs activités officielles ou leur départ à la retraite ». Pour M. Lahoud, par exemple, on avait fait le plein : on l’avait maintenu après délai à la tête de l’institution militaire, puis on l’avait bombardé, parachuté président. À dire vrai, ce but précis contrariant semble plus facile à atteindre, pour la majorité, que l’avènement de l’un des siens. On sait en effet que le patriarche Sfeir, concerné au premier chef par l’échéance, s’oppose fermement à un amendement de la Constitution à des fins personnelles. Tandis que pour ce qui est du choix du prochain président, il ne se prononce pas directement, se contentant de prôner la référence à des critères de sélection basés sur la promotion des constantes nationales. Indépendance en tête, mais équilibres aussi. Quoi qu’il en soit, Geagea n’entend pas rester inactif et dormir sur de premiers lauriers. Selon des sources fiables, il œuvre en effet pour rassembler tous les chrétiens du 14 Mars, en vue d’un accord sur une feuille de route précise et sur les mécanismes à suivre aux fins d’assurer la tenue effective de la présidentielle. Les loyalistes redoutent que la séance, qui requiert un quorum des deux tiers, ne soit torpillée par l’opposition, et que l’on débouche sur la formation d’un deuxième gouvernement. C’est-à-dire sur une partition de facto. Blocage Ces craintes se fondent sur les témoignages concordants des visiteurs de Damas qui confirment que le régime syrien privilégie le torpillage, tant qu’il n’a pas décroché de bazar régionalo-international incluant le cas libanais. Cela à la lumière de tractations globales avec les États-Unis. Cette orientation de sape est confirmée, comme on sait, par Mohammad Raad. Le chef du bloc parlementaire hezbollahi exige un cabinet d’union avec tiers de blocage avant l’échéance présidentielle, serait-ce d’une demi-heure. Dès lors, l’opposition ne prête en pratique aucune attention à l’élection et s’épargne le souci de sélectionner des candidats, sa position restant ambiguë. À savoir qu’elle se dit favorable à Aoun, mais sans officialiser ce soutien. Sur lequel du reste les dirigeants du Hezbollah et d’Amal ne pipent mot. Le général lui-même réclame d’ailleurs le cabinet d’abord. Tout en se déclarant candidat, il ajoute qu’il faut élire un programme, non une personne. Bien entendu, en tant que postulant, il s’oppose, lui aussi, à un amendement de la Constitution permettant à de hauts fonctionnaires de lui faire concurrence. Il doit entamer sa campagne par une réunion regroupant chez lui Mekhitarian et Pakradounian, du Tachnag, Michel Murr, Élias Skaff et Sleimane Frangié. L’optique est de mettre l’accent sur le fait que le général se considère toujours comme un candidat de consensus, non comme le représentant du 8 Mars, dont il ne fait pas partie, même s’il est dans l’opposition et qu’il soit lié au Hezbollah par un pacte. Six Du nouveau du côté de Baabda ? Un peu, sans doute. M. Émile Lahoud continue à soutenir qu’il ne confiera pas les rênes à un gouvernement « illégitime et illégal », entendre à l’équipe Siniora. En raison des circonstances que traverse le pays, il veut user, dit-il, de ses prérogatives constitutionnelles, ainsi que des pouvoirs que lui confère la loi de la défense nationale, en tant que président du Conseil national de défense. Cela pour épargner au pays le risque de tomber dans le vide institutionnel. Pour tout dire, selon ses visiteurs, M. Lahoud projette désormais de former un gouvernement transitoire de six, qui aurait pour mission d’élaborer une nouvelle loi électorale en vue de législatives anticipées, produisant une Chambre dont la première mission serait d’élire le prochain chef de l’État. Le problème, le hic, c’est que ni la Constitution ni la loi sur la défense n’autorisent l’occupant de Baabda à former un gouvernement de son propre chef. Philippe ABI-AKL

À travers la récollection de Meerab initiée par Samir Geagea, les loyalistes chrétiens développent une tactique de barrage. Face aux visées de postulants, potentiels ou déclarés, n’appartenant pas au camp du 14 Mars.
En même temps, le rassemblement se propose de réduire à deux ou trois la liste de ses propres prétendants au trône. Pour en augmenter les chances, tout comme pour...