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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Le musée Maillol propose une grande exposition du photographe américain Weegee

Jusqu’au 15 octobre 2007, le musée Maillol des arts modernes expose une collection exceptionnelle de 228 photos prises par Weegee. En tant que journaliste, Weegee fut un témoin privilégié de sa ville et de son époque, le New York des années 30 et 40. Figure mythique du photojournalisme, Weegee (1899-1968) a travaillé pour les quotidiens new-yorkais autour de 1940, traquant le fait divers nocturne. À travers plus de 220 vintages de la collection Berinson, on découvre aussi, dans une ville violente et agitée, un regard plein de tendresse pour les enfants, les pauvres et les victimes du racisme. Usher Fellig, fils de rabbin, est né en Galicie, près de Lviv (actuellement en Ukraine). Son père émigre en 1906 aux États-Unis, rapidement suivi par sa femme et ses enfants. La famille, installée dans le Lower East Side de New York, connaît la pauvreté. Arthur Fellig (l’administration a changé son prénom) entre en 1921 au laboratoire photo du New York Times, puis à celui de l’agence photo Acme Newspictures. C’est là qu’il fait ses premiers reportages, pour dépanner. En 1935, il se met à son compte comme reporter. Il passe ses nuits dehors, à l’affût, dans un périmètre autour du commissariat central de Manhattan. Rapidement, celui qui se fait désormais appeler Weegee a le privilège de pouvoir capter la fréquence radio de la police dans sa voiture. Il arrive ainsi parmi les premiers sur les lieux du crime ou du drame. Dans le vaste coffre de sa Chevrolet légendaire, il entrepose tout son matériel, appareils et aussi labo. Ainsi, il peut avant le jour fournir des photos aux premières éditions des journaux, Herald Tribune, Daily News, Daily Mirror, New York Post, The Sun, World Telegram et New York Journal-American. Au milieu des années 1940, Weegee abandonnera le photoreportage et se tournera vers la pub et le magazine. Ce sont donc ces dix années du travail de Weegee (1935-1945) que couvre la collection de Hendrik Berinson. Pendant 20 ans, le galériste berlinois a cherché et sélectionné les plus beaux tirages d’époque, tous de la main du photographe. Le regard de Weegee sur le crime est extrêmement cru. Il flashe en gros plan des cadavres tout frais à l’expression épouvantée, le sang, un corps carbonisé dans un camion incendié. Au lendemain de la grande dépression, il photographie une ville noire et inquiétante, avec ses trottoirs jonchés de corps. Mais chez Weegee, l’humour n’est jamais loin. Au milieu d’une galerie de macchabées, une enseigne lumineuse nous dit « New York is a friendly town » (New York est une ville sympa). Comme de nombreux photographes après lui, Weegee a joué avec les inscriptions, qu’il détourne avec malice. Une personne a été tuée juste sous l’enseigne d’un théâtre qui joue Joy of Living (La joie de vivre). Le photographe coupe une inscription annonçant un « restaurant », promettant ainsi le « repos » (« rest » en anglais) à l’assassiné gisant juste devant. La ville dont il rend compte sait aussi être joyeuse. Ce sont des enfants hilares qu’il photographie sous le jet d’une bouche d’incendie. Dans la panique d’un immeuble en feu, les rescapés à moitié habillés sont plutôt comiques et réjouis d’être sauvés. Weegee affirme qu’en montrant la tête des malfrats, il « démasque littéralement leur noirceur d’âme ». D’où une série de personnages qui cachent leur visage au moment de leur arrestation, ou de gangsters aux mines patibulaires, plus ou moins amochés. Mais ce sont parfois aussi des bandes de jeunes rigolards qu’il photographie au commissariat. Le sommeil, sorte de petite mort, est un autre sujet qu’affectionne Weegee, d’une cellule de dégrisement bondée aux escaliers de secours où des enfants passent la nuit par temps de canicule. Ayant connu la misère, Weegee a une attention particulière pour les plus pauvres, clochards qui dorment dans des cartons ou se réchauffent les mains sur un brasero, miséreuse qu’il met en scène face à deux richissimes à la porte de l’opéra. Vingt ans avant les luttes pour les droits des Noirs, il a toujours dénoncé la discrimination. Un des rares photographes blancs à être admis à Harlem, il photographie les Noirs en fête ou en train de se faire arrêter. Weegee semble aussi avoir une tendresse particulière pour les marginaux, nains, clowns et travestis qui, derrière son objectif, ne sont jamais monstrueux mais infiniment humains. La collection Berinson est passionnante, car elle offre une vue très large de l’œuvre de Weegee, bien au-delà des simples scènes de crime.
Jusqu’au 15 octobre 2007, le musée Maillol des arts modernes expose une collection exceptionnelle de 228 photos prises par Weegee. En tant que journaliste, Weegee fut un témoin privilégié de sa ville et de son époque, le New York des années 30 et 40.
Figure mythique du photojournalisme, Weegee (1899-1968) a travaillé pour les quotidiens new-yorkais autour de 1940, traquant...